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Nkotti François : «J’invite nos jeunes artistes à valoriser notre patrimoine culturel quand ils vont ailleurs»

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Co-fondateur du célèbre groupe Black Styl, initiateur du concours Mutzig Star, Nkotti François, dit Desto souffle sur ses 50 ans de carrière cette année. Deux soirées privées seront organisées à l’occasion, soit le 19 mars 2021 à Douala et le 26 mars à Yaoundé. Autour de lui, le président d’honneur Roger Milla et Toto Guillaume en invité spécial.  Le digne fils de Souza qui traîne derrière lui, depuis le 15 février 2021, 70 piges, profitera des soirées suscitées pour dédicacer son autobiographie de 290 pages, ainsi qu’un coffret audio-vidéo. Vie culturelle, politique,  sociale…Nkotti François se raconte dans cette interview. (Valgadine TONGA)

 

Pourquoi avoir décidé de célébrer vos cinquante ans de carrière musicale ?

Déjà, je n’ai pas commencé l’organisation de mon anniversaire de carrière aujourd’hui. J’ai organisé dix, quinze, vingt ans. C’est d’ailleurs lors du 20e anniversaire de ma carrière que j’ai sorti « Benyengue ba Desto ». J’ai organisé les 30 ans ; il y a eu les 40 ans où notre illustre ainé aujourd’hui disparu, Manu Dibango, était le parrain. C’était toujours avec des spectacles grand public. Mais si j’ai choisi de le faire cette fois-ci en soirée privée, c’est surtout parce que je vais dédicacer le coffret et le livre. Ce sera lors de deux concerts dénommés soirées diner-gala-dédicace. Maintenant, si des promoteurs pensent que je peux faire un spectacle grand public ailleurs, je serai prêt à y participer.

Qu’aimeriez-vous qu’on retienne de vos cinquante ans de carrière musicale ?

Depuis les débuts, j’ai toujours essayé de faire bouger le mouvement culturel de notre pays. En 72, j’ai créé avec mes amis et frères Toto Guillaume, Emile Kangue, Lobe Yves, Mouelle Jean, le groupe Black Styl. J’ai contribué très fortement à la création de ce groupe qui a relancé le makossa qui était combattu à l’époque par des musiques venant de l’extérieur, des musiques zaïro-congolaise, américaine, française et autres. Avec la création de l’orchestre Black Styl, parce que nos grands frères Nelle Eyoum, Mouelle Guillaume, Ebanda Manfred et autres commençaient à s’essouffler, il fallait des jeunes pour prendre la relève. Et ce fut le cas des Black Styl.

Co-fondateur du célèbre groupe Black Styl, initiateur du concours Mutzig Star, Nkotti François, dit Desto souffle sur ses 50 ans de carrière cette année.
Les Black Styl

Et après les Black Styl ?

Après les Black Styl, j’ai continué à faire beaucoup de choses dans le domaine de la culture. J’ai parrainé les jeunes artistes. Je peux citer par exemple le feu Hoïgen Ekwalla qui était un de mes poulains. C’est moi qui l’ai emmené en France en 1982, l’année où j’ai sorti « Retrait’a mbamba ». Il y a l’artiste Salle John qui est bien sûr mon ainé, mais je suis son parrain dans la musique. C’est moi qui l’ai amené à faire professionnellement de la musique. J’ai fait enregistrer ses premiers morceaux, ses premiers disques, j’ai trouvé des producteurs pour lui, j’ai fait enregistrer ses musiques par l’orchestre Black Styl et quand il a commencé à avoir un nom, je lui ai dit qu’il pouvait voler de ses propres ailes. Belka Tobis, c’est à travers moi qu’il est artiste, il le dit à qui veut l’entendre. Ils sont très nombreux.

Lire aussi :Musique : Toto Guillaume veut passer le témoin

Belka Tobis justement, vous l’avez déniché lors d’une compétition musicale…

En effet. J’ai créé le Concours National de la Chanson, qu’on appelle Mützig Star aujourd’hui. C’était en 1989 auprès de l’International Brasseries du groupe Fotso, qui a été rachetée par la suite par les Brasseries du Cameroun. J’ai créé ce concours, j’ai tourné dans ce pays avec ce concept pour la sélection des jeunes talents et je dis même haut et fort que c’est à la période où j’administrais ce concours que les artistes ont été révélés. A la période où j’étais là, il y a eu des Longue Longue, Belka Tobis, Benji Mateke, Annie Disco, Faadah Kawtal, Rosy Bush, Bobe Yerima Afo Akom, même Tchop Tchop.

En plus de cette compétition, pourriez-vous nous parler d’autres évènements culturels ?

