Les institutions financières réunies à Douala autour des ministres et experts financiers des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale félicitent la qualité des projets de développement présentés par le Cameroun. Le pays est ainsi bien parti pour bénéficier des financements pour la réalisation de ses chantiers.
Ils avaient deux jours, du 5 au 6 juillet 2019 à Douala, pour travailler sur les projets bancables et à même d’impulser la croissance dans les pays de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique Centrale, Cemac. Les experts financiers de la sous région sont donc arrivés au terme de leur réunion de concertation régionale sur les projets intégrateurs dans la Cemac. Le Cameroun sort bon élève. Parmi les projets intégrateurs présentés par les Etats, ceux du Cameroun ont de forte chance d’être validés. Selon Charles Assamba Ongodo, Directeur général de la Coopération et de l’intégration régionale, «le Cameroun a présenté dix projets, et le Cameroun a la chance de présenter des projets donc la maturité est avérée, ce qui est déjà quelque chose de très bien. Ces projets sont diversifiés, avec une large prédominance des projets infrastructurels. Il y a aussi les pôles d’excellence parce qu’il ne faut pas que faire dans les infrastructures, il faut développer les compétences. Il y a donc des pôles d’excellence avec l’université inter-Etats de Sangmelima.»

Il y a aussi des projets en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication, dans le domaine numérique avec des poses de fibres optiques pour faciliter les communications. «C’est des projets diversifiés parce que nous voulons être en cohérence avec la deuxième phase de notre programme, qui vise non seulement une intégration physique mais aussi du commerce. Il faut qu’on ait les capacités pour pouvoir échanger entre nous, ce d’autant que nous avons à l’horizon, la zone de libre échange continental et nous voulons nous positionner pour être compétitif», explique celui qui est par ailleurs président du Comité inter-Etats. Charles Assamba Ongodo est affirmatif : «C’est des projets bien partis, parce que matures. La condition essentielle pour qu’un projet soit éligible au financement c’est sa maturité. Les bailleurs sont justement en salle pour rechercher les projets qui sont matures, avec un intérêt intégrateur.»
Chef de division Energie, infrastructure et secteur financier à la Banque africaine de développement, Dr N’Guessan Joseph Kouassi ne dira pas le contraire. Le Cameroun, corrobore-t-il, «a mis en place une matrice de maturation des opérations, qui fait en sorte que chaque projet soumis au Comité national de la dette publique remplisse les critères. Ce sont des éléments positifs que nous saluons au niveau de la banque et donc nous voulions que les autres régions s’inspirent. Pour les bailleurs de fonds, un projet ne peut être instruit désormais que lorsqu’il satisfait aux conditions de priorisation interne aux pays.»
Lire aussi :Croissance économique : ça cogite dans la zone Cemac
Au niveau de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale, le Directeur des opérations Jean Paterne Megne Ekoga rassure sur la disponibilité des fonds pour financer les projets communs des pays de la zone Cemac. : «Nous sommes intéressés par tous les projets qui concernent l’intégration sous régionale. On n’a pas de choix particulier à faire. Nous allons appuyer la communauté comme nous l’avons toujours fait. Sur les quinze dernières années, la Bdeac a financé près de 45 projets intégrateurs dans la sous région, à hauteur de 505milliards Fcfa. Nous allons poursuivre ces efforts dans le cadre du Plan stratégique 2017-2022 dont le deuxième objectif consiste à appuyer la zone Cemac dans le Programme économique régional. La Bdeac a prévu d’injecter 1000milliards Fcfa dans le financement des projets dans la sous région. Donc il y a assez de ressources pour financer les projets qui nous seront présentés par les Etats».
Pour l’heure, ces institutions financières attendent la fin des études de faisabilité des projets qui fédèrent plus d’un pays de la sous région. Le caractère intégrateur du projet est apodictique. Il est également question d’évaluer leur niveau de maturité. Comme l’indique Jean Paterne Megne Ekoga, «il y en a qui sont à un stade avancé, qui ont des études de faisabilité. Ces projets là, on peut les prendre en main et mobiliser les partenaires internationaux. Il y en a d’autres qui sont encore au stade d’idées, ça veut dire qu’ils n’ont pas encore d’études de faisabilité.» C’est une fois les projets validés par les bailleurs de fonds que ceux-ci engageront les financements.
