Réunis à Douala à l’occasion de la première édition du Littoral Forum on Music dont les travaux ont été lancés le 29 septembre 2022, les acteurs culturels remuent les méninges à l’effet de trouver des solutions durables à l’épineux problème de financement des spectacles et de production des œuvres musicales.
Financer la production d’une œuvre musicale ou l’organisation d’un spectacle vivant au Cameroun et dans la région du Littoral. Le thème induit déjà en lui-même, la problématique du financement, et donc de la réussite du spectacle vivant au Cameroun. Pour la première édition du Littoral Forum on Music, l’association initiatrice, The Music Club a mis le sujet en emphase. Les travaux ont démarré le 29 septembre 2022 à la délégation régionale pour le Littoral des Arts et de la Culture, en présence du maître des lieux.
Organiser un spectacle vivant au Cameroun est devenu un parcours du combattant. Vieux briscard de la production de spectacles au Cameroun, Sylvain Nkom se souvient de la déconvenue qu’il a essuyée notamment dans l’organisation en 2015 des 30 ans de Ben Decca. «À l’époque, nous avons fait parvenir les demandes un an bien avant. Partout, ces responsables nous rassuraient que ça va bien se passer. Mais au fur à mesure que la date approchait, plus personne ne te décrochait au téléphone. Et c’est la veille que ces annonceurs nous ont fait savoir qu’ils ne devaient pas nous accompagner. C’est vraiment regrettable. Mais, on avait décidé qu’on devait aller jusqu’au bout. Face aux agissements de ces annonceurs, j’ai décidé que je ne fais plus rien» déplore très amer le promoteur.
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Le financement des albums n’échappe pas à cette réalité. Les managers parviennent tout de même à trouver des parades. «Pour financer le dernier album de mon artiste Minks, je suis passé par deux canaux. Vu la notoriété de l’artiste acquise sur la durée, sa constance, j’ai pu attirer des sponsors. Si vous avez aperçu des panneaux publicitaires et autres affiches dans la ville, c’était grâce à un partenariat et le sponsoring obtenu auprès de Canal plus qui a accepté accompagner la sortie de cet album en faisant ces affiches. Il ne s’agissait là d’un échange de services», indique Achille Djoumsie, Pdg de Ach for Life production. Roggy Stentor quant à lui insiste sur «la démocratisation des modes de financement aujourd’hui. Il faut insister sur le financement participatif.»
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Nonobstant c’est défis, le spectacle vivant ne devrait pas être considéré comme un luxe. Il s’impose de rêver grand pour aller loin, comme l’a dit Louis François Dissake, manager et développeur de projet. Et d’ajouter : «Le but du spectacle ce n’est pas de gagner de l’argent, mais de produire du spectacle pour gagner du crédit. Des artistes internationaux se sont ruinés après leur Olympia. Mais les retombées ont été énormes par la suite. Ce qui te permettra d’attirer les tourneurs. Lady Ponce a fait des pertes à coup sûr à l’Olympia. Mais qu’est-ce qu’elle va gagner pour l’après ? Elle inscrit son nom dans la durée. Quand tu penses la stratégie sur du long terme, le spectacle te permet de te positionner. Il coûte cher, mais tu rentabilises plus tard quand tu as un projet artistique développé», confesse Louis François Dissake. «Dès qu’on veut se lancer sur son tout premier spectacle, il faut déjà envisager la suite», complète Richard Eboa, président de The Music Club.
Les travaux s’achèvent le samedi 1er octobre, avec des recommandations.
Blanchard BIHEL