Dans leur communiqué, le Ngondo et les pasteurs Sawa actent solennellement leur sortie de l’Eglise évangélique du Cameroun.
Le Ngondo et les pasteurs Sawa «sont en état de révolte. C’est pourquoi, solennellement et pleinement conscients de leurs devoirs face à l’histoire, le Ngondo et les pasteurs annoncent à compter de ce jour, le schisme du peuple Sawa de l’Eglise évangélique du Cameroun.» Le Ngondo et les pasteurs Sawa ont décidé via un communiqué du 28 avril 2017 que les paroisses à connotation Sawa sont indépendantes de l’EEC, dorénavant. Les chefs traditionnels ont réitéré le message ce dimanche 30 avril 2017 dans des paroisses à Douala. Ils étaient tous vêtus de noir, signe de l’enterrement de leurs rapports avec l’EEC.
Les élections à la tête de l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), le samedi 22 avril 2017 sont au centre de la dissidence. Juste quelques jours après l’Assemblée générale de Ngaoundéré qui a vu Jean Samuel Hendje Toya être élu nouveau président de l’EEC, les chefs Sawa tirent un coup franc. Dans le communiqué signé par onze chefs Sawa parmi qui le président en exercice du Ngondo Sa Majesté Gaston Mbodi Epee, le Ngondo –assemblée traditionnelle du peule Sawa– critique le scrutin qui «a achevé de révéler au grand jour l’intensité et la profondeur de la pernicieuse crise qui sévit depuis plusieurs années au sein de cette congrégation religieuse. En effet, en tournant le dos aux valeurs qui fondent l’église et qui ont pour noms équité, probité, morale, respect des composants sociologiques, respect de la parole donnée et du consensus…, la direction sortante a pris la très lourde et couteuse responsabilité d’imposer ses propres vues.»
Parlant de «parole donnée», une source proche du Ngondo confie que l’ancien président de l’EEC Isaac Batomen Henga Toya avait, lors d’une rencontre à dessein avec le Ngondo, promis qu’il n’y aurait qu’une seule candidature de la communauté Sawa, celle du pasteur Richard Priso Mounguele. Il était d’ailleurs, avant cette entente, l’unique candidat à la présidence. Il était surtout le choix des pasteurs de la communauté Sawa et du Ngondo. Au Synode général de Yabassi en 2009, l’ancien président Batomen avait réaffirmé que Richard Priso Mounguele serait le seul candidat présenté par la communauté Sawa. Hélas ! Le 22 avril, alors que les pasteurs d’origine Sawa s’attendent à une simple désignation du nouveau président, ils assistent plutôt à une élection. Le pasteur Isaac Batomen présente deux candidatures. Celles du Pr Jean Samuel Hendje Toya, taxé de chouchou d’Isaac Batomen, et de Richard Priso Moungole. Jean Samuel Hendje Toya (originaire de l’Ouest et du Nkam) remporte le scrutin, 205 voix contre 168 pour Richard Priso Moungole. Le Ngondo dénonce la trahison, les «tripatouillages, l’achat des voix, la manipulation». Chaud devant !
Valgadine TONGA