Le Roi du canton Bell a procédé à la distribution aux populations, de ces crustacés sacrés qui n’apparaissent qu’à Douala au Cameroun, et nulle part dans le monde.
Si l’hirondelle fait le printemps, les mbéatowè annoncent la fin de la saison pluvieuse au Cameroun, ou dans la région du Littoral. Ces crustacés, un tantinet similaire aux gambas, relèvent du sacré en pays Douala, d’où l’excitation que ces peuples de l’eau manifestent à chaque arrivée des mbéatowè. Ils ont d’ailleurs répondu en masse à l’appel du roi du canton Bell, de ce mercredi 13 septembre 2023, afin de recevoir chacun son paquet de mbéatowè.
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« C’est une bonne chose que le Chef Douala Manga relance la cérémonie, parce qu’il faut rendre grâce à Dieu pour cette manne. On ne vend pas le mbéatowè. Quand le Chef sort de sa maison, il bénit les mbéatowè et on les partage à tout le monde. Chaque fils Sawa est obligé d’en manger au moins un, surtout que ce n’est pas tous les ans que les mbéatowè sortent. On peut passer un, deux ans sans rien. C’est une manne que Dieu a donné au peuple Sawa, qui annonce la fin des pluies. Les mbéatowè se trouvent uniquement à Douala, et nulle part dans le monde. Même à Douala, ils ne sortent qu’à la rivière de Japoma et à la rivière entre l’île de Jébalè et Bonassama », explique le chercheur et traditionnaliste Anicet Parfait Kwedi.
On apprend également de cet orateur que les mbéatowè « sortent après trois jours d’intense pluie, et d’un coup de tonnerre qui vient du ciel. Les mbéatowè sortent avec des serpents marins non venimeux et des poissons. Ils peuvent sortir durant trois, voire cinq jours. Après leur ramassage, le tamtam du chef annonce qu’il y a les mbéatowè, qu’ils seront partagés x jour, et que le Chef attend tout le monde. Pour préparer les mbéatowè, soit on les frit avec de l’huile de palme, soit on les sèche au grenier ». La moisson a été grande cette fois, ce qui laisse présager une année d’allégresse et de bonheur.
Dorénavant, promet Sa Majesté Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell, « de façon symbolique, chaque fois que les mbéatowè sortiront, il y aura cette cérémonie de partage. Pendant des siècles, les Sawa ont eu l’habitude de ce partage particulier. Quand les mbéatowè arrivent, c’est un symbole que Dieu nous envoie. Dans Mbéatowè, mbé renvoie à nyambe donc Dieu. Towè veut dire ramasse. Le fait d’organiser cette cérémonie aujourd’hui vise à rétablir une pratique qui se fait depuis toujours. J’ai pris le temps, depuis que je suis au pouvoir, d’aller au bord du fleuve à la période des mbéatowè, pour recevoir une espèce de force, et comprendre comment je devais faire pour aller de l’avant. Le moment est venu de rétablir nos valeurs, aussi bien au niveau social que spirituel ».
Valgadine TONGA
