Le conflit né de l’organisation des élections du dimanche 7 octobre dernier n’a pas encore livré les fruits annoncés par l’abondance des contestation. Partagés entre annulation totale et partielle, les requérants sont dans toutes les dimensions de l’expectative.
Au nombre des contestataires devant le Conseil constitutionnel dont les délais de saisine sont forclos depuis le mercredi 10 octobre 2018 à minuit, figurent ceux qui ont effectivement participé au scrutin et ceux aussi qui n’y ont pas été autorisés par le juge électoral. A retenir essentiellement deux cas. Le plus emblématique est celui de l’intrépide Bertin Kisob, président national du Cameroon party for social justice (Cpsj), qui a déposé 14 recours au greffe de l’institution juridictionnelle en matière électorale.
Il saisit le Conseil aux fins d’invalider les résultats du candidat Paul Biya du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), dans toutes les dix régions et au sein de la diaspora. Aussi, il demande au Conseil constitutionnel de se déclarer incompétent pour la supervision et la proclamation des résultats. Il requiert aussi la suspension des responsables d’Elections Cameroon (Elecam). Le deuxième requérant qui n’a pas pris part au scrutin est le candidat indépendant recalé, le pasteur Gabanmidanha Rigobert Aminou, qui sollicite une «annulation et reprogrammation de l’élection du président de la République du Cameroun du 7 octobre 2018».
Annulation totale du scrutin
Ces deux requérants ont effectivement participé au scrutin avec des fortunes diverses en fonction des différents résultats qu’ils ont eu des bureaux de vote à travers tout le pays et au sein de la diaspora. Ces deux sont déterminés à voir le scrutin entièrement annulé. Quant à Joshua Osih, le candidat du Social Democratic Front (Sdf), il invoque la violation de certaines dispositions de la Constitution et du Code électoral pour solliciter «l’annulation totale de l’élection présidentielle du 07 octobre». Cabral Libii, est dans la même la logique même si les moyens allégués diffèrent quelque peu. Il s’explique : «Après avoir rassemblé et confronté les procès-verbaux que nous avons reçus de nos équipes de coordination dans les régions et de nos différents représentants dans les bureaux de vote, nous avons constaté que les procès-verbaux validés au niveau des différentes commissions départementales de recensement de votes et qui seront acheminés à la commission nationale de recensement des votes pour simple enregistrement, puis au Conseil constitutionnelle pour leur proclamation, sont en totale contradiction avec les copies des procès-verbaux remis à nos équipes juste après le dépouillement public des votes qui a lieu à la fin des opérations de vote. Fort de ce constat des manquements au cours de son déroulement et de la fraude manifestée, le début d ‘exécution valant acte en droit camerounais, j’ai donc demandé à mes conseils d’obtenir l’annulation pure et simple de cette élection au motif qu’elle n’est ni libre, ni transparente encore moins crédible ».
Maurice Kamto pour une annulation partielle
Le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), fort d’une coalition avec certains partis politiques, demande l’annulation partielle des opérations électorales dans les bureaux de vote de sept régions à savoir : Nord-Ouest, Sud-Ouest, Adamaoua, Nord, l’Extrême-Nord, l’Est et Sud. Le «tireur de pénalty » relève la violation de certaines dispositions du Code électoral, ainsi que le « non-respect du retrait des bulletins du candidat Akere Muna». Le Conseil constitutionnel qui est tenu de proclamer les résultats avant le 22 octobre 2018, doit se prononcer préalablement sur ces différentes requêtes. Déjà, la Commission Essombe est à pied d’œuvre pour le comptage des voix issues des différents départements du pays. Les différentes mémoires en échange entre les parties, éclaireront certainement les conseillers à prendre les meilleures décisions qui vont dans le sens de la volonté des Camerounais matérialisée dans le vote du 7 octobre passé.
Daniel NDING