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Présidentielle camerounaise : sortir du double langage ou servir de faire valoir (4ème partie)

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Message  aux candidats de l’opposition,

Par Jean Baptise SIPA

 En finir avec le «qui perd gagne»

L’idée d’une synergie d’action des candidats de l’opposition dans le contexte d’une élection présidentielle à un tour, dans un pays où le tenant du pouvoir est candidat à sa succession
Jean Baptiste Sipa.

Le problème, c’est que s’il est facile de dire « unissez-vous », ou «nous allons nous unir», il faut reconnaître que d’avoir attendu la convocation du corps électorale pour s’apercevoir de la nécessité d’une concertation, c’est un peu engraisser son porc le jour du marché. Pourtant, à un mois du scrutin, il n’est pas trop tard pour écouter le peuple électeur quand il promet d’aller massivement aux urnes seulement si l’opposition a un seul candidat.  Peut-être faudrait-il qu’au moins quelques-uns se souviennent de l’expérience de l’Union pour le changement en 1992, même si les résultats sortis des urnes, comme en 1960, confirmeront que la seule règle du système électoral camerounais, c’est le « qui perd gagne».

De manière générale, les électeurs se satisfont mal des déclarations d’intention des candidats après la validation des candidatures, et attendent que concrètement,  « leur » opposition parle enfin d’une seule voix, non pas pour fusionner leurs idéologies –ce qui n’est pas nécessaire pour rétablir les règles justes du jeu politique et qui serait d’ailleurs impossible – mais pour s’accorder sur un programme minimal de transition, d’un ordre totalitaire ou autocratique acquis, vers un ordre démocratique réel  à établir, donnant à tous l’égalité de chances dans un Etat de droit.

Ceux qui veulent le pouvoir pour apporter une alternative au système qui continue de nous assujettir depuis la fin simulée de la colonisation, ont trois hypothèses d’action relativement au scrutin présidentiel 2018, sur la base conceptuelle qu’un régime est une forme de gouvernance, qu’une alternance est le remplacement de la forme en vigueur par une nouvelle, et qu’une transition est une étape passagère et préparatoire à l’alternance. 

  • Dans un régime de transition (intermédiaire ou préparatoire) nécessaire entre l’ancien régime et son alternative, on rompt avec l’ancien régime et on consacre une durée à la création des conditions d’instauration d’une alternative  plus démocratique par exemple. C’est une solution qui change à la baisse, la nature et la durée du mandat.
  • Dans ce que nous appellerons alternance transitionnelle. L’élu peut opter pour l’exercice normal d’un mandat axé sur un programme de changement évolutif (auquel il peut, à travers un gouvernement d’union, associer  d’autres partis ou organisations para-politiques (OSC, leaders d’opinion…).

Ces 2 hypothèses peuvent fonder une coalition si les membres ont sincèrement renoncé à leur démarche solitaire dans l’intérêt bien compris de la nation. Le plus douloureux pour chacun sera de s’accorder avec les autres sur le nom du pilote du programme commun ; c’est-à-dire du candidat consensuel, et ensuite de s’engager sur l’honneur au respect d’une convention ad hoc.

  • La troisième hypothèse est celle du statu quo, qui est  une évidence en cas de défaite de l’opposition. Car dans ce cas, bien que le champion du parti au pouvoir ait la latitude de « couper l’herbe sous les pieds » de ses opposants, par une alternative transitionnelle,  il peut rester dans sa logique de défiance résolue à l’égard des Camerounais. Il peut continuer à opposer l’Etat au peuple. L’opposition n’aura alors qu’à se remettre à l’ouvrage, après avoir pris la mesure de sa responsabilité dans le nouvel échec, soit pour préparer sa pulvérisation en 2019, soit pour se résigner enfin à une vraie stratégie de transition dont les scrutins de proximité lui donnent la chance providentielle l’an prochain.

Certes, il n’est pas évident que chacun des candidats visés en ait la volonté politique. Tous ont des convergences évidentes dont on peut citer au moins trois, et à partir desquelles ils peuvent bâtir une transition libératrice du pays à court ou moyen terme. Si à la mutualisation des moyens pour être représentés activement dans 35 000 bureaux de vote,  on ajoute  la production immédiate d’un Code électoral consensuel, et le dialogue national sur la forme de l’Etat et la cohésion nationale, c’est suffisamment fédérateur pour dégager une stratégie permettant au peuple lui-même de réaliser dès 2019, un changement dans les urnes. Et j’entends venir la question de qu’est-ce à dire ?

Sans préjudice de ce que des candidats eux-mêmes peuvent avoir convenu dans leurs tractations particulières,  il est dans l’ordre des possibilités que  les partenaires d’une alliance de gouvernement,  pour un exercice complet du mandat obtenu, décident de soutenir l’un d’entre eux, dans un cadre logique mutuellement accepté, aux fins d’une réforme participative, mais plutôt progressive des institutions

Mais, il serait de loin préférable que les candidats  soient dans une logique de  transition institutionnelle immédiate constituant le seul objet d’un mandat réduit à 3, 4 ou 5 ans maximum, durée présumée suffisante pour instaurer un nouvel ordre institutionnel national, mettant les citoyens à égalité des droits et devoirs, dans un Etat de droit. On peut penser que la durée qu’ils se seront donnée se terminera par la soumission au référendum d’une nouvelle constitution, et la réorganisation d’une élection présidentielle dans les nouvelles conditions plus démocratiques.

Pour la bonne opérationnalité d’une telle démarche, ils pourraient mettre sur pied au cours de leur concertation une structure opérationnelle consensuelle et permanente, pilotée par le candidat choisi par ses pairs, et cela qu’il gagne ou perde face au candidat-président. Une structure qui pourrait s’appeler « Coalition national de Transition » C’est d’ailleurs ce que suggèrent pour leur part la COACIC et Dynamique citoyenne. Mais,  c’est peut-être deux structures qui seraient nécessaires, la « Coalition nationale de Transition » conduisant la campagne électorale du candidat consensuel, le Conseil  de transition étant, lui chargé de la réflexion stratégique pour la mise en œuvre de la transition institutionnelle.

Cette dernière structure pourrait alors être ouverte aux leaders adeptes de la transition ne prenant pas part au scrutin présidentiel, et aux Organisations de la société civile. Elle servirait de laboratoire aux diverses réformes envisagées par leur éventuelle feuille de route.

A suivre…

Lire aussi :Présidentielle 2018 / Opposition camerounaise : sortir du double langage ou servir de faire valoir (1)

Présidentielle camerounaise : Sortir du double langage ou servir de faire valoir (2)

Présidentielle camerounaise : sortir du double langage ou servir de faire valoir (3ème partie)

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