En quête d’amples connaissances sur l’exploitation portuaire afin d’être mieux productif, les jeunes travailleurs de la place portuaire de Douala ont lancé un concept d’échanges, baptisé Café portuaire.
«Importation des marchandises : les acteurs et les procédures». Ce thème a tenu en haleine la vingtaine d’acteurs de l’espace portuaire de Douala, réunie dans un restaurant de la ville ce 25 avril 2019. Au centre, le Secrétaire général du Syndicat national des transitaires transporteurs et acconiers du Cameroun. Du haut de son âge et de son ancienneté, Albert Etoundi est une personne ressource. De son exposé, on retient notamment que le Cameroun a toujours une balance commerciale déficitaire, c’est-à-dire qu’il importe plus qu’il n’exporte. En 2018 par exemple, le Port de Douala a importé des marchandises d’un tonnage de 8.675.700. Sur la même période, le Pad a noté une exportation de 3.141.000 tonnes de marchandises.
Aussi, souligne l’orateur, on n’importe pas tout. «Selon la nouvelle Loi des finances, tout ce qui est vieux coûte plus cher. On essaie d’encourager les gens à importer les marchandises notamment les véhicules, qui sont encore un peu sérieux. Au niveau des matelas, des friperies, il y a le ministère de l’Environnement chez qui l’importateur paie la taxe sur l’environnement. Normalement on devrait interdire certaines catégories de friperies. Parfois même on les ramasse dans les hôpitaux (à l’étranger, ndlr) et on les ramène chez nous. Il y a les organismes qui sont habiletés à interdire, le gouvernement camerounais a toutes les structures, mais on ne sait pas à quel moment on va commencer à mettre en place cette interdiction», regrette-t-il. Non sans dénoncer le phénomène de brocante qui pollue l’environnement camerounais.

Dans l’assistance, on prend des notes en dégustant une bonne tasse chaude de café, ou de thé ; on pose des questions à l’orateur, à défaut d’apporter des compléments d’informations. L’ambiance est pour le moins décontracté. C’est d’ailleurs l’une des exigences du Café portuaire, rendu à sa troisième édition. «Un monsieur qui est au Port depuis une dizaine d’années nous a fait savoir qu’il était étonné qu’on lui mette à disposition les connaissances de la place portuaire. Les retours sont positifs, en ce sens que l’agent portuaire sait aujourd’hui pourquoi est-ce qu’il travaille, il sait son précédent en début de chaîne et qui le suit. Du coup il travaille dans la logique d’une chaîne, parce que les acteurs constituent une chaîne logistique», se réjouit le promoteur du concept, Freddy Yannick Bwemba, par ailleurs Chef de département Gestion des Approvisionnements et des Stocks au Pad.
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L’idée à l’origine du Café portuaire est de s’abreuver chez les anciens, explique le promoteur : «Nous nous sommes rendu compte lorsque nous avons intégré la place portuaire que nous ne maîtrisions pas forcément tout ce qui s’y passait, l’essence même de l’exploitation portuaire. Et nous étions quelques uns à avoir soif de connaissances. Cette idée nous est venue de pouvoir bénéficier de l’accompagnement et de l’expérience surtout de nos aînés que nous n’avons pas toujours l’occasion de côtoyer. Nous avons certes en interne des formations dans la place portuaire, mais généralement elles sont spécifiques à certains domaines. Il était question de nous réunir tous dans un même endroit pour bénéficier de leur expérience, leur savoir et leur savoir-faire.»
Passage de témoin
Port-Synthèse (association qui regroupe tous les acteurs de l’espace portuaire nationale) est le parrain de ce rendez vous qui se tient tous les deux mois. «Nous avons accepté de parrainer cette initiative parce qu’en Afrique on dit, ‘‘les vieux arbres meurent, les jeunes les remplacent’’. Nous avons constaté que le Port est un domaine assez peu connu du grand public et chose curieuse qui n’est pas très connue aussi des personnels mêmes qui travaillent sur la place portuaire. Cela nous a un peu heurté et lorsque l’initiative nous a été soumise, nous avons pensé qu’il était utile que pendant que nous les vieux partons, que nous laissons la connaissance aux jeunes», soutient le Secrétaire général national de Port-Synthèse, Onana Ndoh Lin. Et d’ajouter : «Être au Port ne veut pas dire que vous connaissez le Port. C’est un milieu qui est très complexe, où il y a pleins de métiers, des procédures pour faire passer sa marchandise et qu’il faut connaître. Si déjà ceux mêmes qui travaillent au Port ne connaissent pas, c’est une catastrophe. C’est une initiative de transmission de la connaissance professionnelle pratique. Nous avons l’obligation de nous assurer que ceux qui travaillent au Port connaissent le Port parce que s’ils ne le connaissent pas, ils vont être des freins à l’activité portuaire et on va dire que nos ports ne sont pas compétitifs.»
Valgadine TONGA