2010. Déjà plus de dix ans que le fils de Mintaba, village dans la commune de Bot-Makak, région du Centre, n’avait plus fait de scène dans son pays. C’est peut-être pas plus mal, parce que la maturité et la singularité qui s’affirment dans ses deux derniers albums, donnent à saliver quant à la dimension du spectacle de ce 30 avril 2021 à l’Institut français du Cameroun, antenne de Douala. Le retour de Blick Bassy sur la scène camerounaise n’est guère un plaisir à bouder, surtout que le chouchou du public, 1958, constituera la trame de la soirée. C’est l’une des exclusivités que le chanteur, auteur-compositeur, arrangeur, producteur, guitariste, percussionniste, écrivain…a confié à La Voix Du Koat dans cette interview réalisée le mercredi 28 avril courant. De ses références musicales à sa musique engagée aujourd’hui, en passant par la genèse et le divorce avec Macase, le fils qu’il a eu avec Corry…Blick Bassy nous fait une visite guidée dans sa vie. Un entretien mené par Valgadine TONGA.
LVDK : Généralement quand on écoute un artiste, on décèle ses références. Mais personnellement avec vous, c’est difficile de savoir les artistes qui vous ont influencé. Quelles ont été vos références ?
On est inspiré par l’environnement dans lequel on vit. On ne crée jamais de rien. Toute création part du matériel proposé. Ce matériel convient en général à une culture, à une société à un espace bien donné. Mes références partent de Salif Keita, d’Eboa Lottin, de Marvin Gaye que j’écoutais tout petit, des Têtes Brulées. Maintenant je pense que le vrai travail artistique c’est de partir de ces différentes références pour créer quelque chose qui soit nous. Votre question en fait pour moi est un compliment parce que je crois, en tant qu’artiste, lorsqu’on ne vous répète plus à chaque fois que vous me rappelez tel artiste, ça veut dire que vous avez commencé à créer votre propre voie. Quand on vous notifie que vous rappelez un artiste et que ça vous fait plaisir, pour moi ça veut dire que vous n’avez pas encore commencé à trouver votre couloir de vie. Déjà en tant qu’être humain nous sommes uniques, singuliers. Le plus compliqué pour chaque être humain que nous sommes, artistes ou pas, c’est de pouvoir trouver son couloir de vie, de développer la singularité qui nous caractérise dans une société très compliquée. Nous sommes dans une société où le standard est imposé à la population et il est super difficile de s’émanciper parce que dès le bas-âge nos parents qui sont déjà trempés dans cette pathologie vont nous transmettre cette maladie de la standardisation de la société. Le fait de commencer à s’émanciper pour moi est essentiel. En tant qu’être humain, c’est cette émancipation qui nous permet de vivre notre vraie vie.
LVDK : D’où vient cette douceur qui transperce votre voix, votre musique ?
C’est cette voix que j’ai voulu avoir, en plus du fait que c’est ma voix naturelle, mais que j’ai développée en travaillant énormément. C’est très peu le cas d’artistes ici, mais la voix est un instrument qu’on travaille au quotidien. Je passe beaucoup de temps tous les jours à travailler sur ma voix, sauf quand je suis dans un milieu où je ne peux pas le faire. Quand je suis chez moi, je peux faire des vocalises pendant six heures de temps. Le travail technique que je fais de ma voix est aussi un travail de recherche d’une meilleure compréhension de moi-même. Je pense que, plus on se connaît, plus belles sont les choses et mieux on avance parce qu’on sait ce qui nous caractérise. Ce travail technique reflète un peu le travail spirituel que j’essaie de faire sur moi, sur comprendre qui je suis, m’accepter tel que je suis, porter et assumer ma singularité devant le troupeau malade qui nous pointe du doigt car on nous trouve bizarre parce qu’on s’émancipe de la standardisation de la société.
LVDK : Blick Bassy a déjà fait tellement de scènes à travers le monde. Mais y-a-t-il une ville, un pays où il vous tient encore à cœur de jouer ?
Oui ! J’ai fait beaucoup de belles scènes, et chaque scène est unique. La scène où je souhaite me produire et que je n’ai pas encore fait, d’ailleurs c’est un rêve que j’espère réaliser, c’est de faire des tournées dans des villages où on n’a jamais vu un concert. C’est-à-dire arriver dans un village au Cameroun où les gens n’ont jamais vu une vraie scène, installer une vraie scène et faire un vrai concert avec tout ce qui va avec. C’est vraiment le rêve qui m’anime parce que je pense que j’ai fait énormément de scènes, presque tous genres de scène partout dans le monde et vraiment, ce dont je rêve c’est de jouer en campagne, pour des gens qui assisteront à leur premier concert et peut-être que ça pourra changer leur vie.
