Sept mois après le drame d’Eséka, le chef de l’Etat incrimine Camrail comme principal responsable et décide du déblocage d’un milliard de Franc cfa pour une assistance complémentaire des victimes.

Le rapport d’enquête attribue la responsabilité principale du déraillement du train n° 152 à la société Camrail. Selon ledit rapport, la structure aurait lésiné sur des règles de sécurité comme la vérification du système de freinage. L’Etat du Cameroun reconnait la responsabilité «à titre principal» de la Camrail dans le déraillement du train survenu à Eseka le 21 octobre dernier. C’est ce que révèle la Commission mise sur pied par le président de la République, Paul Biya, dont le rapport a été rendu public ce mardi, 23 mai 2017.
La cause principale de cette catastrophe est liée à « une vitesse excessive de 96Km/h dans une portion pour voie où la vitesse est fortement limitée à 40km/h et qui comprend, en outre, une forte déclivité et plusieurs courbes serrées« . A cette cause cruciale, se subordonnent d’autres facteurs non négligeables souligne ce rapport. Il s’agit de : « La surcharge du convoi et la rallonge inappropriée de la rame ; la défaillance du système de freinage ; l’utilisation d’une motrice dont le freinage rhéostatique était hors de service ; l’absence de vérification sérieuse de la continuité du freinage de la rame avant son départ de Yaoundé ; le refus de la hiérarchie de Camrail de prendre en considération les réserves émises par le conducteur du train« . Ce sont des faits, qui, de l’avis des experts internationaux en matière d’accidents ferroviaires commis pour mener les investigations, incriminent le transporteur Camrail.
Érection d’une stèle à Edéa
A cause des répercussions de ce drame ferroviaire, Paul Biya décide du déblocage d’un milliard de Franc cfa pour une assistance complémentaire des victimes. Au terme du rapport d’enquête, le Chef de l’Etat prescrit des mesures ci-après: revoir l’audit de la convention de cession entre l’Etat et Camrail; création, à brève échéance, de la société de gestion des chemins de fer; prise des sanctions appropriées à l’égard des responsables incriminés dans le rapport d’enquête; transmission dudit rapport d’enquête à la justice. Aussi le Président de la République a-t-il décidé de l’érection d’une stèle à Eséka en mémoire des victimes. On relève tout de même qu’aucune sanction n’a été prise contre Camrail.
En rappel, cette commission comprenait le Premier ministre, le ministre d’Etat, ministre de la Justice Garde des Sceaux; le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre délégué à la Présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, le Secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale, le délégué général à la Sûreté nationale. Rapporteur désigné pour la circonstance, le Secrétaire permanent du Conseil national de sécurité. La commission avait pour mission de déterminer les causes de cet accident ferroviaire, mais aussi de « proposer les mesures visant à limiter les risques de survenue d’une telle catastrophe à l’avenir, établir les responsabilités y afférentes, évaluer la gestion de cette catastrophe, l’assistance aux victimes et faire toute proposition pertinente y afférente». Le drame d’Eséka avait causé, le 21 octobre 2016, selon des sources officielles, 79 morts et des centaines de blessés.
Serge Aimé BIKOI