La relation entre la politique et les médias était l’objet d’un débat à l’Institut Français du Cameroun à Douala, mardi 15 mai 2018, à l’occasion de la dédicace du livre Médias et politique au Cameroun du Docteur Alexandre Djimeli, Enseignant à l’université de Dschang.
D’après l’auteur, une analyse des relations entre les médias et la politique révèle que d’aucuns pensent que les médias font partie du champ politique alors que d’autres pensent le contraire. Dans le contexte camerounais, dit-il, «quand un homme politique va vers les médias c’est pour résoudre un problème politique, quand le média va vers le politique c’est pour résoudre un problème journalistique. » Il reste constant que les médias et la politique sont différenciés par une déontologie qui fait de chaque domaine ce qu’il est, mais la ligne de démarcation est devenue tellement flou au Cameroun qu’on ne peut aujourd’hui parler que des « relations incestueuses entre les deux. »
Au quotidien, le journalisme est dominé par le politicien, et ceci à cause non seulement des conditions d’exercice du métier au Cameroun, mais aussi et surtout des « politiques » qui ne sont pas toujours en faveur d’une indépendance complète des journalistes. Sans ériger l’ouvrage en œuvre scientifique qui veut donner des leçons, l’auteur souhaite que sa dernière publication «permette aux journalistes de s’arrêter et de regarder son œuvre, revenir aux fondamentaux et reconsider les sources d’informations que sont les politiques. » On a une presse du pourvoir une presse de l’opposition et une presse au pouvoir.
Médiation
Le média doit jouer le rôle de médiateur en portant les idées vers les publics, en étant une sorte de zone tampon entre d’une part le politique, la politique et les politiques et d’autre par le public qui a droit à l’information. «Lorsqu’il fait son travail de médiateur, la participation à la démocratie s’accroît », selon Alexandre Djimeli. Mais Il faut retenir qu’il n’y a pas de médias indépendants, il n’y a que des groupes de pression pour contrôler le pourvoir et l’opinion. Selon Suzanne Kala Lobe, journaliste éditorialiste, on peut plutôt parler de l’indépendance du journaliste mais pas d’un média.
L’auteur lui-même pense qu’on peut parler de l’autonomie car il y a eu trois temps autonome dans l’évolution des médias : le temps du politicien quand c’est lui qui envoyait les messages et en déterminait le sens, le temps du journaliste ensuite, quand il est devenu un « pouvoir », le quatrième pour certains, et enfin, aujourd’hui, le temps du citoyen très libre grâce à la nouvelle technologie et les réseaux sociaux. C’est ce dernier qui tend à faire l’information. Son influence et sa participation à la démocratie sont désormais plus effectives.
Roland TSAPI