Ce système facilite l’accès aux documents juridiques à partir des technologies de l’information et de la communication.
Grâce aux Technologies de l’information et de la communication (TIC), l’on assiste à une vague de disruption qui se propage. Après celle de la Finance et la technologie (Fintech), c’est autour de la Legal Tech. Elle permet de faire usage de la technologie pour développer, proposer, fournir, ou permettre l’accès des justiciables ou des professionnels du Droit à des services en vue de leur faciliter le travail.
La Legal Tech qui associe Droit et technologie a vu le jour aux Etats-Unis dans les années 2000. Et en France, cela fait pratiquement trois ans que l’écosystème associe avocats, startups et pouvoirs publics. D’après les promoteurs de la Legal Tech Africa, les pays africains peuvent facilement s’approprier ce modèle. Surtout qu’en Afrique, l’accès au Droit reste compliquer pour les justiciables et les entrepreneurs, mais également pour les professionnels du métier eux-mêmes. «Avec la Legal Tech, il est facile pour les praticiens du Droit d’exercer facilement leur profession, et le numérique est un bon outil», commente Gibran Freitas, lors du Douala Legal Tech conférence, organisée du 30 au 31 mai 2018. Il fait partie des promoteurs de la Legal Tech Africa.
Réduction du temps de travail
Pour Christian Kuitchoua, fondateur de la plateforme Tribune Justice, un site internet consacré aux professionnels du Droit vivant en Afrique, la Legal Tech c’est également un moyen d’avoir des juristes augmentés. C’est-à-dire, des juristes qui s’améliorent dans leur travail par des outils du numérique. Ce qui favorise, « la réduction du temps de travail « . Juriste d’entreprise, Christian Timba a adopté une application pour traiter rapidement ses contrats. Le service informatique de son entreprise lui a crée une application adaptée à ses besoins. «J’ai souvent plus de 1000 contrats à gérer et actuellement c’est très facile, grâce à l’application, je répertorie facilement les contrats et je traite chaque dossier sans encombre».
Comme autres avantages, la Legal Tech peut favoriser la mise en relation des professionnels du Droit et des clients, créer des packs d’associés, sécuriser l’investissement et permettre ainsi à des fonds d’investissements étrangers d’intégrer des projets locaux, créer des plateformes d’arbitrages, favoriser la rencontre entre les innovateurs et les investisseurs, etc. L’application Legal Aid, présentée aux juristes lors du Forum met à la disposition des petites entreprises et startups formelles ou informelles des informations juridiques pouvant être utiles dans leur domaine d’activité.
L’entreprise Seraphin.Legal, qui est une fabrique à Legal Tech, composée d’avocats et huissiers, met à la disposition de leurs clients des technologies adaptées à leur besoin. « Etant juristes de formation, nous comprenons les juristes, et on parle la langue des informaticiens, on fait le lien entre les deux « , fait savoir Thomas Saint Aubin, de Seraphin.Legal. La plateforme basée à Paris en France existe depuis plus d’un an et comptabilise 29 collaborateurs.
S’adapter aux changements
Pour protéger les données, l’expert en Légal Tech, conseille aux entrepreneurs, professionnels du Droit, institutions financières et bien d’autres d’adopter la blockchain. «C’est comme un livre ouvert, un peu comme un livre de comptes ; la particularité c’est que ce livre est copié sur les ordinateurs dans le monde entier, qui sont connectés à une des blockchains. Les hackers ne peuvent pas modifier les transactions».
Même si le concept Legal Tech Africa semble prometteur, Vanessa De Happi, avocate au Barreau du Cameroun, pense pour sa part que l’implémentation ne sera guère facile. «Rien n’est d’ailleurs facile au Cameroun. Cependant, cela va demander beaucoup de sacrifice, mais c’est important d’y être», prévient l’avocate. Pour Serges Ntamack, Juriste, également directeur des relations institutionnelles Afrique francophone de Microsoft, les juristes camerounais doivent s’adapter aux changements et se former. «La formation du juriste étant trop universitaire et même assez limitée, le juriste doit tout au long de sa carrière professionnelle avoir la responsabilité individuelle de se former ; s’il reste figer, il ne pourra pas aider son client et être juriste achevé».
D’après les juristes, en 2016, le Cameroun disposait de près de 1950 avocats, soit 1 avocat pour plus de 11 000 habitants.
Ghislaine DEUDJUI