L’artiste camerounais Limo Star a présenté son album aux médias de Douala, le 18 janvier 2024.
Le choix du calendrier de la sortie de l’album n’est pas anodin. L’artiste camerounais en résidence en Italie, Limo Star présente son album dans un contexte de la double commémoration du 63e et du 80è anniversaire de l’assassinat du révolutionnaire congolais Patrice Emery Lumumba et des soldats africains qui ont combattu pour la libération de la France du nazisme. « Après la victoire de 1944, plus de 86% des troupes françaises étaient des noirs. La France va les remplacer par des troupes marocaines pour faire croire à sa population qu’il s’agissait des combattants blancs. Ils ont réclamé leurs arriérés de salaire et ont demandé que la discrimination prenne fin. Les Français ont suivi leurs problèmes, le 1er décembre 1944, on a ouvert le feu sur eux. D’autres ont été attrapés comme des prisonniers de guerre. C’est l’Afrique qui avait combattu aux côtés de la France pendant la deuxième guerre mondiale. La France a pris les meilleurs tireurs pour aller combattre à ses côtés. Le Sénégal était le point de départ. Après la guerre, les Français devaient payer les salaires des combattants africains. Aujourd’hui, ils sont abusivement appelés Tirailleurs sénégalais », chante l’artiste dans le style par excellence de la musique engagée, le reggae.
Tirailleurs Sénégalais est sorti en décembre dernier. La presse camerounaise a pu écouter des morceaux choisis, durant la conférence de presse du jeudi 18 janvier 2024 à Douala. « Contrairement aux déclarations officielles françaises qui parlent de 35 soldats africains tués, Limo Star révèle que le massacre par l’armée française dans un camp militaire à Thiaroye au Sénégal, a fait entre 300 et 400 victimes. Ces ‘‘tirailleurs’’ ont combattu sous l’uniforme français pendant la Seconde Guerre mondiale, où 17 mille Noirs ont perdu la vie », peste Limo Star, de son vrai nom, Emmanuel Ngonga.
A 48 piges, l’artiste a suffisamment de bagages pour endosser le combat de la vérité sur l’histoire tronquée. « Ces douleurs nous hantent parce que les Français n’ont jamais parlé de ça, parce qu’ils ont cherché à nettoyer l’histoire. Plusieurs familles de ces soldats n’ont plus de leurs nouvelles. Dans l’album, je demande à la France, où sont nos frères ? Où sont les héros de l’Afrique ? »
Herman NOE
