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Education au Cameroun : la scolarisation des filles piétine dans le Grand Nord

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Les jeunes filles sont reléguées au second rang au bénéfice des garçons.

La région de l’Extrême-Nord, comme celle de l’Adamaoua, de l’Est et du Nord connait un faible taux de scolarisation depuis plusieurs années. D’après les chiffres du rapport d’analyse des données de la carte scolaire et d’alphabétisation publiés par l’Institut national de la statistique en mars 2021, la répartition des proportions d’effectifs d’élèves dans la région de l’Extrême-Nord par zone et par sexe au niveau primaire en 2019-2020, fait état de ce qu’en milieu urbain, 52,9% de jeunes garçons contre 47,1% de filles vont à l’école. En milieu rural, 56,4% de garçons vont à l’école contre 43,6% de filles. Même si la tendance reste positive dans certaines zones du Septentrion, jusqu’ici, cette région rencontre encore des difficultés énormes pour l’accès à l’éducation de la jeune fille.

Lire aussi :Extrême-Nord : la sous-scolarisation de la jeune fille inquiète 

«Ces difficultés sont liées le plus souvent à l’offre scolaire, la demande scolaire, les facteurs politiques et législatifs. Aussi, il faut citer les facteurs démographiques notamment le sexe du chef de ménage, le statut familial de l’enfant, la structure par âge et par sexe des membres du ménage, la taille du ménage, le statut matrimonial du chef de ménage entre autres», explique Abakar, un sociologue basé à Maroua. A cela s’ajoute les facteurs culturels. A cet effet, il s’agit dans cette partie du pays du statut de la femme, de la religion, de l’ethnie et aussi du niveau de l’instruction du chef du ménage. Les facteurs économiques ne sont pas à oublier. L’influence du niveau de vie du ménage sur les disparités entre sexes en matière de scolarisation a été démontrée par plusieurs études. L’activité économique du chef de ménage discrimine la scolarisation des enfants dans la région de l’Extrême-Nord.

Lire aussi :Education : l’Extrême Nord et le déficit scolaire  

Mariages précoces

La pauvreté ambiante et la vie chère ne permettent pas aux parents de subvenir aux besoins éducatifs de tous les enfants. C’est ainsi que le choix est vite porté sur les garçons. Il est aussi facile de remarquer que les enfants appartenant aux ménages où le chef est un travailleur indépendant(un débrouillard) sont plus exposés au risque de travailler; par conséquent au risque de ne pas être scolarisés, par rapport à ceux vivant dans des ménages dont le chef est un travailleur salarié.

C’est ainsi que l’éducation de la jeune fille est freinée à cause de grossesses précoces et ou alors de mariages précoces. «Dans la plupart de nos villages et dans nos grandes villes, lorsque les filles tombent enceintes, leurs parents décident de ne plus payer leurs études car, pour eux, ça ne sert à rien de dépenser de l’argent dans un contexte difficile. Car de toutes les manières, elles ne vont jamais aboutir et ou arriver très loin. Ainsi, malgré leur volonté de poursuivre leurs études, elles sont contraintes de les interrompre, voire d’abandonner», explique Mahamadou Moussa, imam d’une mosquée dans le Logone et Chari. «Chez nous, il vaut mieux être un garçon pour avoir la chance d’aller à l’école, compte tenu des normes traditionnelles. Certains parents, bien qu’ayant fait des études universitaires, restent fidèles à leur tradition de base qui veut que seul le garçon ait droit à un niveau d’étude élevé», poursuit-il.

violences et exclusion

Selon des informations collectées à la bonne source, de nombreux  parents qui n’ont pas une source de revenus régulière préfèrent   envoyer leurs  filles en mariage à un âge précoce tout en réclamant en retour des sommes très importantes pour leur dot; ainsi, la famille peut subvenir aux besoins élémentaires avec cet argent. Cette perception n’est sans conséquence sur la vie de cette dernière. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans certaines localités, ces jeunes filles, une fois mariées, sont considérées comme un bien appartenant à leur  mari. Pourtant, plusieurs études prouvent qu’une fille scolarisée pourra de manière plus efficace contribuer au bien-être des siens et à son bien-être personnel.

Il faut comprendre qu’aujourd’hui encore, d’innombrables jeunes filles ne sont pas libres de leurs choix, ne peuvent décider de leur propre avenir et subissent violences et exclusion. Pour les populations avisées sur cette question, au-delà du combat pour la justice et contre les discriminations, la scolarisation des filles est tout simplement la condition du développement local. Il convient de noter que la campagne # Africa EducatesHer lancée en septembre 2020 par le centre International de l’Union Africaine pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique (l’UA-CIEFFA) constitue un véritable cadre dans lequel les Etats peuvent intensifier leur effort de promouvoir l’éducation des filles.

Anicet MAPOUT

 

Réactions : 


Béatrice Mayang Didja
, Présidente fondatrice de l’Association pour la Promotion des personnes vulnérables.

«Pour notre association, les filles ont les mêmes droits que les garçons»

Ce que nous faisons pour lutter contre la sous-scolarisation de la jeune fille, c’est de mener des campagnes de sensibilisation et aussi des causeries au sein de nos communautés villageoises. Ces campagnes se font le plus souvent pendant la période pré-rentrée scolaire. Quand nous observons ces questions qui sont encore très complexes dans les villages, nous les faisons au sein des familles. Nous nous attelons également à dénoncer des cas auprès des structures compétentes, notamment le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille. Nous amenons également des cas vers les autorités compétentes surtout quand il s’agit de l’abus et ou du mariage précoce. Tout ce que nous menons comme activités, nous le faisons de commun accord avec les communautés concernées. Au cas où la situation va au-delà des compétences de notre association, nous les confions à l’Association de Lutte contre les violences faites aux femmes et filles (Alvf). L’Association pour la promotion des personnes vulnérables travaille en général sur les questions des violences basées sur les genres (VBG). Le refus d’envoyer des filles à l’école au détriment des garçons fait partie intégrante des VBG que nous combattons avec la dernière énergie. Nous demandons aux parents d’envoyer leurs filles à l’école tout comme les garçons. Comme nous avons toujours l’habitude de le dire, un enfant bien formé est d’un soutien indéfectible pour la famille.

Brahim Moussa Hissein Koudja, fidèle musulman

«La scolarisation permet aux jeunes filles de s’exprimer et d’acquérir une connaissance dans un domaine bien précis»

L’islam appelle tout musulman et en particulier musulmane à s’éduquer. Il suffit de s’inscrire dans un établissement agréé qui ne disperse pas les cours allant dans le sens de dénigrer ladite religion. D’ailleurs, il faut dire que la religion islamique est contre l’oisiveté, la paresse, la mendicité et bien d’autres vices. La scolarisation permet aux jeunes filles de s’exprimer et d’acquérir une connaissance dans un domaine bien précis.

D’ailleurs, il est à rappeler que les filles qui bénéficient d’une éducation ont moins de risques de se marier jeunes et plus de chances de mener des vies productives pour leurs communautés et surtout en bonne santé. Leurs revenus sont plus élevés, elles participent aux décisions qui les concernent le plus et elles construisent un avenir meilleur pour elles-mêmes et pour leurs propres familles. Car la scolarisation et l’éducation des enfants font partie des obligations des père et mère.

Rassemblées par Anicet MAPOUT

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