Procureurs, magistrats, ministres, juges, avocats, notaires, autorités religieuses… ont fait le plein de la salle de la Cour Suprême ce mercredi 22 février 2017 à Yaoundé. Pour cause, l’audience solennelle de la rentrée judiciaire de la Cour Suprême, pour le compte de l’année judiciaire 2017.

Devant une assistance parfois somnolente (cas de certains ministres), le procureur général, Luc Ndjodo s’est dans son réquisitoire, appesanti sur le respect des droits de l’homme. Des droits qui doivent être défendus par l’autorité judiciaire. «La liberté d’aller et venir est reconnue par les textes constitutionnels, les instruments internationaux ratifiés par le Cameroun» a mentionné Luc Ndjodo. Non sans souligner que la détention qui constitue une atteinte grave aux libertés des droits de l’homme ne peut être ordonnée que si c’est légal.
Luc Ndjodo a également passé en revue les différentes mesures dont dispose la police judiciaire pour l’arrestation provisoire et légale de privation des libertés. «Il ne s’agit pas d’une entorse à la présomption d’innocence consacrée par la loi fondamentale, mais du souci d’une plus grande efficacité dans l’administration de la justice. La loi oblige toutefois le juge d’instruction à fixer la durée de la détention provisoire dans le mandat.» Les sanctions prévues par le législateur contre le magistrat et l’officier de la police judiciaire reconnu coupable d’abus de pouvoir.
Le premier président de la Cour Suprême, Daniel Mekobe Sone, a pour sa part fustigé la résurgence de la justice privée (ou vindicte populaire) et l’état de droit au Cameroun. «On croyait révolu le temps où les hommes n’étaient guidés que par leurs instincts primaires et où l’homme était un loup pour l’homme. La Constitution de notre état de droit semblait avoir éloigné ces comportements qui ramènent l’homme à son état primitif. Cet état de droit est la pierre angulaire de toute société démocratique», indique le premier président de la Cour Suprême, Daniel Mekobe Sone. Et de s’interroger : «Pourquoi la justice privée prend de l’ampleur au Cameroun ? Nous côtoyons au quotidien des manifestations partant de la loi du talion, sans en mesurer l’impact global sur notre société.» La rentrée judiciaire de la haute Cour est marquée par la grève des avocats anglophones depuis plus de trois mois, la détention de certains avocats et magistrat dans le cadre de ces manifs.
Valgadine TONGA