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Présidentielle camerounaise : sortir du double langage ou servir de faire valoir (3ème partie)

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Message  aux candidats de l’opposition,

Par Jean Baptise SIPA

Un mandat de transition : pourquoi et comment ?

L’idée d’une synergie d’action des candidats de l’opposition dans le contexte d’une élection présidentielle à un tour, dans un pays où le tenant du pouvoir est candidat à sa succession
Jean Baptiste Sipa.

 Depuis 1958, le processus coutumier d’accès au pouvoir au Cameroun  n’a fait de toutes les procédures de vote qu’un leurre électoral. Il a ainsi été instauré entre 1958 et 1961 par les deux pouvoirs coloniaux français et anglais. Son objectif, parfaitement mis en œuvre depuis 70 ans, est d’empêcher radicalement l’accès au pouvoir de toute personne jugée indocile à l’égard des intérêts coloniaux, dont la protection est garantie par des accords secrets de « coopération » dont le contenu est souvent rappelé à nos dirigeants quand ils manifestent quelques velléités d’autonomie. Lire aussi :Présidentielle 2018 / Opposition camerounaise : sortir du double langage ou servir de faire valoir (1)

Comme peuvent l’attester la servitude économique et le blocage du processus démocratique du pays, ces  intérêts ont été et restent fidèlement défendus par le régime mandataire en place (que certains disent « panafricaniste»), depuis « une certaine indépendance », comme disait Michel Debré à l’époque, avec comme salaire son maintien au pouvoir contre le peuple, et des prébendes versées à ses hommes.

Si le 18 février 1958 l’administration coloniale française  manœuvre pour installer Ahidjo comme premier ministre (de l’autonomie interne) en remplacement d’André Marie Mbida, elle prend surtout les dispositions qu’il faut, pour l’ancrer durablement au pouvoir. C’est ainsi que le projet de Constitution qui est proposé aux Camerounais  par voie référendaire en janvier 1960, est une copie conforme de la Constitution française. Laquelle, selon le commentaire d’Ahidjo lui-même, « fait du Président de la République la Clé de voûte du système ». Il est rejeté sur l’ensemble du territoire par l’électorat. Mais l’administration territoriale du Nord Cameroun, encore aux mains des Français –comme beaucoup d’institutions au lendemain de  la fameuse indépendance – va manipuler les résultats pour que le « oui » l’emporte quand même(2). Comme par hasard, une disposition transitoire de cette Constitution qui donne alors son « ROI » à la «démocratie camerounaise », précise que la 1ère élection présidentielle sera effectuée par le Parlement. Et naturellement, comme en 1956, l’Union Camerounaise d’Ahidjo et ses alliés se donneront une majorité ad hoc à l’Assemblée nationale, avec l’aide des administrateurs coloniaux. Lire aussi :Présidentielle camerounaise : Sortir du double langage ou servir de faire valoir (2)

Ainsi, en feignant de partir (pour mieux revenir), la France a inauguré et laissé en héritage au pouvoir mandataire du Cameroun, un système électoral verrouillé par la fraude officielle, et qui reste exactement le même aujourd’hui, changeant simplement de couleurs comme le caméléon, en fonction des circonstances favorables ou menaçantes pour le régime et pour les intérêts du Maître.

En 1961 l’administration coloniale anglaise va conforter cet héritage par l’organisation machiavélique d’un référendum en deux circonscriptions au lieu d’une, qui aura pour résultat  programmé, l’amputation du West Kameroon de sa partie septentrionale au profit du Nigeria.  Donc, le système électoral frauduleux que dénoncent les Camerounais depuis le retour du pluralisme partisan en 1990, est une tradition bientôt séculaire, et nous savons tous que l’habitude est une seconde nature. Ce que le peuple, lui, semble ne pas comprendre, c’est l’apparente incapacité des opposants camerounais, (du moins ceux qui affirment rechercher une alternative à la domination coloniale), à tirer des effets produits par cet héritage, une leçon plus stratégique que ce qu’il faut bien nommer les « jérémiades ». C’est peut-être le lieu de saluer la naissance dans  notre espace politique, d’un Mouvement dénommé « AGIR », et dont il faut espérer qu’il puisse troubler les certitudes de ces « cathédrales d’égo » qui jonchent le paysage du leadership politique national.

Car, voici un système voulu perpétuel par ses fondateurs, et qui, au fil des ans s’est enrichi, jusqu’à offrir un champ électoral plutôt semblable à un ring de boxe, où la règle du jeu voudrait que le faux et illégitime détenteur du titre soit l’arbitre du combat, après avoir ligoté dans le dos, les bras de ses adversaires.

Est-il possible et sain, pour l’opposition camerounaise, de monter sur un ring avec les mains liées dans le dos (processus électoral verrouillé), pour boxer contre un adversaire qui est en même temps l’arbitre et l’organisateur du combat, et de qui on dit (un conseiller du RDPC) que  « tous les coups bas sont permis » ?

L’opinion publique nationale et étrangère semblent poser cette question aux 8 candidats de l’opposition obligés de tenir un double langage, pour expliquer qu’il n’est « pas évident de réussir tout seul à battre M. Biya, dans les conditions institutionnelles en vigueur », mais en même temps que s’ils y vont « chacun pour soi », ce n’est pas pour faciliter la victoire du candidat Biya.

Certains d’entre eux s’agacent quand les journalistes insistent sur l’exigence populaire d’une coalition pour présenter un seul candidat contre Paul Biya, et affirment  sans convaincre personne, peut-être même sans trop y croire eux-mêmes, que «Biya ne gagnera pas». Sans doute comptent-ils sur un miracle, puisque «le Cameroun est un pays béni des dieux» et de Dieu ! D’autres promettent sans calendrier, qu’ils vont se mettre ensemble, et on peut présumer que c’est vrai, même si chacun tente d’abord de se trouver quelques alliés chez ceux qui ont renoncé à la compétition, voire chez leurs concurrents. A moins qu’il s’agisse seulement de nous  rassurer… D’aucuns leur font aussi le mauvais procès  de préférer la marche solitaire, soit pour le gain d’argent qu’ils peuvent en tirer, soit pour  avoir à travers le résultat, un classement indicateur du niveau de leur influence dans le pays. Certes, c’est bien le droit de chaque candidat qui a trouvé 30 millions de francs pour son dossier. Mais la logique des électeurs c’est de ne pas bouger de chez soi, le 07 octobre,  si ce n’est pas pour un vote utile, synonyme d’alternance. C’est-à-dire pour donner leur vote à un candidat unique de l’opposition contre Paul Biya.

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