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LVDK : Vous avez une guitare acoustique dont la spécificité de la forme est intrigante. Y-at-il une histoire derrière cette guitare ?
En général, quand je prends un instrument, je cherche une sonorité particulière, je cherche à savoir si elle correspond aux différentes pédales que j’ai. Le poids de l’instrument est aussi important parce que quand tu voyages beaucoup, tu as toujours ton instrument dans le dos et tu restes debout trop longtemps. Beaucoup d’artistes qui voyagent, ceux qui font beaucoup de concerts, ont le problème de dos parce que l’instrument est lourd, tu es toujours dans les avions, tu l’as toujours au dos, après un concert, tu continues sur l’autre scène… Quand tu fais à peu près 150 scènes par an, c’est-à-dire que tu joues presque une fois tous les trois jours toute l’année, ça peut avoir un impact. Du coup, j’essaie de trouver les instruments qui, non seulement au niveau sonore me donnent ce que je veux, mais qui sont facilement transportables. Nous rencontrons parfois beaucoup de problèmes dans les avions, avec certains vols qui ne veulent pas prendre des instruments. Mon violoncelliste par exemple est arrivé aujourd’hui (28 avril 2021) et il a failli ne pas voyager. Il vit en France mais il est quitté de l’Afrique du Sud, où il y était pour un travail. Parti de là pour le Cameroun, il a rencontré beaucoup de problèmes parce que Ethiophian Airlines n’a pas l’habitude de voir ce type de violoncelle énorme. On a même acheté une place spéciale dans l’avion pour le violoncelle, mais jusque-là, on ne voulait pas le laisser entrer avec l’instrument. Donc quand tu cherches un instrument, tu penses à toutes ces réalités.
LVDK : Quand on cherche la genèse de Macase dans le moteur de recherche Google, on sait juste que vous êtes fondateur. Mais comment s’est faite l’histoire du groupe, du nom à la constitution des différents membres ?
Macase c’est une très belle histoire. Quand je décide de rester au Cameroun après l’obtention de mon Bacc pour faire la musique, j’habitais à Nkolmesseng à Yaoundé. A Essos, il y avait des amis qui étaient musiciens et on se retrouvait déjà quand on était au lycée pour faire la musique. Donc après notre Bacc, on décide tous de se consacrer à la musique. Je forme alors avec Thierry Essam qui était bassiste et Roger Meka le guitariste, un groupe. On se retrouvait et on s’amusait. Quand Thierry est parti poursuivre ses études en Roumanie, je suis resté avec Roger qui était à l’Université catholique et qui est venu avec Ruben Binam, le pianiste. On était finalement à trois. On cherchait un bassiste. A l’époque, Serge Maboma jouait au Parallèle Club et souvent on y allait tester nos chansons. Serge adorait ce qu’on faisait et c’est comme ça qu’on le recrute dans Macase. A l’époque il n’y avait pas encore de filles.
LVDK : D’où vient le mot Macase ?
Macase vient de ma maison. C’est Ruben et moi qui réfléchissions sur l’appellation du groupe. J’avais proposé Macase et finalement on l’avait choisi à l’unanimité. Comme je disais, on cherchait une chanteuse. On avait contacté Kareyce Fotso et Corry à l’époque et finalement on avait décidé d’aller avec Corry. Serge nous a rejoints dans le groupe, ensuite Roddy le batteur est venu, Henri-Georges (le cousin de Roger le guitariste) qui était à la chorale est venu également. C’est ainsi que le groupe a été formé petit à petit.
LVDK : Quand est-ce que vous vous êtes dit qu’il était temps de quitter la barque et de prendre votre envol ?
Le déclic a été le fait que, je suis un entrepreneur, et lorsqu’on est un groupe ce n’est pas évident parce qu’on n’a pas forcément la même vision. J’ai dit au groupe à un moment donné qu’il fallait qu’on s’installe en Europe mais il ne voulait pas. Je leur ai dit que j’étais d’accord qu’on reste ici mais qu’on travaille, qu’on crée de la valeur, de l’argent surtout qu’on avait la chance à l’époque que presque tous les sponsors nous suivaient dans tout ce qu’on faisait. J’ai proposé qu’on commence à faire des choses ici, mais j’ai compris que nous n’étions pas animés par les mêmes ambitions, qui à mon sens n’était pas grave. Je me suis dit que je ne vais pas forcer les gens dont l’ambition est de mener une super carrière au Cameroun. Mon envie était d’aller à la rencontre de l’humain où qu’il soit. A un moment donné, on s’est rendu compte que mon ambition était différente et j’ai décidé de partir.
LVDK : Vous êtes établi en France depuis plus de dix ans déjà. Corry Denguemo y réside aussi. Est-ce qu’on peut s’attendre un jour à un featuring ?
