Accusé de faire main basse sur le village Solè pour la somme de 800.000 Fcfa, le Sous-Préfet Patrick Landry Adjedja s’en défend.
«Je suis autochtone de ce village. Je ne suis pas un chef mendiant. Depuis que les fonctionnaires sont sur mon territoire, je n’ai jamais fait la force contre une autorité. Mes populations et moi attendons l’arrivée du Sous-préfet le 22 juillet comme il l’a dit.» Sa Majesté Valentin Mbende est porté par un courroux quand il tient ces propos. Si l’ire du chef du village Solè (Solè est une chefferie de 3ème degré dans le canton Badjop-Ndogpenda, département de Yabassi région du Littoral) portait un nom, ce serait sûrement celui de Patrick Landry Adjedja, Sous-préfet de Yabassi.
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La chefferie accuse le chef de terre de vouloir brader le village pour une affaire de 800.000 Fcfa. Au village, les riverains récitent en chœur que le Sous-Préfet a reçu 800.000 Fcfa de Claude Babila Sigala pour être investi chef. Dans la lettre d’opposition à la création d’un village administratif à Solè, en date du 13 janvier 2021 à l’attention du Sous-préfet, Sa Majesté Mbende écrit : «J’ai souvenir le 2 novembre 2020 à votre bureau, relativement au sujet de l’installation d’un certain chef administratif dans mon village Solè. Au cours de nos échanges, je vous ai indiqué mon refus et mon opposition verbale à cette démarche et vous ai présenté l’organisation des populations dans mon village. Notables d’un côté et représentants de groupes ethniques de l’autre. A la suite de mon entretien avec vous, je vous ai tenu une correspondance au même mois de novembre 2020 dont l’objet portait sur la nomination des représentants des communautés vivant à Solè. Grande est ma surprise lorsque à l’écoute de multiples appels téléphoniques reçus des tiers et celui de monsieur Babila Sigala Claude. Ce dernier me certifie par téléphone qu’il a reçu votre appel, l’informant de son installation en tant que chef administratif dès votre retour de congés.»
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«Ce bonhomme affirme à tout le monde avoir donné 800.000 Fcfa au Sous-préfet pour être installé comme chef. Comme ça ne marche pas, il continue sa mascarade. Pourtant il avait lui-même dire que dans un village il n’y a pas deux majestés. Pourquoi veut-il aujourd’hui créer une deuxième majesté ?», gronde Sa Majesté Mbende, Chevalier du Mérite camerounais, Officier du mérite agricole.
Ladite installation initiée par l’administrateur civil, prévue le 20 février 2021 avait reçu la désapprobation de la hiérarchie, pour trouble à la cohésion sociale, trouble à l’ordre public… Aussi pour la simple raison que le village Solè est un espace géographique dirigé par un chef traditionnel bien connu depuis 1982, soit 39 ans. C’est ainsi que, pour témoigner son retour à de meilleurs sentiments, le Sous-préfet réunit la population le 15 avril 2021 pour dire qu’il ne veut plus entendre parler de chefferie administrative. L’autorité administrative martèle à propos qu’il y a un seul chef à Solè, en la personne de Sa Majesté Valentin Mbende.
Coup de surprise pour la chefferie, le message porté du Sous-préfet en date du 13 juillet courant, dont La Voix Du Koat a eu copie. «Dans le cadre des activités d’encadrement communautaire des allogènes dans l’arrondissement de Yabassi, j’ai l’honneur vous demander de bien vouloir personnellement prendre part à une importante réunion que je présiderai jeudi 22 juillet 2021 à 11h à l’esplanade de l’Ecole publique Solè, en vue de la désignation d’un représentant de la communauté anglophone». Le message qui est assorti de la mention «Urgence importance hautement signalée» est considérée comme une entourloupe, un passage au forceps pour installer sieur Babila Sigala Claude. Représentant des ressortissants Banen, Jacques Mbounè qui s’est installé à Solè en 1963 se dit «sidéré d’apprendre qu’une autorité veule désigner un responsable à Solè sans même passer par le Chef du village, lui qui connait tout le monde, la morale et l’éthique de chacun. Dans un village, on ne peut rien organiser sans passer par son chef.»
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Joint au téléphone ce lundi 19 juillet 2021, l’administrateur civil Patrick Landry Adjedja persiste et signe : «Je ne veux pas installer Monsieur Babila. Je veux juste qu’on désigne un représentant de communauté et que ce soit la communauté anglophone elle-même qui désigne son représentant. J’ai tenu une réunion à Solè le 15 avril où j’ai clarifié les choses. Je veux juste qu’un représentant qui sera l’interface avec l’administration soit désigné, que ce soit Babila ou quelqu’un d’autre. Ce qui amène le chef a diffusé des fausses nouvelles, c’est parce qu’il veut désigner lui-même les représentants des communautés». Sauf que le 26 mars 2021, les associations des différentes communautés allogènes ont choisi chacune leur représentant. Yves Abathe est par exemple choisi par les associations des ressortissants de l’Est pour les représenter ; Daniel Ekele représente les ressortissants du Sud-Ouest ; Sylvanus Wam ceux du Nord-Ouest…
Le Sous-préfet poursuit : «Il se dit partout que je veux créer une chefferie administrative. Il n’a jamais été question de ça. Je n’ai d’ailleurs pas compétence pour le faire. C’est de la compétence du préfet. La gestion des communautés dans les circonscriptions est du ressort de l’autorité administrative. Maintenant dans son conseil de notabilité, le chef peut désigner les notables qui représentent les communautés allogènes de son village.»
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Est-ce que la rencontre du 22 juillet 2021 va donc servir à désigner les représentants de toutes les communautés allogènes de Solè ? «Pour l’instant, je gère le problème de la communauté anglophone. C’est elle qui m’intéresse. Je descends le 22 pour faire désigner le représentant de la communauté anglophone.» Ce à quoi Sa Majesté dit : «Je ne l’accepte pas. La vie ou la mort. Advienne que pourra.»
S’agissant des 800.000Fcfa, le Sous-préfet dément et parle d’«instrumentalisation. Que ceux qui disent que j’ai pris 800.000Fcfa apportent la preuve. Je ne réponds pas de cette histoire.»
Valgadine TONGA