Hôte de marque à cette 32ème Assemblée ordinaire de l’Union africaine à Addis-Abeba en Éthiopie, le président de la Fédération internationale de football association s’est étendu entre autres sur ce que le football peut apporter au continent dans des domaines comme la croissance économique, l’éducation, le paritarisme, la gouvernance et l’intégration.
C’était lui la personnalité phare de la journée du 10 février dernier, l’invité le plus surprenant, la guest star de Paul Kagame. Invité au pupitre de cette Assemblée ordinaire de l’Ua, l’italien Gianni Infantino a tenu un discours brillant à la fois en anglais et en français, sans presque lire ses notes. Une « performance » qui a visiblement conquis le cœur de ses auditeurs africains par ce beau souvenir de supporters italiens malheureux : « Je suis Italien et je me rappelle en 1982, la Coupe du monde en Espagne, le monde entier se rappelle du Cameroun qui a tenu en échec l’Italie. Ou de l’Algérie qui a gagné contre l’Allemagne. Les deux finalistes de cette Coupe du monde. Et à partir de là, en 1982, cela fait presque 40 ans, on a commencé à dire oui, bientôt c’est le tour de l’Afrique, l’espoir, le futur, ça va être l’Afrique. On a eu, bien sûr, quelques bons résultats : en 86 le Maroc, en 90 à nouveau, le Cameroun en 2002, le Sénégal en 2010, mais on n’est jamais arrivé à franchir ce dernier pas important. Et mon ambition, mon objectif, en tant que président de la Fifa, c’est de faire en sorte que l’Afrique puisse passer d’éternelle promesse en vraie réalité », a témoigné le patron du football mondial.
S’adressant à l’Assemblée, Infantino a regretté que près de 40 ans plus tard, les équipes africaines n’aient pas été en mesure d’atteindre les derniers échelons d’un Mondial, malgré des performances impressionnantes lors des rendez-vous de 2002 et 2010, et plus récemment lors de la Coupe du monde en Russie. « Cette situation doit changer en raison de la grande passion de votre continent pour le football. Pour le dire le plus simplement possible : l’Afrique vit le football», a-t-il promis. Au cours de son discours, le seul candidat à la prochaine élection à la présidence de l’instance faîtière du foot mondial (prévue le 5 juin à Paris), a parlé du Mondial 2026 et suscité la réaction enthousiaste de l’Assemblée lorsqu’il a évoqué l’augmentation du nombre d’équipes africaines – de 5 en 2018 à 9,5 en 2026 – amenées à participer à l’épreuve reine du football mondial. C’est peut être pourquoi il a également tenu à souligner l’importance pour le football de donner quelque chose en retour à l’Afrique : « Je pense que, de la même manière que l’Afrique donne beaucoup de passion et de choses positives au football, le football peut apporter quelque chose à l’Afrique et aider ses habitants dans des domaines essentiels comme la croissance économique, l’éducation, le paritarisme, l’intégration et la gouvernance du football », a-t-il confié.

Egalité et émancipation de la femme
Concernant la croissance économique, Infantino a évoqué l’importance du développement des infrastructures et la manière dont la Fifa développe également les infrastructures grâce aux recettes de la Coupe du Monde. Elles sont investies chaque année à hauteur de 110 millions de dollars dans de nouveaux terrains, tournois et équipements de football en Afrique. À propos de l’éducation, le successeur de Sepp Blatter a mis l’accent sur certaines caractéristiques clés de l’initiative Football for Schools de la Fifa : « Ce projet concerne les aptitudes à la vie quotidienne, par le football. Nous sommes enthousiasmés par notre projet Football for Schools, qui fournira une excellente plateforme pour éduquer les enfants – grâce au football, car le football n’est pas seulement un sport mais aussi un mode de vie. La mise en œuvre des projets Football for Schools contribuera grandement à promouvoir les valeurs sociales et des modes de vie plus sûrs et meilleurs pour des millions d’enfants dans le monde. Je vous invite donc tous à nous soutenir dans cette entreprise et à faire partie de cette culture du changement. »
Infantino a ensuite parlé de la capacité du football à contribuer à l’égalité et à l’émancipation des personnes, en particulier des filles et des femmes : « L’égalité entre les sexes est une question que nous devons prendre au sérieux et je suis certain que vous allez tous soutenir les trois équipes africaines qui participeront à la Coupe du monde féminine de la Fifa, l’été prochain en France. Au sein de la nouvelle Fifa, nous sommes déterminés à changer et notre propre Secrétaire Générale, Fatma Samoura, a été la première femme à assumer ce rôle en 2016, la première femme à occuper ce poste en 112 ans d’histoire de la Fifa. Elle est un brillant exemple des capacités et des compétences de l’Afrique », a-t-il conclu.
Daniel NDING