Coach en développement personnel, auteure du livre «Une histoire taboue», la fondatrice de la fondation « Keyfor success » dévoile le plan d’action de sa campagne nationale «Brisons les tabous».
Vous êtes la promotrice de la fondation Key for success qui lance le programme nationale « brisons les tabous ». Vous avez organisé dimanche 12 mai 2024 un atelier de renforcement de capacités de vos points focaux. Que peut-on retenir de ces travaux ?
Je dirai que cette rencontre était très riche. Nous avons eu des échanges sur plusieurs thèmes. Premièrement, nous avons eu la présentation des différents profils des victimes de la cause que nous défendons notamment les abus sexuels, les violences basées sur le genre, (Vbg). Comment s’en prémunir, comment sensibiliser, qui sont les responsables communautaires qui doivent devenir nos partenaires et avec qui nous devons travailler.
Nous avons également travaillé sur les thèmes liés à la prise en charge psychosociale présentée par notre psychologue qui a détaillé le profil qu’il faut pour pouvoir prendre en charge les victimes. Mais, ce qu’on a retenu de tout cela, c’est que nous devons toujours tenir compte des intérêts de la victime. Ce sont ses intérêts qui doivent primer. Par exemple, si la victime n’est pas encore disposée à rendre publique ce qu’elle a vécu, nous devons garder cela confidentielle. Nous devons également montrer de l’empathie vis à vis d’elle. Ça a vraiment été une séance de travail très riche en information. Même moi, qui ai été victime de ces violences sexuelles, qui suis auteure du livre « Une histoire taboue », fondatrice de ce mouvement, il y a bien de choses que je ne connaissais pas.
En écoutant toutes personnes dynamiques, bénévoles qui ont donné de leur temps pour préparer cette formation et les différents modules qui ont été exposés, j’ai bon espoir que nous avons démarré une mission qui va apporter beaucoup de changements dans notre société.
Après cette formation de vos points focaux et régionaux, quelle sera la feuille de route de cette caravane?
La feuille de route est simple. Il est question pour nous d’aller dans toutes les régions du Cameroun. Cependant, il y a quelque chose sur laquelle nous nous sommes accordés, à savoir, il faut contextualiser ces sorties dans les différentes régions. Parce que les réalités des régions septentrionales ne sont pas les mêmes à l’Ouest, au Centre. Nous allons travailler de telle sorte que lorsque les points focaux descendent sur le terrain, qu’ils puissent adapter les propositions que nous avez faites au cours de ces travaux, à leur région. Par exemple, lorsque vous arrivez dans une localité, vous vous adaptez au fonctionnement des gens de cette localité. Si vous trouvez les gens assis autour d’un arbre, pieds nus, vous en faites autant. Après vous allez leur passer votre message sans vraiment heurter leur sensibilité. Sans imposer quoi que ce soit, mais qu’on arrive à passer le message en toute douceur afin que toutes les personnes qui vont nous écouter deviennent les ambassadeurs de ce message que nous apportons à travers ce projet « brisons les tabous ».
En gros, notre feuille de route consistera à éduquer les populations, nous aurons des causeries éducatives, proposer des prises en charge, créer des connections avec des responsables locaux, avec les forces de maintien de l’ordre, de la santé où peuvent être pris en charge les victimes. C’est une lourde mission, pour cela on a besoin de tout monde pour qu’on puisse aller jusqu’au bout de cette mission.
Après avoir mis sur pied ce projet, « brisons les tabous » en décembre dernier, vous êtes retournées aux Etats Unis. Derrière vous, il y a eu comme une sorte de prolifération des cas d’abus sexuels notamment cette affaire Bopda qui a défrayé la chronique, il y a également eu le cas de ce sous-préfet de Kribi qui a assassiné sa petite amie. Comment vous vous êtes senties lorsque vous avez appris tout cela ?
Lorsqu’on a lancé ce projet « Brisons les tabous » en décembre 2023, on n’avait pas fait beaucoup de bruits. Mais par la suite, les vidéos de travaux sont sorties sur les réseaux sociaux. Ce qui a fait dire à certains gens que nous faisions ce travail dans la mouvance de ces agressions et que nous suivions le sens du vent. Pour eux, nous voulions nous greffer à ces cas parce que nous voulons nous donner de l’importance et de la visibilité. Cela m’a fait sourire parce que nous avons fait tous ces travaux bien avant la survenance des faits. Mais, c’était ça le but de notre travail, que les gens commencent à parler régulièrement de ces actes d’abus sexuels. Cela ne veut pas dire qu’aujourd’hui il y a prolifération des actes d’abus sexuels. Ça veut simplement dire qu’aujourd’hui, on en parle un peu plus parce qu’il y a toujours eu des cas d’abus sexuels. Mais, on n’en parlait pas assez. Notre travail est de dire aux gens de briser le silence et de dénoncer ces actes déshumanisants. On veut que ces sujets ne soient plus tabous. Aujourd’hui qu’il y a ces cas et qu’on les a médiatisés au maximum, ça va nous faciliter la tâche. Mais, nous avons commencé à faire ce travail bien avant que tout ce buzz ait lieu.
Propos recueillis par Blanchard BIHEL