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Jakin Touwole : «Ce n’est pas le cinéma qui ne paye pas au Cameroun, ce sont des acteurs qui ne vivent pas du cinéma»

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Pour son premier long métrage, le jeune prodige Jakin Touwole a marqué les esprits. Frank Thierry Lea Malle, le réalisateur du film ‘‘Accord’’, lui a fait confiance en lui donnant le premier rôle du film qui a rempli les salles en Afrique de l’Ouest. Venu assister à l’atelier sur le photojournalisme dispensé par Patience Eding, initiative du Réseau des journalistes culturels du Cameroun, La Voix Du Koat, a échangé avec lui sur sa vision du cinéma.   

LVDK : Comment vous retrouvez-vous dans le cinéma ?

Je commence le cinéma par doublage en 2008. Près de notre domicile, se trouvait une maison de doublage où je partais regarder des films. Un jour, j’ai été  sollicité pour poser la voix  dans le rôle d’un enfant. C’est ainsi que j’ai commencé. En 2019, j’ai été membre du comité d’organisation du Festival international indépendant de Bafoussam. J’ai également été formé en écriture de scénario. En 2020, je continue dans le comité d’organisation. En 2021, on me confie la tâche du chargé des formations. Elle consiste à amener les étudiants de l’Ecole des beaux-arts de Foumban suivre des formations pendant une semaine pour la production d’un court métrage. Au cours de la même année, j’ai fait le casting de ‘‘Accord’’, j’ai été retenu à l’issue du casting pour le rôle principal. Parallèlement, je suis étudiant à l’Université de Yaoundé I en art du spectacle et cinématographie. Accord c’est mon premier film. J’ai fait deux courts métrages, mais Accord est mon premier long métrage.

LVDK : Comment s’est passé le casting ?

J’ai été informé par l’entremise d’une amie qui travaillait dans l’équipe de casting. Ils avaient un problème de profil. Il y avait plusieurs personnes mais elles n’avaient pas le profil. Lorsque j’ai été informé, j’étais encore au festival international du cinéma indépendant de Bafoussam 2021, on était en train de finir la paperasse, j’ai directement pris la route pour venir passer le casting. Après le casting, je suis reparti à Bafoussam. C’est de Bafoussam qu’on m’appelle pour me  dire que j’ai été retenu. J’ai fait le casting en bonne et due forme.

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 LVDK : Pourquoi avoir accepté de jouer dans ce film ?

Un film, c’est le scénario. Lorsque  tu lis un scénario, tu sais déjà où le réalisateur veut t’amener. Lorsque j’ai lu le scénario de Accord, j’ai tout de suite su que ça devait être un tremplin pour moi.

LVDK : Qu’est-ce-que ça fait d’être l’acteur principal d’un film qui a fait le plein des salles de cinéma en 2022 ?

C’est d’abord un sentiment de fierté surtout pour ma carrière qui est à ses débuts. Ça me donne beaucoup de force parce que je sais qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. J’ai la conviction qu’on y arrivera. Mais il faut toujours commencer quelque part. Je sais qu’il y a beaucoup d’autres projets qui vont venir après Accord. Mais Accord, c’est l’un des projets les plus merveilleux de ma vie. Vous savez, lorsqu’on est petit, on ne sait pas exactement ce qu’on veut faire. J’ai fait deux ans en Droit à l’Université de Dschang. Lors de la deuxième année, le virus du cinéma m’a piqué. Je ne me sentais plus à l’aise dans le Droit que je faisais. J’ai décidé de partir. On ne me comprenait pas. Tout le monde me disait de finir l’année et d’obtenir la licence. Mais je suis parti. Maintenant, je en Art du Spectacle, je vais eu niveau 3. Ce que j’ai retenu de la vie, c’est que chacun a sa route. Mais je n’avais jamais pensé à une réelle carrière dans le cinéma.

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 LVDK : Quelle a été votre réaction quand on vous apprend que vous êtes retenu pour le film Accord ?

Jakin Touwole : «Ce n’est pas le cinéma qui ne paye pas au Cameroun, ce sont des acteurs qui ne vivent pas du cinéma»

 

J’ai été surpris. Je suivais des ateliers de formation en jeu d’acteurs avec Tatiana Matip, mais je ne pensais pas que je pourrais être retenu pour un  grand projet de ce genre. Je ne pensais pas qu’on pouvait me donner un rôle aussi important. J’avais vu le casting, mais je n’étais pas parti. Parce que je me disais qu’il me fallait encore beaucoup de formations pour jouer dans pareil film. Quand bien même je suis retenu, je me dis que c’est un rôle où je joue trois scènes. Le jour de la première lecture du scénario, on me demande de lire Cédric Koum. Je lis, ça ne finit pas. Je suis surpris. A la fin de la lecture, le réalisateur applaudit, mais je ne comprends pas pourquoi il fait. Son équipe me confie donc que lorsque je lisais le scénario, j’entrais déjà dans le personnage. Je ne pensais pas que l’on me donnerait le rôle principal.

