Le bras de fer qui oppose le ministère des Sports et de l’Education physique à la Fédération camerounaise de football suite à la nomination unilatérale par la tutelle, d’un nouveau staff technique conduit par le belge Marc Brys, remet au goût du jour, l’éternel problématique des rapports conflictuels entre les deux instances.
Brys, le sorcier blanc indésirable ? Le moins que l’on puisse dire c’est que le technicien belge de 61 ans, désigné par le Minsep pour remplacer Rigobert Song, remercié en fin février après l’élimination du Cameroun en 8e de finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2023, n’est pas le bienvenu en terre camerounaise. Près de 24 heures après s’être étonnée de la nomination de ce « parfait inconnu » au poste de sélectionneur de l’équipe nationale fanion sans consultation préalable, la Fécafoot fait savoir à sa tutelle qu’elle ne validera pas la nomination du nouveau dresseur des Lions indomptables.
Sa désapprobation est contenue dans une correspondance portée à la haute attention du patron des Sports par Samuel Eto’o, mercredi 3 avril 2024. Avec pour objet : « Recrutement du sélectionneur et des responsables chargés de l’encadrement technique, administratif et médical de l’équipe nationale senior de football masculin », le courrier du patron de l’instance faîtière du football camerounais à sa tutelle, est une véritable exégèse du décret présidentiel N°2014/384 du 26 juillet 2014 traitant de l’organisation et de la gestion des sélections nationales.
Pour le numéro 1 de l’exécutif fédéral, en son article 3 (1), cet acte règlementaire signé du président Paul Biya, confie à la Fécafoot, la gestion administrative, sportive et technique des sélections nationales de football. « Notre instance est donnée compétente pour recevoir, évaluer et proposer à la tutelle gouvernementale les candidats aux postes à pourvoir concernés. En dépit de nos propositions diligentes et au bout d’une vaine attente, il nous a été instruit de contractualiser un nouveau sélectionneur, ses adjoints, des personnels médicaux et administratifs, à l’instar du Coordonnateur général des sélections nationales de football, dont le recrutement est, du reste, une compétence exclusive de la Fécafoot selon l’article 4 du décret ci-dessus cité. N’ayant été associés ni de près ni de loin au processus de présélection des candidatures aux postes à pourvoir, nous référant aux dispositions du décret précédemment mentionné et au Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs Fifa, la Fédération camerounaise de football ne s’est pas joint au processus de recrutement des personnels nommés au sein de l’encadrement technique, administratif et médical de nos sélections nationales », fait révérencieusement remarquer l’ancien capitaine des quintuples champions d’Afrique.
Non à la transgression des règlements supra nationaux
Selon le quadruple « Ballon d’or africain », la Fécafoot ne saurait reconnaitre « ces nominations effectuées en-dehors de tout cadre légal et réglementaire ». Suffisant pour opposer un refus catégorique à « cet acte dénué de tout fondement légal ». Le président de la maison mère du football camerounais, sans doute au parfum des lenteurs administratives sur la procédure de recrutement, l’attentisme, les actes d’antijeu et de toutes les manœuvres dolosives qu’elle a charrié, argue que la fédération « ne saurait transiger avec les règlements supra nationaux et, encore moins, avec les dispositions légales et règlementaires en vigueur dans notre pays », conclut-il en rassurant le destinataire de sa correspondance de ce qu’elle reste disponible « pour une collaboration dans le respect des textes en vigueur ».
Lire aussi : Management de la Fécafoot : les présidents des Ligues régionales jouent les boucliers pour Eto’o
Après une fenêtre Fifa (du 18 au 26 mars) sans matchs amicaux, revoici donc André Onana et ses camarades qui se retrouvent avec un sélectionneur nommé par le Minsep mais conspué par la Fédération et par conséquent, pas officiellement « intronisé ». Même les «très hautes directives du président de la République, et conformément à son Haut accord (…) » brandies par Narcisse Mouelle Kombi dans son communiqué du 02 avril dernier, pour justifier son passage en force aux arrière-goûts de revanche, ne feront pas reculer le patron de l’exécutif de Tsinga qui n’est visiblement pas prêt à perdre ce nouveau bras de fer qui l’oppose à celui qu’il a si souvent appelé « mon patron ». Face à ce nouveau bras de fer que beaucoup d’analystes avisés assimilent à un passage en force de la tutelle marqué par un empiètement sur le périmètre d’action de la Fédération, au mépris du décret présidentiel en la matière, on n’est pas très loin de voir la Fifa agiter la menace d’une suspension du Cameroun pour ingérence potentielle du gouvernement dans les affaires de la Fécafoot.
Daniel NDING
