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Grève à Bolloré Cameroun : entre revendications et chantage

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Plus de 400 employés du groupe français, acheté par le groupe Msc, sont en grève, pour licenciement.

Il est 12h ce mercredi 1er février 2023 dans la capitale économique camerounaise. A l’espace portuaire, l’ambiance n’est pas celle des jours ordinaires. En face du géant bâtiment qui porte encore le nom du groupe Bolloré,  une centaine d’hommes et de femmes devisent. Par grappes, ils sont assis à même le sol pour certains, adossés sur la barrière pour d’autres. Le noir qu’ils arborent est le témoignage de ce qu’ils partagent comme identité commune. «Nous sommes tous des employés du groupe Bolloré. Nous sommes plus de 400 à être licenciés. Arrivés ce matin, nous n’avons pas pu avoir accès à l’entreprise. C’est un gendarme qui nous a signifié notre licenciement. Il avait une liste en main», raconte un employé. Avec ses collègues, ils sont aux abois.

La porte-parole du collectif des délégués du personnel de Bolloré Transports et Logistics et Socopao, Margot Ndje Tècle nous explique que «le groupe Bolloré a vendu ces deux entités et d’autres au groupe Msc (Mediterranean Shipping Company). La vente a été validée le 21 décembre 2022. Bien avant, le collectif du personnel avait saisi l’inspection du travail, le 1er mars 2022, pour dire que si la vente est validée, cela tombe sur le coup de l’article 42 du Code du travail. Il y a eu une tripartite avec les délégués du personnel, l’employeur et l’inspection du travail. L’inspection du travail a tranché en disant que l’article 42 s’appliquera à la confirmation de la vente

Ledit article, dans son alinéa 1 (a) dispose que : «S’il survient une modification dans la situation juridique de l’employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel entrepreneur et le personnel de l’entreprise.»  Le collectif des délégués du personnel a exigé à l’employeur d’appliquer la législation en vigueur. «Mais à la place, il nous intimide, dénonce Margot Ndje Tècle. Et d’ajouter : Parmi les 438 employés qui ont demandé à être payés avant la modification du contrat, Bolloré a servi des lettres de rupture de contrat. Actuellement nous avons une centaine de collègues qui ne peuvent plus avoir accès au bâtiment, et qui sont considérés comme licenciés. Nous voulons la réintégration pour ceux qui veulent rester, et le paiement des droits, bien calculés, de ceux qui veulent partir. C’est ce que nous réclamons, pour mettre fin à la grève pacifique que nous avons entamée ce 1er février.»

Lire aussi :Action sociale : Bolloré rhabille l’école communale de Mambanda 

Au sein de l’administration du groupe Bolloré, ou mieux, de Msc, on persiste et signe sur la non applicabilité de l’article 42 pour le cas précis, étant donné que Msc va poursuivre la même activité que Bolloré. L’administration prend appui sur le même article 42, alinéa 1 (b) qui dispose à propos : «Les dispositions de l’alinéa précédent ne s’appliquent pas : lorsqu’il y a changement d’activité de l’entreprise ; lorsque les travailleurs expriment, devant l’inspecteur du travail du ressort, leur volonté d’être licenciés avec paiement de leurs droits, avant la modification

Bien que contre la sentence de l’inspection du travail, l’employeur a cédé, en acceptant « d’une part le maintien de l’emploi, avec leurs acquis sociaux pour les collaborateurs souhaitant continuer l’aventure ; et d’autre part, le licenciement avec paiement des droits légaux, sans obligation de réembauche pour les travailleurs souhaitant être libérés de leur relations contractuelles», lit-on dans le message du directeur général de Bolloré Cameroun, Serge Agnero. Dans ce message du vendredi 27 janvier 2023 adressé au personnel, le Dg promet de s’y atteler, dans les plus brefs délais, tout en regrettant le départ de ces collaborateurs. «C’est exactement ce qui s’est passé ce matin. Ils reçoivent leur lettre de licenciement et leurs droits.  Ils sont plus de 400 employés à avoir adressé chacun une lettre à l’inspection du travail, dans laquelle ils demandent leurs licenciements. L’inspection du travail nous a renvoyé ces lettres pour que nous respections la volonté de ces travailleurs. C’est ce qui est en train d’être fait, mais ils se plaignent.» Dans l’une des lettres dont nous avons eu copie, on peut lire : « Madame le délégué, relativement au projet de cession de 100% des actifs Bolloré Africa Logistics au groupe Msc, j’ai l’honneur de vous exprimer mon souhait d’être licencié avec la liquidation de tous mes droits avant la modification de la situation juridique de l’employeur».

Quid de la grève? Elle est «illégale, selon les articles 158 à 164 du Code du travail. La grève ne peut être engagée qu’en cas de refus d’exécuter de bonne foi, une sentence. ce qui n’a pas été le cas. Notre souhait répété depuis le début du projet de cession aurait été de poursuivre l’aventure avec tous nos collaborateurs», relève le Dg dans son message au personnel, du 30 janvier. Selon les textes en du Code du travail, la grève engagée en violation des dispositions peut entraîner «la rupture du contrat de travail pour faute lourde, et la condamnation à une amende de 20.000 à 100.000.»

Un employé en service nous confie sous cape : «Les délégués du personnel ont tout simplement voulu faire du chantage à Bolloré. Pourtant Bolloré s’était entendu avec le repreneur, sur le maintien de l’emploi, l’ancienneté et autres droits des employés.  Malheureusement, ils ont signé les lettres demandant leur licenciement. S’ils avaient été licenciés par l’employeur, le paiement des droits aurait été conséquent. Mais quand eux-mêmes sollicitent leur licenciement, la donne n’est plus pareille. Je pense que mes collègues ont été induits en erreur par nos délégués du personnel, qui voulaient faire du chantage à Bolloré en neutralisant la moitié du personnel

Les positions sont aujourd’hui tranchées. Le collectif des délégués du personnel campe sur sa position, l’employeur aussi.

Valgadine TONGA

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