Les bourreaux de Amidou Nguidou courent toujours après leur forfait le lundi 5 décembre 2016. La police judiciaire poursuit ses investigations.
La communauté malienne de Makéa (Douala 2e) est sous le choc. Elle porte le deuil de l’un de ses membres. Le lundi 5 décembre 2016 aux environs de 9h, le nommé Amidou Nguidou, alias « Mohammed Kassabara » est retrouvé pendu dans sa chambre. Jusqu’à cet après-midi du vendredi 9 décembre, ses compatriotes se remettent difficilement de ce cauchemar. Ils ont failli avaler la thèse d’un suicide au début, mais les premiers résultats de l’enquête révèlent le contraire. La police judiciaire du troisième arrondissement, alertée, avait récupéré le corps pour besoin d’enquête. Une autopsie faite dessus, démontre clairement qu’Amidou Nguidou a tout simplement été assassiné, avant d’être accroché dans sa chambre.
Ses bourreaux ont voulu laisser les traces d’une pendaison volontaire. Mais tous les indices démontrant l’assassinat ont été détectés. « Après avoir appris sa mort, je me suis rendu sur les lieux du drame. J’ai bien regardé le corps de mon frère. On m’a dit qu’il s’est pendu, mais je n’y crois pas. J’ai trouvé cet argument insoutenable. Je ne suis pas d’accord de la façon dont il est mort », vocifère Keita Sadio, indigné. Le président du foyer des Maliens de Makéa pense que si son compatriote s’est réellement donné la mort par pendaison, « on devait au moins retrouver des urines et des selles sur lui ». Rien de tout cela n’a été perçu sur la victime. Plus loin, une source du quartier rapporte qu’il « a été frappé à la nuque, aux pieds et aux côtes, avant d’être attaché au cou à l’aide d’une corde». Autant d’éléments que la police judiciaire étudie minutieusement.
Le rendez-vous des gangsters
Le corps d’Amidou Nguidou a été remis à sa famille le 8 décembre 2016 pour être enterré au cimetière du Bois de singes. A la veille de la remise de sa dépouille à sa communauté, la police a opéré une rafle générale très tard dans la nuit à Makéa. Plusieurs personnes ont été arrêtées au cours de cette action. Mais rien ne laisse croire qu’elles font partie de ceux qui ont commis ce crime crapuleux. Toutefois, les enquêteurs ont rassuré à la communauté malienne que toute la lumière sera faite autour de cette affaire. Cet assassinat survient à la veille des fêtes de fin d’année. En cette période précise de chaque année, l’insécurité refait surplace dans plusieurs quartiers de Douala.
A Makéa, par exemple, les gangsters opèrent, dépouillent et massacrent parfois leurs victimes, sans état d’âme. « Le monsieur malien tué récemment avait touché une cotisation et comptait payer son loyer et envoyer une partie de l’argent dans son village ( Mali) », apprend-on dans le quartier. Ce bidonville, habité par plus d’une dizaine de communautés étrangères, fait partie des coins les plus redoutés de la capitale économique camerounaise. Des cargaisons de chanvre indien, des tubes de cocaïne et des armes à feu y sont constamment saisies. Le grand banditisme se calme par saison, avant de revenir au galop.
Didier NDENGUE