Contribution citoyenne pour un choix électoral éclairé
Au 21ème siècle, une vérité s’impose : le sport n’est plus une affaire de loisirs, ni un supplément folklorique dans les programmes politiques. Il est devenu un pilier stratégique du développement des nations. Avec une économie estimée à 800 milliards de dollars US à l’échelle mondiale – soit 40 fois celle de la musique, du cinéma et de l’audiovisuel réunis – le sport s’affirme comme l’un des leviers les plus puissants de rayonnement, de croissance et de cohésion sociale au XXIe siècle.
Dans ce contexte, les États ne peuvent plus se permettre de prendre le sport à la légère. Encore moins un pays comme le Cameroun, fort d’un héritage sportif exceptionnel et d’une reconnaissance internationale bâtie par ses légendes : Roger Milla, les Lions Indomptables, Samuel Eto’o, Francis Ngannou, Françoise Mbango, Ajara Njoya…
Le sport d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier. Fini le temps où l’on jouait pour la gloire ou le plaisir. Aujourd’hui, chaque compétition est un moment de diplomatie, de Soft Power et d’influence. L’ancien président américain Gérald Ford l’a si bien résumé : « Une victoire sportive a plus de retentissement qu’une victoire militaire, car elle touche les cœurs. » Mandela l’avait compris dès les années 90, en utilisant le rugby comme outil de réconciliation nationale. En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire fit un grand pas vers la paix après la qualification historique de ses Éléphants au Mondial 2006. Didier Drogba et ses coéquipiers visitant les régions contrôlées par les rebelles, ce n’était pas du sport : c’était de la diplomatie en crampons.
De Sotchi à Doha, de Pékin à Los Angeles, le sport est désormais le nouveau théâtre régulé de l’affrontement entre puissances, où la victoire se joue sur les terrains… et dans les esprits. À ce jeu-là, les pays qui gagnent sont ceux qui ont une vision, une stratégie, et une politique sportive assumée. Le Rwanda s’appuie sur Arsenal, PSG, Bayern de Munich et Atletico de Madrid pour son Nation Branding, son voisin la RDC ira aussi contracter avec le FC Barcelone, Milan AC, As Monaco. Les enjeux du Nord-Kivu peuvent ainsi se déporter sur le terrain du soft power.
Une lecture critique de l’offre sport des candidats à la présidentielle 2018
Fort de ce constat, en 2018, j’avais pris l’initiative citoyenne de passer au crible l’offre sport contenue dans les programmes des 9 candidats à l’élection présidentielle camerounaise du 7 octobre 2018.
Cette analyse, que je repartagera ici avant d’amorcer l’analyse de l’offre sportive des candidats de 2025, était le fruit d’un travail rigoureux : identification des propositions sportives dans les programmes officiels, lecture croisée avec les bilans, professions de foi et engagements publics, mise en perspective des propositions sportives avec les autres secteurs prioritaires (santé, diplomatie, éducation), et surtout, confrontation de ces programmes avec les réalités et enjeux actuels du sport au Cameroun et dans le monde.
En 2018, tous les candidats mentionnaient le sport dans leur programme. Mais, peu allaient au fond du sujet. Plusieurs continuent de percevoir le sport comme un simple outil de divertissement. C’est une erreur stratégique. Car sous le mandat de l’un d’entre eux, le Cameroun organisa une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) dont le coût est estimé à près de 3 000 milliards de FCFA, selon l’émission Réussite sur Canal+.
Classement : Ballon d’Or, Ballon de Bronze, Ballon de Plomb
Pour faciliter la lecture, j’avais classé les candidats en trois catégories :
Ballon d’Or : les propositions les plus structurées, stratégiques et ambitieuses.
Ballon de Bronze : des idées intéressantes, mais insuffisamment approfondies.
Ballon de Plomb : des déclarations de principe sans contenu concret.
Le président sortant Paul Biya avait fait l’objet d’un traitement distinct, du fait de son bilan évalué sur plusieurs années, mais aussi de sa profession de foi publiée dans la presse, qui indiquait avec ses perspectives futures. Dès lundi 4 août prochain, je partagerai ici la synthèse de l’offre sportive des candidats aux élections présidentielles camerounaises de 2018.
Une initiative citoyenne ancrée dans l’expertise
Cette contribution n’est ni partisane, ni militante, mais profondément citoyenne. Elle vise à aider chaque électeur, chaque citoyen, chaque passionné·e de sport, à enrichir sa lecture des programmes électoraux à l’aune d’un secteur devenu central.
Je m’autorise cette prise de parole en tant que professionnel de la communication depuis 23 ans, dirigeant d’une agence de publicité affiliée à un réseau mondial, 16 ans d’expériences dans l’économie du sport, avec des collaborations étroites et reconnues avec plusieurs fédérations sportives nationales et africaines, mais aussi des institutions internationales telles que la CAF, LaLiga espagnole, le FC Barcelone, l’Olympique de Marseille ou le Real Betis Séville.
Et 2025 ?
Cette première analyse, réalisée en 2018 et initialement diffusée dans quelques journaux camerounais sera rééditée en 2025 avec une plus grande ambition de diffusion : presse écrite, radio, télévision et plateformes digitales, au Cameroun comme en Côte d’Ivoire, afin d’accompagner les citoyens dans leur réflexion électorale.
Car en 2025, la pesée de l’offre sportive se fera aussi bien pour les candidats à la présidence camerounaise que pour ceux en lice dans les pays frères, à commencer par la Côte d’Ivoire.
Le sport est un marqueur de puissance, un facteur d’unité nationale et un outil de croissance. Il mérite une place centrale dans tout projet présidentiel sérieux.
Nasser NJOYA
Humaniste I Entrepreneur I
Publicitaire I Ouvrier du business sport I
Palmares World I Casablanca-Maroc