Le contexte socio-politique, au Cameroun, est marqué, ces derniers mois, par une pluralité de crises qui affectent la quasi-totalité des sentiers de la vie courante. Au plan politique, la crise anglophone est l’invariant majeur de cette polarisation chrysogène tant elle est loin d’être résolue au regard de l’absence, jusqu’à présent, des solutions idoines et adéquates nécessaires, voire indispensables à la résolution de ce contentieux. Jamais, la ferveur unitaire et solidaire n’a jamais été aussi ébranlée.

Les emblèmes de l’État sont lacérés, les ambassades attaquées, les autorités officielles humiliées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, des écoles incendiées sont, entre autres, des clichés répertoriés. Toute chose qui traduit, de façon manifeste, l’ampleur de la crise politique, dont les solutions efficace et efficiente ne sont guère élaborées jusqu’ici.
Au plan économique, l’État du Cameroun souffre d’un déficit criard de liquidités. En effet, le pays subit, à l’heure actuelle, une récession économique austère assortie de fortes répercussions sur le giron sociétal. Les grèves récurrentes des différentes corporations socioprofessionnelles, le délitement du tissu social, la crise infrastructurelle, le malaise social, la paupérisation et la relégation sociales en sont, la litanie n’est guère exhaustive, des exemples. La macrostructure publique est à son 5ème emprunt obligataire. Elle s’endette auprès des institutions telles que la Banque africaine de développement(Bad) et le Fonds monétaire international(Fmi). Les ressources pécuniaires liées à l’endettement, qui auraient pu servir à relancer le système de production, à créer de nouveaux pôles de richesses, sont consommés dans les dépenses de prestige. La Can 2019, qui était, pour le régime actuel, un moment d’affirmation, voire de capitalisation du pouvoir du chantre du Renouveau, semble être hypothétique du point de vue organisationnel, structurel et fonctionnel. Plus que jamais, la plus grande fête du continent noir paraît assez compromise vu le manque d’infrastructures de développement-routes, hôpitaux avec plateau technique, stades, hôtels, etc. Malgré tout, le prince du régime actuel tient à sucer sa canne en 2019 et à organiser cet événement. Sera-ce un mythe ou une réalité? La question demeure.
Ces formes chrysogènes ne mettent pas sous le boisseau la crise culturelle liée à l’imbroglio sempiternel qui règne dans la régulation des sociétés de gestion collective de droit d’auteur. Factionalisme, sectarisme, irrédentisme, clanisme querelles de chiffonniers, etc continuent d’alimenter la pieuvre des guéguerres dans cet environnement devenu kafkaïen. A quand la fin de l’histoire des turpitudes et vicissitudes dans ce kaléidoscope artistico-culturel, où il règne, de façon permanente, la symphonie de la cacophonie des théoriciens et praticiens du droit d’auteur? Au vu de cette cristallisation chrysogène, le Cameroun est-il, in fine, devenu une société bloquée, dont l’équation de la résolution est introuvable à l’état actuel? Ce sont là les signes prémonitoires de la fin décadente du règne du régime en place?
Serge Aimé Bikoi, journaliste et Sociologue du développement