Installé aux Etats Unis d’Amérique depuis plus de deux décennies, ce Camerounais au parcours atypique a su se faire une place au soleil au pays de l’oncle Sam. Depuis son arrivée dans ce pays, cet ancien athlète camerounais, devenu entraineur d’athlétisme n’a fait qu’engranger des distinctions aussi bien en tant athlète qu’entraîneur. Aujourd’hui, il entend partager son expérience avec les siens.
Qui est Claude Toukene ?
Je suis professeur d’enseignements secondaires, entraîneur d’une Université qui s’appelle Bryant & Stratton College Hampton ; je prépare un Phd à la performance humaine avec concentration humaine à la cinématique du mouvement. Je suis né à Yaoundé et j’ai grandi au quartier Mkomkana. J’ai fait mon cursus scolaire de la 6ème en 3ème au Lycée général Leclerc. A cette époque, il n’y avait pas de lycée technique d’enseignement industriel à Yaoundé. C’est ainsi que je me retrouve à Douala, au Lycée technique de Koumassi où je fais les classes de la Seconde en Terminale. Parallèlement, je pratiquais aussi l’athlétisme. J’ai été membre de l’équipe nationale d’athlétisme. J’ai participé à deux jeux olympiques et quatre championnats mondiaux. J’ai été trois fois champion du Cameroun du 200 m. Aux Usa, j’ai couru pour l’Université de Norfolk où j’ai gagné 11 titres de conférence. J’ai été sacré deux fois meilleur entraîneur aux Etats Unis, en 2015 et 2016. Au niveau des lycées, j’ai gagné le plus grand nombre de titres qu’un entraîneur puisse gagner. Ça fait trois ans que j’entraîne à l’université. Je suis entraineur principal à Bryant & Stratton College Hampton ; pendant ces trois ans, j’ai été meilleur entraîneur de la région Est.
A vous écouter, on peut dire que vous avez un parcours atypique. En 1996, vous participez aux jeux Olympique, puis vous fuguez. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui a motivé votre décision?
Nous allons aux jeux Olympiques d’Atlanta aux Etats Unis. Après des mois de stages, nous recevons comme primes de participation 100.000 Fcfa. Nous étions un groupe d’athlètes. Nous avons commencé à nous poser des questions. Certains se sont dit à quoi ça sert. Ils ont pris la fuite. Nous sommes restés quatre pour compétir. Ça avait fait couler beaucoup d’encre et de salive au Cameroun. Ça a été difficile. Nous avons été frustrés par la réaction de certains de nos compatriotes. Mais, aujourd’hui, ils ont compris que c’était pour aller améliorer nos conditions et des conditions de travail que nous n’avions pas au Cameroun.
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Des années après cette fugue, avez-vous renoué le contact avec la fédération athlétisme ?
Oui. J’ai recommencé à courir pour le Cameroun. Je pars en 1996. En 1997, je vais aux championnats du monde. J’aurai pu rester, énervé dans mon coin et prendre une autre nationalité. Mais, nous aimons tellement notre pays. C’est le Vert-Rouge-Jaune qui coule dans nos veines. Je ne l’ai pas fait. Je ne pouvais pas. Après cela, j’ai fait les Jeux du Commonwealth en 98, les championnats du monde en 99 et les jeux Olympiques de 2000.
De votre position aujourd’hui, vous comprenez ces athlètes camerounais et même africains qui fuguent tout le temps. Faut-il encourager cela?
Oui! Je les comprends. Il ne faudrait pas encourager, mais il faudrait savoir pourquoi, ils le font. Si on sait pourquoi ils le font, on pourrait y remédier en adoptant une politique sportive adéquate.
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Qu’est-ce que, selon vous, les instances sportives devraient faire pour stopper ce phénomène?
Aujourd’hui, moi je suis un entraîneur. Vous avez ma carte de visite. J’ai essayé de donner des bourses aux athlètes camerounais pour participer dans mon Université. Mais ils ont été bloqués à l’Ambassade des Etats Unis au Cameroun. Pourtant j’ai des athlètes nigérians, jamaïcains dans mon équipe, pourquoi je ne pourrais pas aider mes frères camerounais ?
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Aujourd’hui, vous êtes entraîneur de haut niveau, comment pouvez-vous aider la Fédération camerounaise d’athlétisme ?
C’est juste en apportant des conseils. Par exemple, comment détecter des talents ? Comment encourager les jeunes à associer sports et études et surtout donner des bourses d’études aux jeunes ?
Vous êtes entraîneur. Vous participez à ce projet Cameroon digital boost où l’on parle du numérique. Quel est le lien entre le sport et le numérique ?
Aujourd’hui, on ne peut pas parler de sport sans industrie numérique. Les entraîneurs utilisent tous les atouts pour améliorer les performances de leurs athlètes.
Entretien avec Blanchard BIHEL