Il y a plusieurs choses pour moi qui définissent un featuring. C’est d’abord une rencontre spéciale, une envie spéciale qui anime des gens. Il y a également des featuring basés sur le commercial, par rapport à une stratégie globale de sa carrière, ou tout simplement un album qu’on réalise et on décide de faire un featuring avec x artiste pour toucher un public précis, ou pour passer à un autre step. Je ne fais pas de featuring juste parce que je connais quelqu’un. Mon fils par exemple que j’ai eu avec Corry est batteur professionnel qui joue avec beaucoup d’artistes. Je ne vais pas jouer avec lui juste parce que c’est mon fils. Peut-être qu’un jour il arrivera qu’on fasse une scène ensemble. Mais je ne fais pas les scènes, juste parce que je connais la personne, parce que c’est mon fils. Il doit avoir un vrai sens, une vraie occasion. Donc, si ça doit arriver un jour avec Corry, il faudrait qu’il y ait une véritable occasion.
LVDK : L’un des gros évènements qui vous amène au Cameroun c’est le concert du 30 avril. Ce concert sera une revue de vos quatre albums ou une présentation du tout dernier, 1958 ?
Ce sera une présentation de 1958. Il y aura majoritairement les chansons issues de cet album, quelques chansons de l’avant dernier.
LVDK : Qu’est-ce que ça fait de rejouer au Cameroun, après dix ans, surtout dans un contexte de crise sanitaire qui limite les places ?
Il y a une frustration parce que j’aurai aimé que le concert se fasse en temps normal. Là ce sera pour quelques chanceux, pour moi également mais j’aurai aimé que ce soit pour un public beaucoup plus large, surtout que c’est un album hyper important autour de Ruben Um Nyobe. Jouer ici avec ces musiciens, pour certains qui m’accompagnent depuis cinq, six ans, c’est assez spécial pour nous tous.
LVDK : Combien de musiciens seront sur scène ?
On sera trois sur scène. Le violoncelliste, le trompettiste qui fait le synthé aussi, et moi.
LVDK : Des quatre albums, Léman, Hongo Calling, Akô et 1958, il y a une trame dans l’ordre de sortie, mais l’ordre pouvait également s’inverser…
Pour moi il m’est difficile que ce soit dans le sens inverse parce que le sens de la production actuelle va de mon évolution spirituelle et psychologique aussi. C’est-à-dire que quand je commence avec Léman, c’est rythmé, il y a pas mal d’instruments. Plus j’évoluais, plus je voulais aller vers des choses beaucoup plus épurées. Dans une période où une information chasse une autre, je voulais aller à l’essentiel, et l’essentiel c’est ma voix qui devait être animée par une émotion. Petit à petit je voulais me débarrasser un peu des choses qui ne servaient pas à grand-chose pour vraiment aller sur ma voix et lui donner une émotion. C’est également mon évolution spirituelle. Au départ on est à fond dans la vie matérielle, petit à petit on s’émancipe parce qu’on grandit, parce qu’on lit, parce qu’on voyage énormément, on apprend tous les jours et on essaie d’appliquer ce qu’on apprend. Aussi, la perspective qui est la mienne est de voir les choses différemment. Sur mes deux derniers albums par exemple, j’ai décidé de ne pas avoir de batterie, d’instruments dits rythmiques parce que finalement c’est moi qui décide quel instrument est rythmique. C’est peut-être ma voix, ma guitare, le violoncelle…le fait de m’émanciper du rôle qu’on assigne aux choses et de faire simplement les choses grâce à la perspective qui est la mienne.
LVDK : Peut-on donc dire aujourd’hui que Blick Bassy s’est trouvé ?
Oui, mais je continue à me chercher parce que le prochain album sur lequel j’ai commencé à travailler est encore autre chose. J’ai envie de partir dans une autre direction, parce que j’aime me surprendre. J’ai besoin de faire les choses qui m’excitent, qui me surprennent moi-même et c’est tant mieux si elles surprennent aussi le public. Chaque album pour moi est un projet tout entier et j’aime aller chercher des choses différentes. C’est ça qui me nourrit, qui me donne envie de faire la musique, de ne pas me répéter à chaque fois.
LVDK : 1958 et Akö ont dévoilé au monde un Blick Bassy très engagé. Qu’est-ce qui vous a amené sur cette voie ?
