C’est la grosse exposition actuellement en cours à l’Espace Doual’Art de Bonanjo où, autour d’un thème central, cinq artistes partagent des regards différents sur leur vision de l’art.
C’est encore un donner à voir collectif, une véritable curiosité comme sait l’offrir l’Espace Doual’Art à Bonanjo au Cameroun. Rostand Pokam, Prodor Tchuidjang, André Ngassi, Nkolo Minko’o, Geordan Bouhom, cinq jeunes artistes au talent déjà avéré, issus de l’Institut de Formation Artistique (IFA) de Mbalmayo, et co-sélectionnés par un commissaire européen de nationalité italienne, exposent autour du ‘’Regard de l’âme’’ thème de l’exposition, leurs différentes visions de la société au travers du langage artistique.
« Le choix de la thématique est celui du commissaire Italien, choisi par l’ambassade d’Italie. Nous y avons adhéré parce que ce thème rencontrait notre programme artistique. Car en ce moment, nous travaillons sur la question de la reconnexion. Et cette exposition fait suite à la précédente qui s’intitulait ‘’Carrefour spirituel’’. Nous avons donc pensé que la thématique du Regard de l’âme qui parle des émotions et de notre façon d’être, nous situe dans la continuité de notre travail et notre démarche qui s’enracine dans la thématique globale qui est la reconnexion », explique Yves Makongo, le commissaire de l’exposition.
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La réalisation de cette exposition apparait comme un défi relevé avec beaucoup d’enthousiasme pour essayer de mettre en communication, de multiples points de vue sur l’art contemporain qui appartient à une culture éloignée de la culture italienne. Chaque artiste a donc proposé, par rapport au thème, en fonction de son univers artistique, sa sensibilité et sa liberté, sa vision de la société, en faisant preuve d’originalité.
L’antre du mystère
Si « L’œil se présente comme une loupe où chacun choisit ce qu’il voit en fonction de sa sensibilité, sa socialisation et son éducation », pense Rostand Pokam, le regard peut apparaitre à la fois comme une fenêtre sur l’âme et une porte d’entrée vers un monde de possibles interprétations. Le regard pour les artistes, est aussi un langage complexe, nuancé, et souvent ambigu, qui reçoit et renvoie des émotions, des pensées, des intentions, mais aussi nos frayeurs, nos désirs les plus secrets. De ‘’l’Homme perdu’’ à ‘’Cause à effet’’ en passant par ‘’Fallen’’, les toiles qui embellissent de mille couleurs les murs de l’Espace Doual’Art, expriment des visions du monde différentes, et des lectures singulières de chaque artiste sur la société. Sensibilité, joie, tristesse, colère, peur, amour, qui sont principalement les sentiments qui composent nos états d’âme, les artistes passent au peigne fin, tous les aspects de la vie. Des portraits caricaturaux de personnages surréalistes, l’inadéquation entre l’état mental et physique, la question de l’environnemental avec les immondices qui jonchent les cours et les ruelles de nos cités dans une indifférence absolue, mais aussi ses répercussions sur l’état physique, sont autant de représentations qu’on peut observer et lire sur les toiles.
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Si l’objectif de cette exposition est aussi de promouvoir le talent artistique de ces jeunes encore dans l’ombre et de rendre visible leur travail, il reste que les toiles offrent un aperçu fugace de l’abîme intérieur de l’être, le miroir imparfait mais révélateur de la société contemporaine africaine. « ‘’Le regard de l’âme’’ représente donc à la fois la vision extérieure de celui qui l’a sélectionné, la vision interne et locale, de ceux qui se sont formés dans cette terre (le Cameroun, Ndlr) pour raconter une réalité, une situation actuelle et une envie de représentation de soi et de son environnement », conclut Matteo Chincarini, Commissaire externe de l’exposition. L’exposition est ouverte au public à l’Espace Doual’Art, et va courir jusqu’au 09 novembre prochain de 10h à 18h.
Malcolm RADYKHAL EPANDA