 LVDK : Quelles sont vos références ?

Il y a déjà Wakeu Fogaing. Dans le jeu d’acteur, il y a Tatiana Matip qui, pour moi, est la meilleure actrice du Cameroun. Elle est également formatrice en écriture de scénario. Il y a également Gustave Zongo, un acteur burkinabé qui m’a beaucoup marqué. J’ai tellement regardé les films burkinabè dans mon enfance ; il y a Mouna Diagne du Sénégal.

LVDK : Que pensez-vous des jeunes qui se lancent dans le cinéma pour de la star mania ?

Ils ont tort de penser ainsi. Il y a trois jours, il y avait un master class  ici au Musée national, animé par Sidiki Bakaba, le célèbre comédien ivoirien. Il nous a fait comprendre que, pour faire un métier, il faut d’abord l’aimer. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, tu ne peux pas exercer. Ceux qui se lancent dans un métier qu’ils n’aiment pas, je ne sais pas comment ils font. Parce qu’à un moment, ils vont se heurter à des obstacles de tout genre. En ce moment, si tu n’aimes pas ton métier, tu vas abandonner.

LVDK : Le cinéma camerounais offre-t-il des perspectives rassurantes ?

Je pense que c’est un processus. Il y a de cela cinq ans, le cinéma camerounais n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. Je pense que les choses commencent à aller vers l’avant. Mais globalement, il faut dire qu’on ne prend pas encore au sérieux, le métier de comédien au Cameroun. Il faut mettre l’acteur au centre de tout. Parce que c’est l’acteur qui vend le film. Si l’acteur joue mal, le film sombre. Il faudrait qu’on fasse en sorte que l’acteur puisse vivre de son art. Ce que les gens ne savent pas, c’est que ce n’est pas le cinéma qui ne paye pas au Cameroun, ce sont des acteurs qui ne vivent pas du cinéma.

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 LVDK : Est-ce à dire que les producteurs et autres réalisateurs accaparent tout et ne redistribuent pas équitablement aux acteurs ?

C’est effectivement le cas. Je ne vais pas citer des exemples. C’est ma propre expérience. C’est ce que j’ai vécu. Comme je vous l’ai dit au début, j’ai été au comité d’organisation du Festival du film indépendant de Bafoussam. J’ai un peu vu les problèmes des acteurs.

LVDK : Il y a-t-il des projets en cours ?

A l’Université on se forme en jeu d’acteur, mise en scène, réalisation, production. Dans exactement deux semaines, je vais faire mon premier court métrage. Je vais vous donner l’exclusivité quand même. Le film porte sur les violences psychologiques faites aux enfants. C’est l’occasion pour moi de demander le soutien aux uns et aux autres. Je choisi cette thématique parce que tout ce que j’ai vécu jusqu’ici, je constate qu’il y a un problème psychologique chez les enfants. Les enfants sont tourmentés, victimes plus de violences psychologiques que physiques. Et ces violences psychologiques affectent leur manière de penser, d’agir dans la société. Et des fois, quand ils sont grands, ils se mettent à battre sur leurs femmes, puis on s’interroge sur ce qui n’a pas marché. En fait, leur fonctionnement a été conditionné. C’est un problème qu’il faut toucher du doigt. En Afrique et au Cameroun en particulier, quand vous êtes malades, vous ne pouvez pas vous rendre chez un psychologue, on vous traitera de fous. Pourtant, en racontant, tu guéris.

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A travers ce court-métrage, j’essaie de faire ma part. Concernant mes ambitions au niveau du Cameroun, je veux faire des projets que les Camerounais vont regarder, parce que les projets que les Camerounais réalisent aujourd’hui n’ont pas pour cible les Camerounais. Les chaînes camerounaises n’achètent pas les contenus parce que tous les projets sont vus par les chaines internationales. A un moment donné, il faut faire les choses pour nous. Il faut qu’on crée notre cinéma, et pour cela il faut qu’il y ait un marché pour qu’on puisse vendre les produits, comme au Nigéria. Il faut rééduquer la population camerounaise. Avant elle allait en salle. On doit réapprendre aux Camerounais, dès le bas-âge dans les écoles, à aller au cinéma. Mon plus grand rêve c’est de jouer à Hollywood. C’est une utopie, mais on y croit quand même. Peut-être qu’en visant la lune on va attraper les étoiles.

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Entretien avec Valgadine TONGA 

 

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