Sous les lambris dorés d’un succès précoce et phénoménal, se cache un petit ange qui attend désespérément le miracle vocal.
« A Dieu, je laisse tout à Dieu. Devant sa volonté, je disparais »… Qui ne connait pas les paroles de cette chanson devenue un hymne au Cameroun ? Tiré de l’album « Souffle Nouveau », le titre «Je laisse tout à Dieu» a consacré Indira aux Balafon Awards 2021 et aux Canal d’Or 2021. Oui, le public l’a plébiscité. Les Camerounais aiment la petite Indira. Mais si seulement on avait plus. Les fans fous disent qu’elle est accomplie. Les pessimistes, et autres répulsifs à toute critique et adeptes du moindre effort diront d’ailleurs que cet article renvoie des effluves d’aigreur. Mais une portion, infime soit-elle de lecteurs, y trouvera du bon.
Indira. Notre petite Indira. J’aime le dire ainsi, parce qu’elle a grandi sous nos yeux. Entre les pauses à l’université, ma petite bande et moi reprenions en dansant «toukchè-toukchè», extrait du titre hyponyme ‘‘Quelle joie’’ ; qui passait en boucle dans le programme Clip-Box sur la Crtv. Cette Indira n’était pas les Rumta. Mais elle était notre petit bout de chou, avec la petite voix qui collait bien à ses six ans. On se disait qu’elle s’amuse. Mais les années défilent, et la petite est toujours là. Elle sort des albums. C’est beau. C’est bien. Mais, il y a encore du pain sur la planche. Le chemin vers la voix royale est encore long.
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La composition des textes n’a rien à envier aux autres artistes gospel. Il y a de la plume. Et c’est justement elle qui captive plus. La qualité des clips, surtout dans le dernier album, colle à l’ère du temps. Mais la voix n’évolue pas beaucoup. Elle est restée petite, un tantinet enfantine, fade, frêle. Elle manque de tonus, de punch, de grave. Qui est le coach vocal de notre Indira ? Pourquoi n’arrive-t-il pas à sortir cette voix qui reste enfouie dans ses tripes ? Cette fille a de la volonté mais il en faut plus. La musique, ce n’est pas un jeu, surtout quand on en fait son (ou l’un de ses) métier (s). Et quand on chante pour louer l’Eternel, comment ne pas lui servir l’excellence de soi ? Il le mérite tellement.
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Indira a combien d’heures de vocalise par jour ? Ne me parlez pas de 2h, de grâce. Du haut de leur maturité, Beyoncé, Alain Oyono, Yemi Alade, Kareyce Fotso, Lady Ponce, Armand Biyag, Blick Bassy…enchaîne des heures de vocalise en 24h. La voix se travaille, ce n’est pas une improvisation. Il faut rappeler que chanter, c’est un peu comme faire du sport. Il faut s’entraîner régulièrement pour pouvoir optimiser son endurance et sa performance surtout lorsqu’on prépare une compétition. Un chanteur doit également adopter une vraie routine vocale afin de progresser rapidement et de ressentir plus de confort pendant l’exécution de la chanson.
Si Indira travaille sa voix, cela lui permettra inéluctablement d’identifier ses réels potentiels et ses points faibles. Elle pourra donc choisir les registres qui lui conviennent, ce qui l’aidera à mieux varier son répertoire et à cibler le plus de public possible. En d’autres termes, elle saura trouver sa voie et aura plus de chances d’avoir une belle carrière, à l’image de la princesse de l’Eternel qu’elle est.
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Je la vois bosser pendant 5 mois avec un monsieur intransigeant comme le Capitaine Toto Guillaume, et l’artiste qui somnolait en elle, va définitivement éclore. Fais-toi violence Indira Éden Baboke Tamboulo. Ne te contente pas de la popularité. Le fond est tout aussi important que la forme. Je veux voir en toi une Dena Mwana, une Cassi Kalala, une Debora Lukalu, Judith Sephuma ou encore Anne Elisabeth Mamina Kandé. Des précieuses pépites pour le gospel africain et donc l’écho de leurs voix porte au-delà des seuls mélomanes du continent. Des parfaites inconnues hier, connues aujourd’hui de par le monde entier pour la seule gloire du Dieu vivant grâce à leur talent et leur acharnement.
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Prend un excellent coach vocal, pas celui qui te fera des fleurs. Laisse-toi aller à l’intransigeance d’un musicien perfectionniste. Après un an, tu nous diras des nouvelles. Et je confesserai que notre petite Indira est devenue grande, enfin!
Valgadine TONGA