« 24 mesures fortes pour 24 millions de rêves ». C’est ainsi que s’intitule le programme politique, économique et social présenté mercredi 22 août à Douala par Joshua Osih, à l’occasion de sa conférence de presse. Le candidat à la présidentielle de la principale formation politique de l’opposition camerounaise a, parmi ces mesures fortes, cité la fermeture de l’Enam(École nationale d’administration et de magistrature).
Le candidat à la présidentielle du Social democratic front(Sdf) adosse les 24 mesures fortes pour 24 millions de rêves sur le fédéralisme, nouvelle forme de structuration de l’État camerounais fondée sur les 10 régions actuelles. « Le moteur du programme politique, économique et social est le fédéralisme. Pensez fédéralisme, c’est penser la suppression de l’École nationale d’administration et de magistrature(Enam) ». C’est la réponse de Joshua Osih adressée à un journaliste d’une chaîne Fm qui a réitéré la mesure liée à la fermeture immédiate de l’Enam qui, d’après l’homme politique, a formé de milliers de gouverneurs, de Préfets et de sous-préfets ayant, depuis décennies, plombé le fonctionnement des administrations camerounaises. C’est cette 12ème mesure forte du programme politique, économique et social du candidat à la présidentielle du Sdf qui a suscité bien de questions et interrogations des Hommes de médias qui veulent en déterminer les objectifs et dessein dans une grande salle de conférences de l’hôtel Prince de Galles pleine à craquer. D’après Joshua Osih, l’enjeu de cette mesure consiste à «décoloniser l’administration camerounaise, dont les mentalités des gestionnaires sont réfractaires au développement» parce que imbibées des pratiques liées à la corpution, à la mal gouvernance, au népotisme, au favoritisme, au clientélisme et au sectarisme.
Seulement, en même temps J. Osih envisage de fermer cette école prestigieuse, en même temps il entrevoit, s’il devient président de la République, de doubler le salaire des fonctionnaires sur 5 ans. Pourtant, ce sont ces agents publics qui, pour la majorité, sortent du moule de formation de l’Enam et bénéficient des trajectoires d’integration d’ascension et de mobilité socioprofessionnelles dans les bureaucraties étatiques. A la question de savoir si la jonction de ces deux mesures, dans le programme politique, économique et social, n’est pas paradoxale, Osih répond sans ambages: « Ce ne sont pas les Hommes qui font l’Enam, c’est plutôt l’Enam qui fait les Hommes ». Le prétendant à la magistrature suprême de la principale formation politique de l’opposition camerounaise soutient que cette école élitiste a formé de piètres administrateurs qui sont devenus des gouverneurs, des Préfets et des sous-préfets. C’est pourquoi le premier vice-président national estime qu’il faut fermer l’Enam. Histoire de de-coloniser l’administration camerounaise et d’insuffler une nouvelle énergie nécessaire à la revalorisation du statut des fonctionnaires. L’homme politique prévoit, dans la même veine, l’introduction des incitations indexées sur la pénibilité pour cette catégorie socioprofessionnelle en zone rurale et en zone difficile pour lutter contre l’absentéisme et l’abandon des postes. Celui qui est élu du peuple et vice-président de la commission des Finances et du budget à l’Assemblée nationale veut, suivant le paradigme fédéraliste, réduire l’effectif pléthorique du gouvernement à 20 postes ministériels même si Osih ne précise pas, concrètement, quels les ministères qui ne feront plus partie du kaléidoscope gouvernemental.
Au-delà de ces mesures de refonte administrative et économique, il y a aussi des mesures politiques non négligeables. Osih propose l’organisation, dans les prochaines années, de l’élection présidentielle à deux tours pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois et l’introduction du bulletin de vote unique. Dans le dessein de l’implémentation du fédéralisme et de la résolution de la crise sociopolitique contemporaine, le spécialiste de l’aéronautique élabore, comme mesure, la tenue d’une conférence nationale vérité, réconciliation et réparation, la mise sur pied d’un programme de désarmement, de démobilisation et de re-insertion et la délocalisation du chef-lieu de la région du Centre dans une autre aire culturelle de cette région. Dans le champ des réformes sociales, Le député du Wouri-Est propose la suppression des loyers d’avance et la régularisation des rapports entre les bailleurs et les locataires. Il s’agit aussi d’introduire, au plan éducatif, une bourse scolaire pour les enfants issus des couches les plus défavorisées et créer l’école gratuite et obligatoire jusqu’à la fin du premier cycle et la suppression de la scolarité dans les universités et grandes écoles d’État. Aussi envisage-t-il de développer les infrastructures et la capacité numérique pour transformer l’enseignement et l’éducation.
Au plan sanitaire, J. Osih veut offrir la gratuité des consultations pré et post-natales jusqu’à l’âge de 2ans, ainsi que des soins pour l’accouchement par césarienne et l’introduction d’une couverture santé à hauteur de 500.000 Fcfa par ménage et par an pour une prime de 1000 Fcfa par personne par mois. Telle est donc la synthèse des 24 mesures fortes pour 24 millions de rêves pour retrouver la paix, le travail et la patrie.
Serge Aimé BIKOI, envoyé spécial à Douala
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