Les différentes articulations des journées culturelles des 9 et 10 février 2022 du peuple Mangamba dans le Littoral, invitaient les Camerounais à l’amour de la paix.
Mangamba. Groupement situé dans l’arrondissement de Fiko, département du Moungo dans la région du Littoral du Cameroun. Il signifie «Terre des hommes » ou « village de regroupement ». «A Mangamba, explique Sa Majesté Nseke Ngouassa Martin, représentant du chef de Bonakwassi, toutes les familles qui constituent les différents villages ne sont pas venues au même moment, mais par vague. Partageant la même langue, la même culture, nos ancêtres ont décidé de former un regroupement appelé Mangamba, avec sept chefferies distinctes (Kounang, Bonamakao, Bonakwassi, Bonampako, Bonamboule, Fiko et Boneyan). Nous sommes un village de paix, d’unité. Depuis des lustres, nous vivons avec des frères que nous appelons Calabar. Ils viennent du Nigéria. Nous avons des Bamilékés, des peuples du Nord-Ouest, des Nordistes…»
Vestiges allemandes
Pour mieux s’imprégner de ce village cosmopolite, les randonneurs et riverains ont connu deux jours d’activités inédites. Les 9 et 10 février 2022, les journées culturelles à Mangamba ont été l’occasion de communion entre les peuples, autour de la lutte traditionnelle, d’un match de gala, de l’arbre à palabre, des danses traditionnelles, de sensibilisation aux méfaits de la drogue par la Fondation d’Education d’Espérance By Flomik, de randonnée…
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La randonnée pédestre de ce 10 février aura permis aux visiteurs et même aux habitants de Mangamba, de découvrir l’étendue de leur richesse culturelle, des sites historiques, logés dans une vaste forêt. Une étendue de 8 hectares sur laquelle s’étaient établis, dans les années 1800, les Allemands. On peut encore voir aujourd’hui les restes de l’école, de la prison, du cimetière de ces premiers Allemands et de quelques anciens du village qui ont enseigné à l’école allemande. Si plusieurs pierres tombales n’existent plus, quelques-unes sont encore visibles. Celle de Louise Bertha Wittwer née en 1868 et décédée en 1903 ; celle de Georg Schmitt, décédé en 1890… Juste à la gauche du cimetière, se trouve la chapelle coloniale Baselle. Certes le toit n’a pas résisté à l’usure du temps, mais les murs restent bien solides.
Vivre-ensemble
Elite de Mangambe, il a fallu plus de 50 ans à Florient Mbangue pour découvrir les sites touristiques de son village : «J’ai eu la chance d’être là aujourd’hui parce que je vis à l’extérieur, et de manière inopinée je me suis retrouvé là. Les journées culturelles sont toujours très importantes. Pas seulement pour Mangamba, mais de manière générale, parce qu’elles permettent aux jeunes gens et aux personnes âgées de connaître leur culture. J’ai découvert lors de la randonnée, des vestiges qui datent de 1850. Ce n’est pas hier, ça fait 160 ans aujourd’hui c’est beaucoup. Ces occasions doivent être répétées.»
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Initiatrice de ces journées culturelles, Grâce Ndone Kama avait pour objectif de vulgariser le «le film documentaire Nkon Ni Nlombe Mut Mwa. La période de la semaine de la jeunesse a été choisie parce que je voulais leur parler, les inviter à appliquer les messages d’amour, de paix, de vivre-ensemble. Comme je l’ai dit plusieurs fois, nous sommes une communauté au Cameroun qui se retrouve être éclatée du fait de la colonisation et des migrations. Nous (Barombi et Bankon) avons été séparés pendant plus de 200 ans. Ces journées sont aussi des retrouvailles pour construire ce qu’on nous a volé. C’est notre modeste contribution à la situation critique que traverse notre pays en ce moment. Les Camerounais doivent comprendre que nous sommes un seul peuple. Les autres sont venus avec le français et l’anglais. Je pèse mes mots quand je le dis, il est ridicule que les Camerounais se déchirent aujourd’hui pour l’anglais ou le français. D’ailleurs je n’aime pas cette expression de francophone, anglophone.»
Dans la même veine, Sa Majesté Jean Laurent Mboule Mboule, chef de Boneyan poursuit : «C’est l’occident qui nous a amenés à la division. Nous sommes des frères, sans équivoque. Nous nous exprimons de la même manière, nous avons les traditions identiques. Notre souhait aujourd’hui c’est que les Camerounais sachent qu’ils sont tous des frères. J’ai mes frères Bankon dans la Lekié dans le Centre». Rendez-vous l’année prochaine pour l’acte 2 des journées culturelles à Mangamba.
Valgadine TONGA
