Depuis la survenue des premiers cas sur le sol camerounais et le protocole sanitaire qui s’en est suivi, le pays a engrangé des bénéfices de l’ordre du milliard. Évocations.
Un diagnostic sans complaisance pour commencer ! Le Cameroun a certes connu une poussée de fièvre mais il reste le pays le moins touché par la pandémie à Covid-19. Si dans d’autres pays du globe l’avenir reste incertain et que tous les espoirs résident dans l’arrivée de vaccins ou d’un traitement qui permettra une reprise vigoureuse de la croissance économique dans le courant de l’année 2021, la nation de Manaouda Malachie a la grâce d’être moins ébranlée par les déséquilibres mis en évidence par cette crise aux multiples facettes avec pour conséquences l’augmentation sans précédent des dettes publiques et privées annonciatrices des prochaine(s) crises financière, économique, sociale ou politique.
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Même s’il faut reconnaître que notre pays reste un mauvais élève en matière d’observance des mesures barrières édictées par l’Organisation mondiale de la Santé, il reste vrai que la résilience des populations a presque permis de transcender la contamination. Le gouvernement a également prescrit le report ou l’annulation pure et simple de certains grands événements inscrits dans son agenda.
Vœux à la présidence
«Au regard de la propension à l’inobservance des mesures barrières lors de certaines manifestations d’envergure et des risques subséquents de résurgence et de propagation de la Covid-19, le ministre de la Jeunesse et de l’Education civique, président du Comité national d’organisation de la fête de la jeunesse, sur les très hautes instructions, porte à l’attention de l’opinion publique que la suite des manifestations de la fête sera essentiellement centrée sur les activités en mode virtuel d’une part, et celles en présentiel n’entrainant pas une forte mobilisation d’autre part.» Ainsi en a décidé le ministre de la Jeunesse et de l’Education civique, Mounouna Fotso, dans son communiqué du 5 février 2021. Par précaution, la 55ème édition de la fête de la jeunesse voit ses festivités être annulées. Cette annulation vient s’ajouter à une longue liste qui ne fait pas que des heureux : la célébration de la fête du Travail édition du 1er mai 2020, la célébration de la fête de l’Unité le 20 mai 2020, le vin d’honneur accordé par le couple présidentiel à ses hôtes au palais, au soir du 20 mai, la présentation des vœux de nouvel an au Chef de l’Etat.
La première conséquence est d’ordre économique. C’est du moins ce que tente d’expliquer Dr. Jean-Marie Biada. Expert des questions économiques, Expert formateur certifié Onudi en Diagnostic et mise à niveau des entreprises, il souligne que du fait de ces évènements manqués, «l’Etat n’a plus à modifier son budget pour la prise en charge sanitaire. Deuxièmement, l’Etat contrôle le budget qui avait été prévu. Maintenant, le bonheur des uns faisant le malheur des autres, ces gens qui livrent les vins au palais à l’occasion de ces cérémonies n’auront pas de bonds de commande.» Ces entreprises vont faire face à une faiblesse de rotation de stocks, au profit des caisses de l’Etat.
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L’Etat n’improvise pas
«En fait, l’Etat a déjà épargné beaucoup, un petit paquet de milliard. Les vins qu’on propose à la présidence sont de haute qualité, surtout que ces dernières années, on a observé une certaine complaisance en matière d’invitation. Parfois on nous parle de 200 à 300 invités mais on se retrouve après avec plus de personnes. Il faut aussi acheter des fleurs, des couverts… De ce point de vue, l’Etat ne dépense pas puisqu’il n’y a plus de cérémonie, mais ça pénalise les Pme prestataires. L’Etat central et l’Etat déconcentré (région, département) a engrangé des économies. Chez les gouverneurs par exemple, il y a toujours le vin d’honneur au soir su 20 mai. Ce qui n’avait pas été le cas l’année dernière. Toujours pour le 20 mai, il y a des gens qui quittent par exemple de Kousseri, Bertoua, Garoua pour venir défiler à Yaoundé, et inversement. C’est des frais de mission en moins, parce que le carburant est énorme avec notamment le transport du matériel du BDR…»
S’il n’y a pas encore eu jusqu’ici une révélation chiffrée officielle en rapport aux bénéfices de ces évènements manqués, il est clair que l’Etat en fait des économies. «L’avantage en matière de finances c’est que l’Etat n’improvise pas. L’Etat n’est donc pas surpris. Il y a dans le budget de l’Etat ce qu’on appelle la ligne 94 où on fait passer certaines dépenses qui n’avaient pas été prévues. Cette ligne 94 n’est pas inépuisable», précise tout de même Dr. Jean-Marie Biada.
Valgadine TONGA