Physiologiquement abattues par des problèmes administratifs qui n’ont contribué qu’à dérailler les ambitions du sélectionneur Joseph Ndoko ; soumises à un long voyage sans avoir du temps pour récupérer et sevrées d’une préparation digne d’une sélection nationale, les Lionnes indomptables sont revenues de la France avec une valise (0-6).

Pluie de buts sous le ciel du stade des Alpes de Grenoble ! Le Cameroun a bu la coupe jusqu’à la lie. C’est avec une crinière renfrognée que les vice-championnes d’Afrique ont terminé les 90 minutes d’un match qui s’apparentait à un vrai supplice. Pas de miracle donc pour la sélection nationale féminine qui affrontait en amical mardi dernier, la redoutable équipe de France. Pas aidées par une préparation chaotique émaillée par une angoissante affaire de visas, Gaëlle Enganamouit et ses camarades ont été corrigées par les Bleues 6-0 en match amical. Ironie du sort, c’est Griedge Mbock, d’origine camerounaise, qui a été leur principal bourreau en signant un doublé dont l’ouverture du score (36e, 88e sp). Diani (44e) Le Sommer (47e) et Kenza Dali, auteur d’un doublé après son entrée en jeu (54e, 60e), ont également fait trembler les filets d’une Annette Ngo Ndom lâchée par sa défense particulièrement poreuse, un milieu de terrain dégarni et dépassé par les événements avec ; pour ne rien arranger, une attaque impuissante si ce n’est stérile.
Des félines sans visas
Si le cauchemar du Cameroun sur le sol français peut s’expliquer par le grand écart qui existe entre les deux sélections aux bourses des valeurs de la Fédération internationale de football association (Fifa), il y’a surtout que les pauvres Lionnes paient là, le prix d’une impréparation des plus regrettables. L’insoutenable calvaire dont elles ont été victimes à la veille de ce match à vite oublier, n’a eu d’égal que cette contreperformance qui vient noircir la belle prestation qu’elles ont fait livrées au tournoi Cosafa il y’a deux semaines. Lundi dernier, l’ambassade de France au Cameroun achevait, sauf problème de dernière minute, de tamponner les passeports de vingt-deux personnes -dont sept joueuses et le staff technique et médical- et d’accorder les visas nécessaires à l’entrée sur le territoire français. Jusqu’à ce moment, la question de la présence du Cameroun à Grenoble s’est posée, même si onze internationales étaient déjà sur place.
Bricolage
Fidèle à la politique de bricolage et de rafistolage de dernière minute, Nchout Njoya et ses camarades ont pu effectuer quelques séances d’entraînement sous les ordres de deux entraîneurs camerounais vivant en France (Emmanuel Maboang Kessack et François Ngoumou Ndlr), lesquels appliquaient les consignes envoyées depuis Yaoundé par Joseph Ndoko, le sélectionneur. La raison de ce départ tardif est simple : « La demande de visas a été déposée la semaine dernière (mercredi selon nos informations), a précisé Martin Etongue, le secrétaire général de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) à nos confrères du journal l’Equipe. Il fallait étudier tous les documents. » Un délai trop court pour l’ambassade, obligée de vérifier les dossiers de 22 personnes, et qui ne pouvait officiellement en traiter que six par jour. Une fois les passeports récupérés, les Camerounaises ont dû patienter jusqu’à 23 h 30 (heure de Paris, 22 h 30 au Cameroun) pour embarquer à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen sur un vol Air France, d’une durée de six heures.
C’est vers 7h du matin que la délégation a foulé le tarmac de l’aéroport de Roissy. Avec l’obligation de rejoindre Grenoble, à 600 km de là, le plus vite possible, histoire d’avoir quelques heures de repos avant d’affronter les Tricolores. Il a fallu que la Fédération française de football (Fff) affrète un avion pour conduire les Lionnes à destination. La suite, on la connaît. Assommées par le voyage et psychologiquement diminuées par le calvaire de l’obtention des visas, les pouliches de Ndoko n’ont eu d’autre choix que de découvrir la pelouse à l’heure du match. Quarante-neuvième nation au classement Fifa et arrivée sur le tard en territoire français, il fallait un miracle pour espérer d’elles, une performance supersonique. Conclusion : les vieux démons de l’impréparation et de l’amateurisme continuent de hanter la tanière. A quelques semaines de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2018 au Ghana, l’équipe du Cameroun a encore du chemin pour s’estimer prête à relever le défi.
Daniel NDING
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