A l’époque, j’ai créé sur l’axe lourd Douala-Yaoundé la Foire musicale pour la prévention et la sécurité routière à Sombo (département du Nyong-et-Kellé, région du Centre) où avec des artistes, on descendait en route avec l’aide des gendarmes, on prodiguait des conseils aux usagers, on fabriquait des prospectus avec des slogans de la sécurité routière qu’on leur remettait. Cette pratique aujourd’hui n’existe plus. Je suis souvent malade quand j’apprends qu’il y a des accidents en route parce qu’à cette époque, les accidents avaient vraiment diminué. Et bien entendu, il y a le festival Fomaric. Dites-moi si au Cameroun il y a un évènement comme celui-là qui a déjà fait 28 ans. Il n’y a jamais eu de problèmes. Je travaille avec les jeunes. Le festival utilise pendant une année plus de cent jeunes. Il y en a qui trouvent le travail grâce à Fomaric et ceux qui sont toujours là. Comme on dit souvent, avant de demander à ton pays ce qu’il a fait pour toi, il faut d’abord te demander ce que tu as fait pour ton pays. Je crois que j’ai beaucoup fait.

A côté de vos œuvres artistiques, que retient-on de votre casquette d’homme politique ?

J’ai été maire de la commune de Bonaléa (département du Moungo, région du Littoral) pendant onze ans. J’ai un bilan élogieux. J’ai construit des écoles, des centres de santé, des ponts. J’ai trouvé un compte administratif à cette époque qui était de 25 millions F et un budget de moins de 60 millions F, mais je l’ai relevé. Au moment où je partais, le compte administratif était à plus de 300 millions F. je pense vraiment avoir beaucoup fait pour le Cameroun.

Vous avez commencé la musique bien avant 1971, pourquoi retenez-vous seulement cinquante ans ?

En effet, si je comptais toute cette période-là où je faisais de la musique dans mon village à Souza, je serais aux alentours de 60 ans de carrière. Mais j’ai commencé à compter à partir du moment où je suis devenu professionnel, au moment où M. Nkotti Augustin m’a accueilli dans son groupe. Mais je garde de très beaux souvenirs de cette période préprofessionnelle. A la fête de la jeunesse, on allait avec l’orchestre à la mission. Il y a même mon maitre de l’école de cette époque qui m’avait arraché ma guitare. Il m’a dit qu’il voulait lui aussi apprendre à jouer. Je me suis dit qu’il s’intéressait déjà à ma guitare, que c’est une bonne chose. Alors qu’il m’appâtait. Il a pris ma guitare, est parti avec. Deux semaines après, je la lui réclame. Il me demande de prendre une pièce d’argent et de la jeter dans le fleuve Wouri et voir si je peux la retrouver. J’ai compris. Un jour, ce maitre n’était plus enseignant. Il était devenu agent des postes et télécommunications à Edéa. On s’est croisés là-bas. Je suis venu faire un concert à la maison du Parti. Quand il a appris que c’est Nkotti, il est venu. Alors que je chantais, je vois quelqu’un monter sur la scène me coller 1000 F sur le front. Je regarde et je reconnais mon maitre du CM2, M. David. Je l’ai présenté à l’assistance et j’ai demandé à la salle d’applaudir pour lui. Et à la fin du spectacle, pendant que j’étais dans les coulisses, il est venu me demander pardon à genoux. Il n’avait pas cru que la musique pouvait me faire vivre. Je lui ai demandé de se relever, je ne le méritais pas. Il avait voulu que je devienne quelqu’un à travers l’école, mais mon destin était ailleurs.

Alors à cinquante ans de carrière musicale, quel regard posez-vous sur la musique camerounaise aujourd’hui ?

Nous sommes aujourd’hui dans la mondialisation. Les choses évoluent de jour en jour. Ce n’est pas seulement dans la musique. Les jeunes aujourd’hui ont adopté leurs rythmes que je ne pense pas être mauvais. Les gens de leur génération ont bien accueilli ces rythmes mais par rapport à la musique du terroir, pas seulement le makossa, mais aussi le bend skin, le bikutsi, le mangambeu et autres, j’invite nos jeunes, quand ils vont ailleurs, à garder à l’esprit que notre patrimoine musical, ce sont ces musiques. Le Cameroun a plus de 200 ethnies et de nombreux rythmes. Je conseille aux jeunes artistes de puiser à l’intérieur de ces rythmes là pour faire avancer la musique camerounaise. Ce que les uns et les autres font aujourd’hui, je ne vais pas le critiquer, parce qu’ils ont leurs fans et le makossa ou le bikutsi et autres ont toujours leurs fans aussi. C’est pour cela que j’encourage beaucoup Martino Ngalle qui est un jeune, qui lui suit plutôt les pas de notre génération. Il y a toujours beaucoup d’artistes qui sont dans le makossa. C’est pour ça que je refuse que les gens disent que le makossa est mort. Le makossa ne peut jamais mourir. Quand vous écoutez les Ndedi Eyango, Sergeo Polo, Belka Tobis, etc. les gens doivent arrêter de dire que le makossa est mort.

Comment l’Etat compte vous accompagner dans cette célébration ?

J’ai envoyé un dossier au président de la République. J’ai envoyé un dossier au Premier ministre qui m’a personnellement reçu et m’a promis de faire quelque chose. Je sais que j’ai envoyé des correspondances individuellement à certains membres du gouvernement. Il y a quelques-uns qui réagissent à travers des accords pas encore formels. Nous attendons.

 

 

 

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