Une étude réalisée au Cameroun indique que 26,8% des élèves qui ont déjà fumé ont expérimenté leur première cigarette à 8 ans.
«Fumer tue», «Fumer provoque le cancer», «Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage»…Ces messages sont lisibles sur des paquets de cigarettes. Mais pas suffisant pour raviser le fumeur invétéré. Il est question maintenant de recruter et fidéliser une autre catégorie de fumeurs, les élèves. L’Enquête globale sur le tabagisme chez les jeunes (GYTS) âgés de 13 à 15 ans a été réalisée au Cameroun en 2014. Il ressort que 10,1% des jeunes âgés entre 13 et 15 ans utilisent des produits du tabac. 16,1% d’élèves qui ont déjà essayé de fumer ont expérimenté leur première cigarette avant 7 ans ; 26,8% entre 8 et 9 ans ; 22,8% à l’âge de 10 ou 11 ans. 45,2% de ces jeunes fumeurs présentent des signes de dépendance.
L’industrie du tabac au Cameroun n’a as besoin de trop d’efforts ou d’imagination pour conquérir sa cible. Avec des parents ou un entourage fumeur, des films ou clips où les idoles des jeunes fument comme des cheminées…le tour est joué. L’étude suscitée relève que 28,5% des jeunes sont exposés à la fumée de tabac dans leurs domiciles ; 42,1% des jeunes sont exposés à la fumée de tabac dans les lieux publics ; 25,1% des jeunes ont observé des personnes fumer dans l’enceinte des établissements scolaires. Il faut aussi souligner que 100% des écoles enquêtées ont dans leurs environs des épiceries vendant des cigarettes à l’unité. La publicité des sociétés de fabrication de tabac, les ventes de cigarettes devant les établissements scolaires, la non limitation de l’âge des consommateurs de tabac n’est pas pour servir les jeunes. L’étude note à propos que 57, 4% des jeunes fumeurs achètent leurs cigarettes dans les magasins d’approvisionnement, les kiosques et chez les vendeurs ambulants. Plus de 8 fumeurs sur 10 veulent arrêter, mais le mal est déjà profond. Seulement 67,1% des élèves sont en faveur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. C’est pourtant l’une des solutions que propose la Convention Cadre de l’Organisation mondiale de la Santé pour la Lutte Anti Tabac (CCLAT).
Les taxes sur le tabac
Cette convention qui a été ratifiée par le Cameroun en 2006 «oblige les parties à la convention à adopter et à mettre en œuvre des avertissements sanitaires sur tous les emballages et étiquetages des produits du tabac. L’article 11 recommande que les parties apposent des images en couleur sur les deux faces principales des paquets de cigarettes», rappelle la Coalition camerounaise contre tabac, C3T. Elle a organisé, en faveur de la journée mondiale contre le tabac, ce 31 mai 2017 une exposition des avertissements graphiques sur les paquets de cigarettes, capable de booster la lutte contre la consommation du tabac. Une exigence que refuse l’industrie du tabac. En s’appuyant sur les recommandations de la Convention Cadre de l’OMS, la C3T plaide pour l’adoption d’une législation nationale efficace pour les environnements 100% sans fumée ; l’interdiction complète de toutes formes de publicité, de promotion et de parrainage du tabac ; l’interdiction de la fabrication, de l’importation et de la vente de produits du tabac aromatisé ; l’interdiction de l’exposition des produits du tabac dans les points de vente à côté des produits non tabagiques… l’interdiction de la vente de cigarette aux mineurs. «Une augmentation d’1 dollar en termes de taxe sur les cigarettes permettrait d’obtenir 190 milliards de dollar (95.000 milliards Fcfa) supplémentaires pour le développement. Des taxes sur le tabac contribuent à la production de recettes fiscales pour les pouvoirs publics, à la réduction de la demande de tabac», argue la Coalition camerounaise contre le tabac.
L’Organisation mondiale de la santé confie que le tabac tue environ 6 millions de personnes dans le monde chaque année. Presque 80% du milliard des fumeurs dans le monde vivent dans les pays à revenu faible et intermédiaire. D’après les résultats de l’Enquête globale sur le tabagisme chez les adultes, 1.100.000 personnes sont des consommateurs réguliers des produits de tabac au Cameroun.
Valgadine TONGA