Dans une salle comble du Canal Olympia Bessengue, Carles Antonio a livré, ce 24 juillet 2025, un spectacle percutant mêlant humour, poésie et satire sociale. À travers « Une histoire de tomate », l’artiste a su faire rire tout en abordant, avec finesse, les réalités sensibles du quotidien camerounais.
C’est dans une grande salle du Canal Olympia de Bessengue, pleine à craquer, que s’est tenue ce jeudi soir, 24 juillet 2025, la représentation tant attendue du spectacle « Une histoire de tomate », porté par le comédien Carles Antonio encore appelé Flentchou ou le livreur du marabout, et organisé par Tallart Group Sarl. Ce rendez-vous culturel, aux allures de célébration, a offert au public une plongée singulière dans un humour de proximité, teinté de poésie et de critique sociale.
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Entre animations variées, notamment des dégustations, des prestations artistiques et des dégustations de produits locaux, cette ambiance conviviale, en marge du spectacle a permis de créer une atmosphère interactive avant l’entrée en scène du comédien. C’est à 21h10 que le rideau s’est levé sur un décor sobre, soutenu par un jeu de lumières colorées. Face à un public attentif et réactif, Carles Antonio s’est lancé dans un monologue de près de 1h45, mêlant humour caustique, anecdotes du quotidien, références sociales et élans de tendresse.
Métaphore de la résilience
À travers la figure de la tomate, utilisée comme fil conducteur, Carles Antonio aborde des thématiques variées : famille, amour, déception, pauvreté, rêves brisés. « La tomate, c’est pour moi une manière d’enjoliver les choses lorsque je veux parler des problèmes de la société », a-t-il expliqué. Une approche douce et maîtrisée, conçue pour faire passer des messages sans brusquer.
Avec des phrases devenues virales telles que « La tomate est chère » ou encore « C’est en se plantant que la tomate finit par pousser », Carles Antonio réussit à transformer un objet banal en métaphore, évoquant le courage d’échouer, la nécessité de rebondir, et l’importance de l’amour et de la résilience dans une société en perte de repères.
Un génie de scène
Le public, composé de toutes les générations, a répondu avec ferveur, riant et applaudissant. Plusieurs spectateurs ont témoigné avoir retrouvé dans ce spectacle des fragments de leur propre vécu. « Mon histoire, c’est votre histoire, c’est notre histoire à nous », a lancé le comédien sur scène, créant une connivence immédiate avec la salle. Inscrivant le spectacle dans une stratégie culturelle plus large, Étienne Talla, représentant de Talart Group, a salué la qualité du spectacle et la vision artistique de Carles Antonio. « On vous présente aujourd’hui un génie », a-t-il déclaré, tout en soulignant l’importance d’outiller les artistes pour penser leur carrière. Il a également révélé que le spectacle est en cours de préparation pour une tournée internationale dès 2026.
Clôturé vers 22h30, le spectacle a marqué les esprits par sa densité émotionnelle et sa finesse. En conjuguant satire, introspection et rire, Carles Antonio impose un style qui s’inscrit dans la lignée des grands stand-ups afro-urbains. Son mot de fin en dit long sur sa démarche : « J’ai promis quelque chose de bon, quelque chose d’appétissant, quelque chose qui va vous rassasier », à déclaré l’artiste. Au final, avec une simple tomate, Carles Antonio a mijoté un plat de vie savoureux, relevé d’ironie, de tendresse et de vérité. Et s’il fallait retenir une leçon de cette soirée, mieux vaut rire des pépins que de s’étouffer avec la peau. Un pari manifestement réussi.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA