Exit la journée de la femme africaine!
Ce mardi, 31 juillet 2018, la femme africaine est à l’honneur. Cette 56ème édition de la journée de la femme africaine s’est célébrée sous le thème: « Clôture de la décennie de la femme africaine: renforcer la collaboration, optimiser les acquis« . Longtemps recroquevillées dans le cocon domestique, les femmes africaines ont, à la faveur des courants féministes, intégré l’espace public, où elles ont acquis de nouvelles fonctions et ont renversé parfois la hiérarchie des positions de pouvoir dans certains secteurs dits traditionnellement masculins.

Antérieurement, les mères de l’humanité étaient restées enfermées dans les servitudes de la société patriarcale. Dans l’imaginaire collectif, les gardiennes du temple familial assumaient le quadruple rôle de femme-mère, de femme-épouse, de femme au foyer et de femme éducatrice. La socialisation, dans les sociocultures africaines, avait alors pour dessein de cloîtrer les femmes noires dans la sphère privée, où elles étaient exclusivement contraintes de théâtraliser les fonctions sexo-spécifiques et socio-éducatives. Lesquelles restreignaient alors leur éclosion dans l’agora. A la lumière de la théorie de la ségrégation des rôles conceptualisée par le Sociologue structuro-fonctionnaliste Talcott Parsons, force était de constater que les rôles internes à la cellule familiale étaient assignés aux génitrices alors que les rôles externes à l’espace privé furent le giron de prédilection des pater familia, garant de la sécurité sociale et économique de l’architecture domestique.
L’exploitation des femmes ouvrières
Les faits sociaux n’étant pas statiques, inertes, inchangeables et immuables dans tout environnement, des dynamiques sociales, culturelles, économiques et politiques sont intervenues, en l’occurrence au début des années 90. Histoire d’impulser un nouveau courant libéral inféodé aux mouvements des féministes radicales, qui tirent leurs racines de l’historicité de l’exploitation des femmes ouvrières dans la division traditionnelle du travail. Simone de Beauvoir, l’épouse de Jean-Paul Sartre, Philosophe existentialiste, avait alors, dans la société occidentale, insufflé le courant féministe radical, dont l’enjeu consistait, par extrapolation, à affranchir les femmes du carcan domestique, où elles furent confinées dans les positions minorées ou infériorisées eu égard à la structuration inégalitaire des rapports de pouvoir entre hommes et femmes. A la faveur de l’émergence des études de Women and Gender studies et du phénomène social de l’empowerment féminin, terminologies anglo-saxonnes transposées dans le continent noir, il est né une mutation des statuts, des fonctions, des rôles et des positions des femmes dans l’espace public.

C’est ainsi que les marraines de la ferme africaine ont quitté la sphère domestique pour occuper de nouveaux rôles de femmes urbaines, de femmes instruites, de femmes politiques, de femmes modernes, de femmes managers et, par corollaire, de femmes autonomes. Dans le contexte spécifiquement africain, certaines identités remarquables féminines ont marqué d’une empreinte singulière l’Afrique tout entière. Winnie Mandela, Helen Johnson, Catherine Samba Panza, Dorothee Njeuma, Delphine Tsanga, Yaou Aissatou, Henriette Ekwe, Marthe Moumie, Marthe Ouandie sont, entre autres, des figures féminines ayant conquis le giron du pouvoir dit traditionnellement masculin tant elles ont accédé à cette stature d’influence et d’autorité. Chemin faisant, d’autres identités féminines ont pris pour modèle de référence ces vitrines du kaléidoscope politique afin de s’intégrer, contre vents et marées, dans le gouvernement, dans les chambres haute et basse du parlement camerounais, ainsi que dans les exécutifs municipaux, dont une constellation tient les rênes ici et ailleurs.
Serge Aimé BIKOI, journaliste et Sociologue du développement