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Pr Alaka Alaka : «Le prix du téléphone va baisser parce que la concurrence sera désormais loyale»

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Expert en fiscalité, Pr. Alaka Alaka est membre de l’Ordre national des conseils fiscaux du Cameroun, Président de la Société africaine des finances publiques et fiscalités. C’est avec autorité que ce professeur d’universités analyse les questions économiques et fiscales. Dans cette interview accordée à La Voix Du Koat, Pr. Alaka Alaka explique les tenants et les aboutissants de la taxe sur les téléphones portables et tablettes.

En français facile, expliquez-nous la nouvelle taxe sur les téléphones portables et tablettes ?

La taxe sur le téléphone portable et les tablettes est mal expliquée. La communication gouvernementale a failli, c’est la raison pour laquelle l’affaire soulève beaucoup de passions. A la réalité, on s’est rendu compte que le téléphone portable ne rapportait plus à la douane, alors que de millions de puces étaient distribuées et vendues par des opérateurs à chaque moment. Conclusion logique, les téléphones entrent en contrebande, parce que vous ne pouvez pas avoir de puces sans téléphone. Le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes.

A quel montant pouvait-on estimer les pertes de l’Etat du fait de cette contrebande ?

Les dix dernières années, le gouvernement percevait 2milliards Fcfa par mois, au titre des dédouanements de téléphones portables. Il est donc arrivé que, ce montant a chuté jusqu’à 100millions Fcfa. Conclusion, les 1milliard 9cent millions Fcfa des droits de douane étaient distribués entre les contrebandiers. L’Etat a donc décidé de faire du redevable légal qui est l’importateur, un redevable nul, un redevable zéro ; et de faire du redevable réel qui est le consommateur, à la fois le redevable légal et réel. L’Etat a donc fait un glissement de compétences.

Concrètement, comment va s’implémenter le processus ?

L’importateur qui doit dédouaner ne dédouane plus. C’est le consommateur qui va désormais dédouaner son téléphone. Résultat de courses, on a donné le pouvoir au consommateur de contrôler, au moment de l’achat, si son téléphone a été dédouané ou non. Le revendeur c’est-à-dire l’importateur, est tenu de dire au consommateur que l’appareil qu’il vend est dédouané. En ce moment, il n’y a aucun problème, il introduit juste sa puce, il n’a aucun droit à payer. Mais si le revendeur dit que le téléphone n’est pas dédouané, le consommateur est conscient qu’il va supporter les droits de douane. Du coup, le prix du téléphone va baisser parce que la concurrence sera désormais loyale.

Lire aussi :Colloque sur le Fcfa en zone Cemac : un pétard mouillé

Le consommateur est donc l’heureux bénéficiaire de cette taxe ?

Les consommateurs sérieux vont refuser d’acheter les téléphones non dédouanés, parce qu’ils ne maîtrisent pas le prix du téléphone quand il sort de l’usine. Ils préfèreraient donc acheter les téléphones dédouanés, comme par le passé, parce que tous les téléphones qu’on achète depuis sont des téléphones dédouanés. On ne s’était juste pas rendu compte qu’on payait les droits de douane. Ce n’est pas nouveau. C’est simplement une politique fiscale qui va amener les Camerounais à tous être égaux devant l’impôt, à être les patrons de leurs consommations. Cette politique fiscale va amener les importateurs à être des citoyens sérieux, sinon ils ne vendront plus aux consommateurs sérieux, des téléphones importés non dédouanés, c’est-à-dire des téléphones de contrebande. L’Etat a donné le pouvoir au consommateur désormais de décider ce qu’il va consommer.

L’autre problématique c’est le paiement de ladite taxe par le crédit de téléphone…

Oui, le crédit de téléphone est de l’argent pur et dur. Quand je charge mon téléphone à 10.000Fcfa, tant que je n’ai pas consommé, c’est de l’argent parce que je peux le revendre à une call-boxeuse à 9.500 Fcfa. Vous voyez que c’est de l’argent. L’Etat dit que c’est de l’argent, car il n’entre dans le chiffre d’affaires de l’opérateur de téléphonie mobile qu’une fois consommé, sinon c’est un produit en attente, et donc de l’argent frais. L’Etat décide donc de faire son prélèvement à ce niveau. Ça s’appelle, l’exercice de la souveraineté fiscale, et l’Etat a parfaitement ce droit. Et une fois de plus, cela n’est possible que lorsque le téléphone n’a pas été dédouané. Quand il l’a été, il n’y a pas de problème. Maintenant le dernier problème soulevé est celui de la plateforme. Qui va gérer la plateforme ? C’est à ce niveau que je ne comprends pas les Camerounais. On nous dit que c’est un Camerounais qui va gérer la plateforme et tout le monde s’indigne. Vous oubliez que Bolloré a géré le Port de Douala, on ne s’est pas fâché. C’était l’argent du Cameroun. La Sgs a géré la douane, personne n’a bronché. Mais quand un Camerounais doit gérer quelque chose, on râle, on parle de données personnelles. Mais y a-t-il données plus personnelles que celles contenues sur la pièce d’identité, sur le passeport ? Pourtant le passeport est géré par les Allemands, la carte nationale d’identité camerounaise est gérée par les Français. Que l’on nous fiche la paix avec ce faux problème.

Entretien avec Valgadine TONGA

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