Icône controversée du coupé-décalé et artiste prolixe, Dj Arafat a rendu l’âme ce lundi 12 août, victime d’un accident de moto. Transporté à l’hôpital dans un état grave, il n’a pas survécu à ses blessures.
La confirmation de son décès a été précédée par des milliers de posts sur les réseaux sociaux. Entre ceux qui juraient au fake news, ceux qui estimaient qu’il est dans une situation critique et ceux qui le donnaient pour mort depuis la veille, la fin tragique de Dj Arafat a été à l’image de son vécu : du buzz en permanence. Selon des messages et des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, il pilotait une moto avant de percuter violemment la voiture d’une journaliste de Radio Côte d’Ivoire. Amoureux des engins à deux roues et des bolides, c’est finalement à bord de ces bijoux qu’il va tirer sa révérence. Dj Arafat est mort ! César n’est plus ! Le Commandant Zabra a perdu son képi ; Sao Tao le dictateur ne règnera plus sur sa Chine de fans qui l’ont adulé, célébré et adopté comme le métronome du couper-décalé après le départ de Doug Saga. On ne parlera plus du père de « Gladiator » qu’au passé. L’artiste à la voix métal-chromé a perdu ses cordes vocales suite à un violent accident.
À l’annonce de son accident, des dizaines de fans s’étaient réunis autour de la polyclinique des Deux-plateaux, à Abidjan, où le chanteur était hospitalisé. Le ministre ivoirien de la Culture Maurice Kouakou Bandaman a présenté ses condoléances à la famille et aux mélomanes, ajoutant que des dispositions seront prises pour « un hommage à l’artiste », selon un communiqué diffusé par la Rti.
De son vrai nom Ange Didier Huon, le chanteur-compositeur est né le 26 janvier 1986 dans le quartier populaire de Yopougon, dans la capitale économique ivoirienne Abidjan. Il s’est fait connaître en 2003 grâce à son titre « Hommage à Jonathan », extrait de son premier album. Il a ensuite animé les nuits dans plusieurs clubs parisiens et des maquis d’Abidjan, avant de s’installer solidement sur la scène ivoirienne et d’être hissé au rang de star par la jeunesse du pays. Dj Arafat avait été désigné « meilleur artiste de l’année » aux Awards du Coupé-décalé en 2016 et 2017. En 2015, l’Ivoirien remportait le titre d’artiste africain le plus influent à l’international par Forbes Afrique.
Commandant Koné Baracuda
L’interprète des titres Kpangor, Enfant béni, Moto Moto ou encore Ventripotent (en duo avec Naza), son dernier morceau en date, était aussi connu pour ses frasques. En 2011, une vidéo le montre en état d’ivresse en train de violenter sa compagne de l’époque Alexa Vody. Sur la vidéo, le chanteur l’accuse de l’avoir trompé et casse une assiette sur sa tête. En 2014, il affirmait, sur une radio africaine à Paris que « le métro, c’est pour les pauvres », créant ainsi une vive polémique sur les réseaux sociaux. Il était aussi connu pour ses rivalités avec le milieu artistique ivoirien. Avec plus d’une dizaine d’albums à son actif, Dj Arafat s’est imposé comme une figure emblématique de la musique au pays des Eléphants. Réputé sulfureux, il était souvent comparé à Booba par les médias locaux.
Le disc-jockey, dans sa lutte acharnée pour s’imposer dans le milieu musical ivoirien ne va pas de main morte. Il avait plusieurs pièces de rechange dans sa besace qu’il exploite à souhait. En plus des singles qu’il aligne à profusion, les sobriquets demeurent l’une de ses armes favorites. Sur la liste kilométrique de ses surnoms, l’on peut noter « Dj Arafat », « Le Yôrôbô 5 500 volts », « l’Apache 8 500 volts », « Sao Tao », « Commandant Koné Zabra », « commandant Koné Baracuda », « Commandant Por Favor », « le Tueur de taureaux », « le 2 fois Koraman », « le Termistocle », « Beerus Saba ». Adieu phénomène !
Daniel DING