Eric- Joël Bekale, écrivain gabonais, et Ndongo Mbaye, Sociologue sénégalais, ont tous les deux, questionné la contribution de la littérature aux mutations sociopolitiques en Afrique. C’était à l’occasion de l’ouverture du Salon international du livre de Yaoundé le 8 mai 2018 sur le site du musée national.

Le plus âgé des jeunes intervenants, N’dongo Mbaye, est le dernier auteur à prendre la parole et à structurer les rapports entre la littérature et les changements sociopolitiques sur le continent noir. L’écrivain et poète sénégalais, auteur de plusieurs recueils de poésie, tels « Amours savane« , « Les lézardes du silence » s’est escrimé à expliquer qu’il est nécessaire de coller une identité réelle à la littérature en Afrique. N’dongo Mbaye affirme que de tout temps, «l’aspect sociopolitique d’un peuple a été influencé par sa littérature». Le Sociologue sénégalais cite, en guise d’illustration, deux auteurs ayant marqué leur temps à travers leurs écrits: Cheik Anta Diop, avec la décérébration, un courant littéraire affirmant que la pensée africaine a été abrutie ou pervertie par la pensée étrangère. Le second auteur ayant, dans la même veine, imprimé une empreinte singulière dans le cadre des productions sur la corrélation entre la littérature et la politique, est Aimé Césaire. Pour N’dongo Mbaye, «avec le courant littéraire de la négritude, Césaire pense qu’il faut une décolonisation de la pensée». Le journaliste sénégalais s’inspire, en réalité, du symposium de Brazzaville en 1987, où le problème de l’apartheid avait été traité. Pour Mbaye, les Africains doivent agréer leurs positions sur les branches de la littérature pouvant influer sur le cours de la vie politique des États.

Quant à l’écrivain gabonais, Eric-Joël Bekale, le rapport entre la littérature et le sociopolitique est fort étroit dans la mesure où le livre porte des idées, une philosophie pouvant impacter sur le monde. Parce que le livre contribue à la formation de l’Homme, l’auteur de ‘‘Le chant de la mère » soutient que les écrivains ont l’obligation de projeter une vision, laquelle devra avoir une incidence positive sur l’environnement sociopolitique d’un pays donné. Bekale relève le fait qu’une œuvre à l’origine appartient à son auteur. Par la suite, cette œuvre ne lui appartient plus tant elle finit par lui échapper pour se muer en une œuvre publique susceptible d’éveiller les consciences. D’après l’écrivain gabonais, l’essor du continent est tributaire de la lecture. C’est non sans pertinence qu’il salue l’initiative de l’organisation du Salon international du livre de Yaoundé. Salon dont les éditions méritent d’être multipliées à l’avenir. C’est, à coup sûr, à la faveur de telles actions que les lecteurs africains pourraient se remettre en cause pour reconstruire de nouvelles idées, pour repenser le développement de l’Afrique.
Serge Aimé BIKOI