La mission d’assistance technique du consortium Cowi/Ecorys commise par l’Union Européenne auprès de la Cemac et la Ceeac a rendu son rapport sur la situation du secteur de l’énergie dans les pays de l’Afrique centrale.
Après deux années de travail dans les pays de l’Afrique centrale, le consortium Cowi/Ecorys a restitué les 20 et 21 janvier 2022 à Douala au Cameroun, les résultats de sa mission d’assistance technique. Une mission qui consistait à faire l’état des secteurs de l’énergie, des Tic et des transports des pays de la sous-région. L’objectif final étant de répertorier les projets intégrateurs à même de profiter des financements en mode blending.
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Dans son rapport de 221 pages consacré au secteur énergétique de l’Afrique centrale, voici l’analyse de la mission d’assistance technique du consortium Cowi/Ecorys : le secteur est marqué par la vétusté et la surcharge du réseau électrique, ce qui se traduit par un taux de défectuosité important des ouvrages ; une tarification de l’électricité qui ne reflète pas la réalité du marché et occasionne une très forte tension financière ; de très mauvaises performances commerciales du secteur de l’électricité car moins de 50% de l’énergie produite est payée par le consommateur des caisses des concessionnaires ; une très faible interconnexion du réseau électrique à l’intérieur d’un même pays ; une forte consommation des combustibles ligneux (bois et charbon de bois) qui favorise la déforestation ; une faible consommation des combustibles fossiles (produits pétroliers et gaz) bien que la région en soit essentiellement productrice ; un énorme potentiel hydroélectrique inégalement réparti…
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Au Cameroun, la production hydroélectrique est de 1471MW, selon le rapport d’activité 2019-2020 de l’entreprise Eneo, en charge de la production, de la distribution et de la vente de l’énergie électrique au Cameroun. Malgré sa capacité de production énergétique, peu de ménages jouissent de l’électricité. Selon le rapport d’activités suscité, Eneo compte moins de 1.400.000 ménages raccordés sur son secteur électrique ; les régions septentrionales et l’Est sont très peu desservis. «En 2019, le rendement distribution était de l’ordre de 68% pour un taux de recouvrement des factures de 83,5%. A cela il faut ajouter les pertes de transport qui sont de l’ordre de 6%», précise-t-on dans le rapport.
La vétusté des ouvrages de transport et de distribution de l’énergie électrique, l’ilotement des réseaux Nord et Sud, l’inadéquation de la production de sa raffinerie, le faible taux d’accès à l’énergie électrique, les tensions de trésoreries d’Eneo qui conduisent in fine aux délestages, la très faible pluviométrie dans le bassin versant du fleuve Benoué (qui dessert la centrale de Lagdo) ces dernières années…justifient le déficit de la production d’énergie. Cependant, du fait de son énorme potentiel hydroélectrique, gazier et solaire, le Cameroun bénéficiera du financement en mode blending des projets intégrateurs identifiés dans le cadre du projet Pagirn (Programme d’Appui à la Gouvernance des Infrastructures Régionales et Nationales en Afrique centrale), mis sur pied entre l’Union européenne et les pays de la sous-région, à travers ses institutions économiques).
Le rapport du consortium Cowi/Ecorys a identifié les projets susceptibles de booster la croissance infrastructurelle des pays de l’Afrique centrale. Il s’agit dans le secteur de l’énergie, du développement du site hydroélectrique d’Inga et des interconnexions associées estimé à 12.240.000 Euro, l’étude sur l’interconnexion des réseaux électriques des pays membres de la Ceeac estimé à 1.886.000.000 Euro…
Valgadine TONGA