Les gardiens de la tradition sonnent l’alerte sur les répercussions catastrophiques que nous courons, si les pangolins venaient à disparaître de nos forêts.
« Le pangolin, protecteur de nos forêts et de nos sols, doit être sauvegardé pour ne pas endommager l’environnement et éviter la perte de notre identité culturelle. Chaque créature vivante que l’on trouve au Cameroun fait partie intégrante de sa culture et de ses traditions. Nous devons prendre conscience de l’importance de la protection des pangolins, sous peine de perdre bien plus que ce que nous imaginons. » Cette mise en garde de la Représentante francophone de WildAid en Afrique Centrale, Jennifer Biffot, est fort évocateur quant à l’importance des pangolins dans la faune camerounaise. Aujourd’hui, ce sont les gardiens de la tradition qui montent au créneau pour porter le message.
Dans une vidéo, des chefs traditionnels du Cameroun interpellent leurs populations sur la préservation de la biodiversité faunique. « Notre culture nous a appris à vivre en harmonie avec la nature, parce que comme elle nous aide à vivre, elle nous aide aussi à écrire l’histoire de nos vies. Si nous respectons les arbres et les animaux qui nous entourent, nous respectons notre propre histoire et nos traditions. Nous respectons nos ancêtres qui ont protégé la nature avant nous », martèlent leurs majestés Nkukuma Mvondo Bruno, Notable Mamoudou Kaïgamma, Muanedi Dissake Mouangue, Fon Zofóa III, Son Altesse Royale Essombey Ness, et Prince Tatsitsa Théophile Gha. Qui argumentent : «Les pangolins sont un symbole de nos merveilleuses et uniques forêts, héritage du Cameroun, le pilier de notre histoire. Les manger conduira à leur extinction, et donc l’extinction d’un symbole de notre culture. Protégeons nos forêts et la faune qui y vit, et commençons par dire non à la viande de pangolin. »
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La sortie des leaders traditionnels rentre dans le cadre de la campagne « Disons non à la viande de pangolin ». Elle a été lancée en 2022 par l’organisation WildAid, avec le hashtag #DisonsNonALaViandeDePangolin. La campagne vise à sensibiliser au rôle crucial que jouent les pangolins dans le maintien d’un environnement sain et souligne le potentiel du Cameroun à devenir un leader de la conservation en Afrique en protégeant ces animaux uniques. Pour mieux faire entendre ce cri d’alerte, des légendes du football (Rigobert Song, Roger Milla et Patrick Mboma), les musiciens Stanley Enow et Locko, et l’artiste visuel Bright Toh ont déjà donné de leur voix.
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Les enjeux sont considérables. « Les pangolins sont essentiels à l’écosystème forestier et aident à lutter contre les parasites qui peuvent également causer des dommages importants aux cultures agricoles. Un seul pangolin peut consommer jusqu’à 70 millions de fourmis et de termites en un an, soit près de 200 000 insectes par jour. En consommant ces insectes nuisibles, les pangolins contribuent à réguler les populations d’insectes et à protéger le secteur agricole du Cameroun, qui emploie environ 43% de la main-d’œuvre du pays et assure la subsistance d’environ 70% de la population », lit-on sur le site www.wildaidafrica.org .
Depuis 2015, WildAid travaille au Cameroun, au Gabon, en Tanzanie, en Ouganda, au Nigeria, au Mozambique, au Nigeria, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. L’Ong travaille spécifiquement sur le trafic d’espèces sauvages, les conflits entre l’homme et la faune et la consommation de viande de brousse illégale.
Valgadine TONGA