Même mes premiers albums sont engagés. Léman parle majoritairement d’inter connectivité entre les musiques d’Afrique de l’Ouest et celles d’Afrique Centrale. L’idée pour moi était de faire ce lien. Dans le deuxième album Hongo Calling, je retrace le parcours des esclaves qui partaient d’ici jusqu’au Brésil, pour soulever la question de l’esclavage. L’album Akö parle de la transmission entre l’ancienne et la nouvelle génération, de dire que le chaos qui règne aujourd’hui chez nous est le fait de notre déconnexion avec qui nous sommes réellement et qu’il n’y a pas un seul élément vivant qui tient sans les racines. Regardez les herbes et les arbres ; quand on va regarder les différentes communautés qui excellent aujourd’hui, ce sont les Japonais, qui sont aussi traditionnels que modernes. Les Chinois et les Indiens pareils. Il n’y a que le peuple africain qui, dans une grande majorité, est complètement déconnecté de ses racines. 1958 quelque part rajoute une couche sur la question de nos racines, parce que parler de Um Nyobe c’est parler de nos racines, du travail qui était fait, la vision que ses compères et lui portaient sur le tribalisme contre les Bamilékés, sur le problème anglophone, la place des femmes dans notre société, notre indépendance en tant que population. Pour moi il est hyper important de pouvoir en parler et je pense que tout humain, tout artiste est engagé. Maintenant il y a deux catégories : les engagés conscients et les engagés inconscients. A partir du moment où on vit dans la cité, on impacte cette cité d’une manière ou d’une autre. Si dans une société on n’est pas engagé et qu’on doit voter, sur quelle base vote-t-on ? Chacun de nous participe à la vie de la cité, donc nous sommes tous engagés. Maintenant il y a ceux qui le sont de manière consciente et d’autres qui agissent de manière inconsciente parce que le fait d’être un élément vivant est déjà un engagement.
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LVDK : En tant qu’homme, artiste engagé, pensez-vous que l’Afrique est mal partie ?
Non, on est l’avenir du monde et ils le savent tous. Quand on regarde le parcours de l’Homme noir, des Africains, logiquement aujourd’hui on devrait être dans une dynamique de vengeance. Mais on est amour. On accueille même les esclavagistes en dansant, en donnant de l’amour. Rien n’est au-dessus de l’amour. Entre la haine, la méchanceté, l’amour est toujours gagnant. Pour la société actuelle, les intérêts économiques, matériels et autres priment. Mais quand une petite maladie comme le corona arrive, on voit bien qu’on n’est rien du tout, et que même ceux qui sont censés être «puissants» tremblent. La nature et l’univers sont beaucoup plus forts que nous et c’est l’amour qui va régler le monde. Comme les Noirs sont animés d’amour, ce qui peut paraître une faiblesse dans un lieu de personnes mal intentionnées, cet amour finira par gagner ; parce qu’autrement, avec l’esclavage, la colonisation et tout ce qu’on continue à nous faire, on continue à les accueillir en dansant. Ailleurs, d’autres communautés essaient de se venger. Nous, on n’en est pas là. On aime et on continuera à aimer. C’est ça qui va sauver le monde.
LVDK : Chanteur, auteur-compositeur, producteur…vous êtes aussi écrivain. Votre ouvrage ‘‘Le Moabi Cinéma’’ a d’ailleurs remporté le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire. Quand sait-on qu’une histoire est meilleure écrite ou chantée ?
Parce que c’est une démarche complètement différente. La chanson doit être limitée, c’est comme si tu voulais passer un message sur Twitter. C’est en quelques mots. Le livre par contre, offre beaucoup de possibilités. Ça peut être plus long, plus explicite aussi parce que l’écriture littéraire n’est pas forcément la même qu’en chanson.
LVDK : C’est la raison pour laquelle vous vous êtes lancé dans la littérature ?
Je me suis lancé dans la littérature parce que je suis un hyperactif. J’essaie de capitaliser mon hyperactivité parce qu’à côté de l’écriture je travaille sur le cinéma, plein d’autres projets parallèles. L’écriture pour moi fait partie des différentes armes pour pouvoir partager mon ressenti, donner ma vision de notre société.
LVDK : Parlant de projet, expliquez-nous celui que vous avez avec les plasticiens africains…
Ce projet s’appelle la ‘’Elders Music Box’’, la boîte à musique des aînés. C’est un projet de boîte à musique, faite à travers une chanson populaire ancienne des aînés, qui parfois meurent dans des conditions déplorables. L’idée c’est de créer une boîte à musique qui joue une chanson populaire. La première édition parle de la chanson «Indépendance Chacha» de Grand Kalle, qui a été retranscrite en boîte à musique. Ça veut dire qu’on tourne une manivelle, la chanson joue. La couverture de cette boîte à musique est faite par un jeune artiste peintre africain. Il y a un QR code qu’on scanne et qui renvoie à la plateforme du jeune artiste. Mais le QR code également permet d’aller écouter la version originale de la chanson. Une fois la boite vendue, les bénéfices servent à payer les soins des aînés de la musique qu’on va identifier. A travers ce projet, on va essayer de les accompagner en subvenant à quelques besoins mais aussi à permettre aux jeunes talents plasticiens africains d’être repérés.