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Politique culturelle : vers la fin des spectacles vivants au Cameroun

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Le ministre Bidoung Mkpatt exigent des entrepreneurs de spectacles plusieurs millions Fcfa pour l’obtention des licences d’entrepreneurs de spectacles. Les acteurs du secteur crient à l’asphyxie, surtout en ce temps de crise.

Dans l’effervescence du Championnat d’Afrique des nations de football, (Total Chan Cameroun 2020), le ministre des Arts et de la Culture, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt a profité pour faire passer en douce la décision n°000/Minac du 21 janvier 2021 portant modification de la décision n° 0194 du 26 octobre 2019 fixant les montants dus au titre de délivrance des licences d’entrepreneurs de spectacles vivants. La décision est passée inaperçue au sein de l’opinion publique. Les montants fixés par cette décision composée de quatre articles sont : 2.000.000 Fcfa pour la catégorie 1 qui sont les exploitants des lieux de spectacles ; 4.000.000 Fcfa pour les producteurs de spectacles et entrepreneurs des tournées classés dans la catégorie 2 ; enfin 2.000.000 Fcfa pour la dernière catégorie, les diffuseurs de spectacles.

Sceller nos funérailles

Seulement, depuis sa publication, cette décision prise de manière unilatérale par le Minac est vivement contestée par les acteurs de ce secteur d’activités. Ils interrogent l’opportunité de cette autre texte pris en pleine crise sanitaire de covid-19 qui paralyse depuis deux ans l’industrie du spectacle et de l’événementiel. «Le 21 janvier 2021, le Minac a rendu publique une décision régulant l’organisation des spectacles. Le contenu de cette décision pose problème parce qu’on n’a pas tenu compte du contexte marqué par cette crise sanitaire mondiale qui a négativement impacté le secteur culturel. Dans d’autres pays, les gouvernements ont pris des mesures d’accompagnements pour soutenir les entrepreneurs culturels et les artistes. Ce qui n’est pas le cas chez nous. Nous comprenons que chaque pays a ses ressources et sa politique. Mais c’est à ce moment que le Minac prend cette décision demandant à tous les différents acteurs de la chaine de l’organisation des spectacles de payer une licence», déplore Patrice Josué Essoh Mbella, entrepreneur de spectacle. « L’idée n’est pas mauvaise dans le sens où il vise à réguler l’activité. Nous ne sommes pas contre cela. Mais ce sont les contours de la décision qui posent problème. Parce que non seulement, la crise sanitaire est en train de tuer l’économie culturelle, mais cette décision vient sceller nos funérailles. Est-ce qu’au regard du contexte de la crise sanitaire, cette décision est opportune ? C’est la question qu’on se pose. Maintenant, l’Etat a certainement besoin des ressources pour poursuivre sa politique. Nous ne sommes pas contre. Mais lorsqu’on demande aux gens qui ne tournent pas, qui ne sont pas en activité depuis deux ans des montants aussi exorbitants, c’est tuer notre activité », désapprouve-t-il.

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Les opérateurs soutiennent d’ailleurs que les montants exigés par le ministre Bidoung Mkpatt ne répondent à aucune logique économique. « Non seulement les montants qu’ils demandent sont exorbitants, deux millions pour l’exploitant de la salle, quatre millions pour le producteur de spectacle, deux millions pour le diffuseur. Ces montants, je le redis sont exorbitants parce qu’au Cameroun, quand on organise un spectacle, on est obligé d’être à la fois producteur et diffuseur. Quatre millions plus deux millions, cela fait six millions à payer tous les deux ans. Ce qui fait 250.000 Fcfa à verser tous les mois pendant deux ans. Il y a quelle activité au Cameroun, dont le chiffre d’affaire peut vous permettre de dégager dans votre bénéfice 250.000 Fcfa pour mettre dans un compte ? À quoi va d’ailleurs servir ce compte. Personne ne nous l’explique», fulmine Houajié Nkouonkam, organisateur de spectacle.

Les opérateurs de téléphonie mobile en concurrents

Autre pomme de discorde, c’est la définition des activités. « Le premier souci de cette décision est la définition des activités. La loi de 2004 régissant les spectacles stipule par exemple qu’un entrepreneur de spectacles est soit un exploitant d’un lieu aménagé pour le spectacle, on précise bien lieu aménagée pour le spectacle vivant, soit un producteur de spectacle vivant, soit un diffuseur de spectacle vivant, dans le cas d’espèce il s’agit de ceux qui mettent à disposition le spectacle au public. Ce sont des gens qui s’occupent de la billetterie, de la publicité et qui s’assurent que le spectacle se tient. Tandis que le producteur, c’est celui qui crée le spectacle et l’exploitant est celui qui dispose de la salle dans laquelle on va diffuser le spectacle. Or lorsqu’on prend la décision de janvier qui n’a que quatre articles, dès le premier article, on parle d’exploitant de salle de spectacle, on met entre parenthèse snacks; un snack n’est pas un lieu aménagé pour les spectacles vivants. Le spectacle vivant est différent du spectacle enregistré », explique Houajié Nkouonkam.

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«Un autre point d’achoppement, c’est quand ils désignent les opérateurs de téléphonie mobile et les chaines de télévision comme étant des diffuseurs. C’est un double scandale. Le premier scandale est qu’ils assimilent les diffuseurs audiovisuels aux diffuseurs artistiques. On parle de diffusion quand il y a un spectateur et il y a un spectacle en face de lui qui est vivant. Alors que lorsqu’on diffuse déjà un spectacle vivant à travers les canaux de la communication, c’est une diffusion audiovisuelle. C’est n’est plus la même chose», ponctue Houajié Nkouonkam. Et d’argumenter : «C’est un programme enregistré, ce n’est plus la même chose. Deuxième chose, ils donnent la possibilité aux opérateurs de téléphonie mobile d’être titulaire d’une licence d’entrepreneur de spectacle. Je rappelle que cette licence est une licence d’entrepreneur de spectacle, catégorie diffuseur de spectacle. À partir du moment où nos sponsors, nos partenaires économiques deviennent nos concurrents, cela veut dire qu’on veut tuer notre activité. Ils ne se rendent pas compte».

Les professionnels de l’industrie du spectacle et de l’événementiel n’entendent pas rester les bras croisés. Ils se sont retrouvés lundi, 29 mars dernier à l’effet d’accorder leur violon dans l’optique de rencontrer le ministre. Objectif, faire entendre raison au patron de la culture. Ces derniers proposent de trouver « le juste milieu qui consiste en ce que, en début d’exercice, lorsque l’entrepreneur de spectacle renouvelle son dossier fiscal, il paye aussi sa licence au prorata de son volume d’affaires».

Blanchard BIHEL

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