Le film réalisé par la camerounaise Augustine Moukoudi a été retenu pour prendre part à la grande messe des films ethnographiques d’Allemagne.
La ville de Göttingen en Allemagne abrite depuis le 8 mai 2024 le Festival international des films ethnographiques d’Allemagne auquel prend part le film NEMA de la réalisatrice camerounaise Augustine Moukoudi. Il sera projeté pour la première fois ce lundi 13 mai 2024 à 20 heures. Sans doute une consécration pour ce film qui va se frotter à ce qui se fait de mieux dans le monde des films documentaires et thématiques.
NEMA qui signifie Amen en langue Duala, est un film d’exposition qui vise à faire revivre l’art du peuple « que j’ai choisi dans ce film comme représentatif de tous les peuples africains, en particulier les masques, les pagaies et les figures d’arc qui étaient autrefois fabriqués par ce peuple avec une dextérité inégalée. Malheureusement, ce savoir- faire, s’est perdu avec la colonisation. La plupart de ces objets se trouvent aujourd’hui dans des musées occidentaux, mais quelques rares exemplaires présentés dans ce film nous ont été offerts par le musée en question », justifie Augustine Moukoudi.
Tournée dans l’arrondissement de Dibombari, Siga Bonjo et la localité de Lendi dans le 5ème arrondissement de Douala, Nema traite des questions de religions et traditions si chères à Augustine Moukoudi qui est très portée vers les questions identitaires qui sont depuis quelques années au centre des préoccupations en Afrique. « Choisir la thématique sur la religion et la tradition était très important pour moi. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de faire le film Nema », argue la réalisatrice.
Pendant 89 minutes, le film promène le public dans les mystères des traditions Sawa. L’objectif étant « d’abord de dévoiler le déracinement des uns et des autres par rapport à leurs propres cultures, par rapport à leur identité réelle. On voulait aussi montrer qu’à travers certaines croyances, la culture des autres a fini par nous obliger à abandonner les nôtres sur le simple fait qu’ils appellent Dieu et moi je l’appelle Yambè qui est Dieu dans ma langue. C’est le socle de débat identitaire. Les autres sont venus avec leurs cultures nous charmer et nous faire comprendre que celui que nous appelons Dieu en nos langues ne saurait être Dieu. C’est autour de ce débat que gravitent tous les autres sous-thèmes, la succession du chef, le veuvage ect », confie Jonas Embom, scénariste.
Le Festival des films ethnographiques est ouvert à tous les cinéastes, mais plus particulièrement à ceux qui ont une formation en anthropologie, sociologie, folklore, histoire, etc.
Blanchard BIHEL