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Martial Manfred Missimikim : «Le business du covid est plus important que les accidents de la route»

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Dans son élan de générosité et de patriotisme, le ministre de la Santé publique veut, contre vents et marrées convaincre les Camerounais à s’administrer le vaccin contre le coronavirus. Des observateurs rétorquent qu’il y a plus dangereux que le covid-19, notamment les accidents de la circulation. Expert consultant international en sécurité routière et président Fondateur de l’association Securoute Afrique, Martial Manfred Missimikim martèle que l’insécurité routière fait plus de morts au Cameroun.

Quel est le bilan de Securoute relatif aux accidents de la circulation sur nos routes en 2020 ?

Il y a eu une légère baisse en 2020, mais ça ne peut pas être aussi bas que le chiffre déclaré par le ministre, soit 686 morts. Nous n’avons pas un système de collecte de données synchronisées. Ça veut dire que les chiffres qui sont régulièrement communiqués sont ceux de la gendarmerie nationale, qui ne rapporte que les accidents interurbains. Les accidents urbains ne sont pas suffisamment rapportés. Et comme ce sont des accidents qui n’enregistrent pas un grand nombre de morts, les populations n’appellent même pas la police. Et au niveau urbain ce n’est pas une préoccupation. La police est plus concentrée sur les problèmes de banditisme, de vol, de braquage que de s’occuper de la prévention routière. La preuve, tout le monde ne porte pas le casque, peu de personnes arborent la ceinture de sécurité, mais elles ne sont pas inquiétées.

Doit-on conclure qu’en 2020 les accidents de la circulation ont été domptés par le covid ?

Non. Du tout. Durant les deux premiers mois de confinement, il n’y a pas eu de circulation. Le volume de la mobilité avait beaucoup chuté puisqu’il n’y avait plus de funérailles, d’enterrements, de mariages. On a en moyenne 100 morts par mois sur nos routes. C’est environ 200 morts qui ont été évitées durant ces deux premiers mois du confinement.

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Peut-on avoir un bilan chiffré ?

Les statistiques sommaires de la sécurité routière au Cameroun sont compliquées. Pour le moment, aucun organe ne collecte de manière synchronisée les accidents de la route, parce qu’il y a les gens qui meurent même trente jours après l’accident, suite à leurs blessures. Je vous prends le cas de l’accident de Foumbot le 22 février dernier. On devrait retourner trente jours après auprès des victimes, voir s’il y en a qui ont trépassé, avant d’effectuer le bilan définitif de l’accident. Malheureusement ça ne se fait pas. C’est la raison pour laquelle les résultats du ministère des Transports sont minorés. A Securoute, nous faisons des indications. Il n’y a que l’Etat pour synchroniser ces résultats, parce qu’il a les moyens. C’est lui qui a la gendarmerie nationale présente dans tous les villages, la police, les hôpitaux. Ce projet a été mis en place, les machines sont là depuis quatre ans, mais il n’est toujours pas opérationnel. J’étais le chef de projet. En gros, les chiffres du ministère ne sont pas fiables parce qu’ils n’obéissent pas à une démarche scientifique. Securoute n’a pas les moyens d’avoir les chiffres exacts. Déjà que ce que nous relevons, à travers les alertes des concitoyens sont toujours de la sous-déclaration. On ne prête pas attention aux accidents non mortels pourtant la personne peut décéder par la suite. Des fois même il y a des décès, mais les protagonistes s’arrangent à l’amiable en disant que c’est la volonté de Dieu. Ils n’acceptent même pas la présence de la police. Cette attitude est fréquente dans la région du Nord.

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Avec toute la communication autour du covid, on avait cru que les accidents s’étaient donnés une pause…

Le corona, le sida sont des maladies qui ont des symptômes, des phases et qui génèrent beaucoup d’argent. Il y a toute une économie médicale autour d’elles. Elles captent plus d’attention, ce sont des millions. Le business est plus important derrière ces maladies, bien que le nombre de morts suite aux accidents de la route soit plus considérable. Vous savez, les accidents provoquent les morts et les traumatismes à vie, et c’est une souffrance pernicieuse parce qu’une personne handicapée à cause d’un accident de la route est recroquevillée chez elle. Elle ne se plaint pas, personne ne lui accorde de l’importance. Pourtant un malade du covid ou du sida couché à l’hôpital crée la consternation. Le covid ne dépasse pas les accidents de la circulation en termes de dégâts humains. Les accidents de la circulation au Cameroun sont de l’ordre de l’épidémie routière mais qui n’est pas traitée à sa juste valeur. Le budget alloué au ministère des Transports pour s’occuper de la sécurité routière n’atteint pas le tiers du budget sur le paludisme. Les moustiquaires imprégnées à elles seules avalent combien de milliards par an ? Mais on ne met même pas 1 milliard par an sur la sécurité routière. Selon les chiffres de Securoute, le Cameroun perd 300milliards Fcfa par an suite aux accidents. Ce sont nos estimations en 2019. Quand le ministre attend la survenue d’un accident pour réagir, c’est une hypocrisie. Quand nous allons les voir pour parler de la sécurité routière, ils ne nous prennent pas au sérieux. Même vous les journalistes. Vous ne nous contactez que lorsque survient un accident.

Entretien avec Valgadine TONGA

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