Valgadine TONGA
Fidel Eya’a : «Nous avons des problèmes de devises parce que nous importons beaucoup»
Monsieur le Directeur Planification stratégique et coopération internationale de la Commission Cemac, la première phase du Programme économique régional a été un échec avoué. Quelles sont les dispositions prises pour rectifier le tir avec cette deuxième phase ?
Le Programme économique régional a été prévu en trois séquences quinquennales, 2011-2016, 2016-2021 et 2021-2026. La première phase a connu une mise en œuvre plutôt difficile. Quand on fait le bilan en 2016, on se rend compte qu’on n’a vraiment pas beaucoup avancé, ce qui va nous obliger à un certain réalisme ou à un pragmatisme comme c’est le terme qui a souvent été utilisé ici hier et aujourd’hui. Ce réalisme a fait en sorte qu’on aille vers un portefeuille plus resserré de treize programmes dans lesquels on avait identifié un certain nombre de projets. En 2017, nous étions déjà à mi-parcours de cette deuxième phase, on constate qu’il y a toujours une mise en œuvre laborieuse. Sur ce constat, les Chefs d’Etat se sont posés des questions et ont instruit le président de la Commission de la Cemac de faire en sorte que le Programme économique régional soit vraiment resserré.
Qu’attendez-vous des pays de la zone Cemac ?
Le président de la Commission de la Cemac a pris l’initiative d’inviter les Etats au cours de cette réunion, à se prononcer d’un, sur le portefeuille actuel des projets. C’est le premier objectif à atteindre pendant ce séminaire. Il est question ici de dire aux Etats de renouveler leurs intérêts pour ces projets. Est-ce qu’ils sont toujours intéressés ? Est-ce que ces projets sont déjà en état d’exécution avancé ? Sont-ils en cours, ou simplement les Etats n’ont-ils plus d’intérêt dans leur réalisation? Il faut bien préciser que ce sont des projets intégrateurs. L’innovation particulière que le président de la Commission de la Cemac a ajouté dans ce séminaire, c’est aller au-delà des projets qui avaient été identifiés dans le cadre du programme 2017-2021. Peut-être que les Etats ont de nouveaux projets prioritaires. On devrait partir d’ici avec un portefeuille complet révisé de tous les projets, en ajoutant les projets pour lesquels il y a au moins un début d’exécution, et qui sont intégrateurs. Il ne s’agit pas de partir d’ici avec des idées de projets, mais des projets pour lesquels les Etats ont des engagements avérés. Éventuellement si c’est des projets matures comme ceux du Cameroun, c’est des projets pour lesquels les finances sont déjà identifiées, les appels d’offre sont déjà prêts.
Quel serait l’impact de ces projets intégrateurs dans la sous région ?
L’objectif de ce séminaire c’est de mettre l’accent sur les projets d’intégration physique, c’est-à-dire qui relient les pays entre eux. Toutes les capitales de nos pays doivent être reliées par des routes praticables en toute saison, c’est évident que ça accélère la libre circulation. Nos populations ont vraiment besoin de cette intégration physique. Le commerce sera aussi faciliter. Au Tchad par exemple on produit beaucoup de viandes, alors qu’au Congo, au Gabon, en Guinée Equatoriale on n’en manque. Le président de la Commission Cemac nous rappelle souvent que nous perdons beaucoup à cause de ce que nous importons. Les chiffres dans la sous-région sont effrayants, nous dépensons dans les importations des produits agroalimentaires près de 3000milliards Fcfa. C’est autant d’argent et qui a de sérieuses répercussions sur la balance commerciale et sur les sorties de devises. Ces temps, nous avons des problèmes de devises dans la sous-région, parce que nous importons beaucoup alors que nous pouvons largement pourvoir à nos besoins, produire localement.
Décryptés par V.T.