Sous un ciel chargé d’histoires, le Canton Malimba d’Édéa a vibré au rythme du Ngondo le samedi 13 septembre dernier. Cette première caravane sacrée, placée sous le regard des ancêtres, a connu la présence du ministre des Transports.
Sous un ciel gris et capricieux, Édéa a vécu, ce samedi 13 septembre 2025, une journée que l’histoire retiendra. Pour la première fois, le Ngondo, grande assemblée du peuple Sawa, a foulé la terre du canton Malimba, transformant la place des fêtes en une véritable cour royale. Une myriade de fils et filles Malimba, venus de toutes les régions du Cameroun, ont convergé vers cet écrin de traditions pour renouer avec leurs racines ancestrales.
Sous les vastes chapiteaux disposés en fer, les armoiries monumentales des chefferies Sawa se dressaient comme des sentinelles veillant sur la mémoire collective, tandis que tam-tams, balafons et chants Mulimba se mêlaient aux mélodies modernes des enfants de Ilimbè. Mulimba Moto mò, Mulimba Bwambo bô, Mulimba Bwemba bô, véritable cri de guerre de ce peuple, revenait a chaque fois comme une circonvolution. Sous un ciel d’histoire et de mémoire, l’air vibrait d’une polyphonie saisissante, symbole d’une culture vivante où passé et présent dialoguent sans heurts.
À onze heures trente précises, l’entrée solennelle du collège des Chefs du Ngond’a Sawa, conduit par Sa Majesté Mbappe Bwanga, a soulevé une salve d’ovations et de youyous. Une cérémonie saluée par la présence du ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè, et le préfet de la Sanaga-Maritime, donnant à l’événement une dimension institutionnelle et historique. « C’est la première fois que le Ngondo vient faire sa caravane dans le canton Malimba. Nous sommes très agréablement surpris de voir une population bien mobilisée et heureuse de nous recevoir. C’est précisément ce que le Ngondo prône aujourd’hui. Ja Jongwanele Ô Kotome. Nous retrouver tous ensemble et partager quelque chose. Je suis content que le peuple Malimba ait partagé avec nous cette première. Je pense que nous allons continuer cela », a déclaré Sa Majesté Mbappe Bwanga, président en exercice du Ngondo.
Malimba fait revivre la mémoire
La cérémonie s’est ouverte par une démonstration éclatante de l’héritage culturel Malimba. Le public a été transporté dans un voyage au cœur des traditions grâce aux performances des groupes de danses et à Teddy Dikongue, qui a ressuscité le Jaba’a, une danse des ancêtres. Ce moment de grâce a ravivé une mémoire enfouie, rappelant aux jeunes générations la profondeur de leur identité. Dans cet esprit de partage et de fraternité, des cadeaux symboliques ont été remis à des personnalités et communautés invitées, geste d’hospitalité et de reconnaissance typique des peuples Sawa.
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La phase protocolaire a pris une dimension historique lorsque fut présentée, pour la première fois en caravane, le diplôme classant officiellement le Ngondo au patrimoine immatériel de l’humanité, après sa remise le 5 juillet dernier. Ce parchemin, exposé devant la communauté, a conféré à la halte de Malimba une portée mémorielle particulière. Prenant la parole, Sa Majesté Mbappe Bwanga a lancé un appel ferme : « Nous n’accepterons pas que quiconque vienne semer le désordre chez nous. Le Sawa reste une terre de paix, et nous sommes prêts à barrer la route aux artisans du chaos. »
Le pacte d’unité
La cérémonie fut rythmée par des compétitions captivantes. La présélection de Miss Ngondo 2025 a couronné la jeune Ebisse Mwanja Marie Abigail Idelette, 23 ans, élue Miss Malimba. Dans les épreuves sportives, le Molongo duta bôlô (tir à la corde) a vu triompher Malimba 2, tandis que la lutte traditionnelle a offert des duels épiques : Jombe Mbenga (Malimba Farm) a vaincu Elimbi Raymond (Malimba Gare) en poids léger ; N. Valentin (Malimba Farm) s’est imposé face à P. Marcel (village Ekitè) en poids lourd ; et un jeune lutteur de Malimba 1 a brillé chez les minimes.
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La cérémonie s’est conclue par la remise des prix aux lauréats, qualifiés pour le grand festival Ngondo de décembre prochain. Sa Majesté Eugène Jacques Matanda, chef supérieur du canton Malimba, a confié avec émotion : « Je crois avoir reçu la bénédiction de mes ancêtres. La pluie ne nous a pas épargnés, mais elle s’est arrêtée au moment crucial. Pour une première expérience, le canton Malimba a réussi. » Le ministre Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè a salué « une action culturelle qui honore la tradition Sawa et renforce la solidarité entre cantons. »
Cette journée festive, riche en symboles et en fraternité, inscrit le canton Malimba dans la mémoire collective du peuple Sawa. Elle confirme le Ngondo comme un pilier vivant de l’unité, de la cohésion et de la transmission culturelle, témoin immuable du lien sacré entre les générations.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA