Le personnel de Le Messager qui traîne déjà quatorze mois d’arriérés de salaire promet de maintenir le mouvement sur une durée illimitée.
Climat électrique le dimanche 23 avril 2017 à la rédaction centrale de Le Messager à Douala. Il est 13h. Devant le journal, les employés observent le mot d’ordre de grève signé le 9 avril courant et adressé aux responsables du journal. Ils seront surpris quand deux heures de temps après, le rédacteur en chef, Blaise-Pascal Dassie débarque et se désolidarise du mouvement. Il ouvre le journal et martèle qu’il veut travailler. Des éclats de voix entre ses collègues (le journaliste et délégué du personnel Joseph Olinga Ndoa, le monteur Rodrigue Kaleumeni) et lui détonent. Il est secouru par l’une de fille de Pius Njawe, Mandela Njawe. Qui ne va pas calmer le jeu : «Tu sais écrire un article Olinga ? Montre un article que tu as déjà fait. Dassié va travailler ici aujourd’hui. Je suis ayant-droit et tu es employé. Si tu n’es pas satisfait tu pars. Espèce d’idiot… Kaleumeni ton mandat est fini dans ce Messager. Vas chez toi. Je suis ayant-droit…» Alors que les nerfs des grévistes s’apaisent, plus d’une dizaine de policiers armés débarque dans la salle de rédaction. A 17h, Joseph Olinga et Rodrigue Kaleumeni sont conduits au Commissariat du 1er arrondissement pour «trouble à l’ordre public et violence». On entendra alors Mandela Njawe et le Directeur de publication Fréderic Boungou –arriver au Commissariat- se targuer d’avoir «appeler la police parce que cette grève n’est pas normale. On ne peut pas empêcher au gens de travailler.» Confrères, syndicalistes du Syndicat national des journalistes du Cameroun, leader de la société civile viennent s’enquérir des faits.
14 mois d’arriérés
Mandela Njawe, Joseph Olinga, Rodrigue Kaleumeni, Blaise-Pascal Dassié, et le gérant du Messager Rodrigue Kaleumeni sont entendues sur procès verbal avant d’être renvoyés à poursuivre le dialogue devant l’inspection du travail. Le commissaire recommande surtout au gérant du journal, Rodrigue Tanendjio de payer les salaires des travailleurs. Pour rappel, dans le préavis de grève adressé au gérant du journal Rodrigue Tanendjio, le personnel par la voix de ses délégués du personnel (Joseph Olinga Ndoa, Souley Onohiolo, Nadège Christelle Bowa et Covinette Mboulinou) écrit : «Les employés du quotidien Le Messager réclament 13 mois d’arriérés de salaire. La plupart travaillent sans contrat de travail et de sécurité sociale ; Les prestations attendues des journalistes de Le Messager ne bénéficient pas des préalables requis par leurs réalisations ; En outre, la gestion quotidienne du quotidien Le Messager demeure un serpent de mer là où l’obligation de communiquer est imposée à l’employeur». Rendu au 24 avril, les délégués du personnel précisent qu’il s’agit aujourd’hui de 14 mois d’arriérés.
Contrat de travail
Au vu de cette réalité qui n’est pas favorable à un climat de travail serein, le personnel revendique : «Le paiement complet de nos arriérés de salaire ; la signature du contrat de travail pour ceux des employés qui n’en ont pas, conformément à la législation ; l’immatriculation de l’ensemble du personnel à la Cnps avant reversements effectifs des cotisations dues.» Les syndicalistes réclament aussi la tenue d’une Assemblée générale «aux fins de définir les objectifs à atteindre et fixer les prérogatives exactes des différentes composantes de l’entreprise.»
Les employés en sont arrivés à la grève devant le refus du gérant «d’entamer des négociations sur la régularisation des salaires et l’amélioration des conditions de travail». Rodrigue Tanendjio est d’ailleurs invité «à prendre contact avec les délégués syndicaux de Le Messager pour renouer le dialogue social.» Fondé le 17 novembre 1979, le journal de La Rue des écoles à Akwa/Douala a enregistré ces dernières années des démissions à cause des arriérés de salaire et surtout des mauvaises conditions de travail.
Valgadine TONGA