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AccueilCrise anglophone : Ces caciques qui se nourrissent de la guerre

Crise anglophone : Ces caciques qui se nourrissent de la guerre

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Pendant que les voix se lèvent pour encourager le dialogue et les initiatives dans ce sens pour la résolution de la crise anglophone, le premier magistrat de la ville de Buea sollicite une plus forte militarisation de la région et s’oppose à l’idée de la conférence proposée par les hommes de Dieu.

Pour la résolution de la crise anglophone, tout le monde est unanime que le dialogue est aujourd’hui un remède plus efficace que la lutte armée. Quand nous disons tout le monde, il s’agit surtout du gouvernement dont la position sur la question a beaucoup évolué depuis le début. Des propos complètement hostiles au départ, allant de la dénégation de l’existence même du problème à l’exclusion totale de toute éventualité de discussion, le porte-parole du gouvernement est aujourd’hui favorable « à toute initiative, d’où qu’elle vienne, pourvue qu’elle contribue à consolider la paix, à restaurer la paix sur l’ensemble du territoire, là où cette dernière serait menacée

L’histoire nous renseigne que les hommes d’églises ont souvent joué un rôle déterminant dans la recherche de la paix dans les pays en conflits.
Cardinal Christian Tumi.

Il réagissait ainsi à l’appel du Cardinal Christian Tumi de participer à une conférence générale des anglophones à la fin de ce mois d’août à Buea, laquelle conférence poserait les bases d’un dialogue éventuel que pourra organiser le gouvernement. Et pendant que le gouvernement accueille favorablement l’initiative, il reste certaines personnalités qui ne veulent pas en entendre parler. C’est le cas du maire de Buéa, Patrick Ekema. Ce dernier a conduit le mardi 31 juillet 2018 une marche pacifique de la place de l’indépendance de Buea au bureau du gouverneur de la région du Sud-Ouest. Il était pour lui question de dénoncer l’enlèvement de certains chefs Bakweri par les forces sécessionnistes.
Il en a profité pour demander un renfort militaire pour toute la région du Sud-Ouest, au moment même où le Cardinal Christian Tumi, le greffier synodal de l’Eglise presbytérienne du Cameroun (Pcc) et les imams des mosquées centrales de Bamenda et de Buea demandent que le gouvernement retire les troupes militaires stationnées dans ces régions pour créer des conditions favorable à la conférence.
Hostilité
S’agissant de cette conférence, le premier magistrat de la ville de Buéa n’est pas passé par quatre chemins pour dire qu’elle ne se tiendra pas dans sa ville, menaçant même de faire couler du sang si les organisateurs persistaient à tenir cette réunion dans sa municipalité, en rappelant que c’est lui qui représente la loi ici. Comment comprendre alors qu’au moment où même le gouvernement salue l’initiative qui peut aboutir à la paix, même en restant réservé sur les conditions, le maire de l’une des villes les plus touchées par cette crise s’y oppose, et menace même de faire couler du sang, et ce devant le gouverneur de la Région ? Tout laisse croire qu’il y a des gens qui se nourrissent de cette crise et n’ont aucun intérêt à ce qu’elle prenne fin. Si en aval il y a des individus qui tirent les dividendes en termes de prébendes, frais de missions, allocations spéciales, primes et autres, en amont c’est l’Etat c’est-à-dire le contribuable qui saigne.
L’Etat saigné à blanc

Crise anglophone : Les villes mortes de moins en moins suivies
Buea (archives).

Dieudonné Essomba explique qu’une  «guérilla sécessionniste n’a pas pour vocation de battre l’armée, son but est de mettre l’Etat à genoux en l’épuisant, et c’est cela que font les rebelles anglophones. Leur action se fait en ciseaux : D’un côté, elle soumet l’Etat à d’importantes charges de défense, de sécurité et reconstruction, explosant le budget qui y est consacré au détriment d’autres postes essentiels, comme la santé, l’éducation, les infrastructures, etc. De l’autre côté, elle réduit les sources de revenu de l’Etat, en déstabilisant les réseaux économiques. Les rebelles anglophones ont ainsi anéanti les flux commerciaux dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et avec le Nigeria, conduit la PAMOL à l’arrêt des activités, déstabilisé le fonctionnement de la CDC, réduit la production du cacao de 80% au Sud-ouest, sans compter d’autres activités », fin de citation. Pour lui, l’initiative du clergé anglophone est on ne peut plus salutaire et ouvre une perspective intéressante pour sortir de cette mélasse. Il faut donc l’encourager, même si on n’est pas obligé de céder à tous les préalables. Pour le dire simplement, à ce jour, beaucoup de projets de développement sont à l’arrêt parce que les ressources qui y étaient destinées sont désormais allouées à la guerre. Non seulement elle absorbe beaucoup d’argent, mais en plus elle empêche l’économie de tourner, les investissements sont au ralenti et la création d’emplois est arrêté.
Il est impossible, compte tenue de la spécificité de l’armée réputée muette, de savoir ce que coûte à ce jour cette crise au budget de l’Etat. Mais si le gouvernement s’amusaient à publier les chiffres, il y aurait de quoi tomber évanoui. Des indiscrétions font état de ce que tout soldat mobilisé bénéficie en principe de 5000 FCfa de prime par jour, en plus de toutes les charges. Si l’on suppose que 1000 soldats sont mobilisés, nous avons 5 millions de Francs Cfa par jour, et ce depuis deux ans que ça dure. Les autres dépenses vont de l’achat des armes à l’équipement en matériel roulant, volant ou naviguant, en passant par les uniformes, la nutrition, l’hébergement et autres détails classés secret défense. Mais le fin mot de l’histoire est que le contribuable camerounais paye cher le prix de cette guerre.
Le gouvernement lui-même en est conscient, que les caisses de l’Etat sont mises à rude épreuve depuis le début de cette crise. L’accueil favorable réservé aujourd’hui à toute initiative du dialogue n’est pas naïf. Il n’y a que ceux qui tirent profit de cette crise qui rament à contre-courant de toute initiative de paix. A moins d’être du côté des séparatistes qui affirment que le temps du dialogue avec le gouvernement camerounais est passé et c’est maintenant la phase de médiation.
Roland TSAPI

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