Déterminés depuis novembre 2018 à évincer le président de la Lfpc au motif de sa gestion vertement contestée, ces dirigeants de clubs qui ont boycotté le coup d’envoi de la saison le 26 janvier dernier, ont curieusement décidé de faire bloc derrière le général d’Armée lors de l’assemblée générale du 28 février dernier à Yaoundé.
Il y a un mois, ils ne juraient qu’au départ sans concessions de Pierre Semengue. Dans un élan collectif où même les pires ennemis avaient réussi à s’accorder sur ce dessein macabre, ces présidents de clubs réunis au sein du Syndicat des clubs d’élite (Sycec), étaient même aller jusqu’à bloquer le démarrage des championnats cette saison, humiliant au passage l’ancien chef militaire qui a anéanti les velléités de centaines de milliers d’indépendantistes qui se battaient contre la France pour récupérer leur pays. En acculant le général d’Armée dont ils faisaient le procès de sa gestion et de son management taxés de controversés, ils étaient à un doigt de le débarquer au cours d’une Assemblée générale ordinaire qu’ils appelaient de tous les vœux. On s’attendait alors à ce que les travaux du 28 février dernier accouchent des résolutions fortes parmi lesquelles l’amenuisement des pouvoirs de l’emblématique soldat formé au Saint Cyr. Que non ! La fameuse Ag tant attendue, tant redoutée et tant querellée, n’a été qu’une simple formalité, un rendez-vous de copains et de coquins venus adouber l’indétrônable général au regard des enseignements à en retenir. Lire aussi :Football professionnel : comment les clubs ont humilié Pierre Semengue
Les joueurs croupissent dans la misère
Ce sont en tout, 12 résolutions qui ont été prises au cours de ce conclave qui n’avait au final rien d’un tsunami dans la gestion de la Lfpc comme annoncé. Au nom de la préservation de l’intérêt du football, les factions en conflit d’hier, ont fumé le calumet de la paix et enterrer la hache de guerre. Accusé de percevoir un salaire faramineux et des avantages princiers, Pierre Semengue se voit accorder une enveloppe mensuelle de 2 millions de Fcfa. Ce qui n’était encore qu’une rumeur, est désormais officielle. Le patron de l’institution et ses collaborateurs vont continuer de mener un train de vie confortable pendant que les joueurs vont éternellement croupir dans la misère comme l’a révélé le dernier rapport du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc). Difficile d’avaler cette pilule amère lorsqu’on sait que dans ce pays où le début du championnat a été retardé de plus de cinq mois en partie à cause du manque de fonds pour lancer les hostilités. Pire, ce salaire, massif par rapport à ce que la Lfpc rapporte, est inapproprié surtout en ces périodes où non seulement les joueurs ne vivent pas de leur art, mais les frais pour mettre en mission les arbitres, les commissaires font défaut. Lire aussi :Professionnalisation : le coup franc direct du Synafoc
Comité de visa budgétaire
Autre résolution importante, l’Ag a décidé «à l’unanimité de la création d’un Comité de visa budgétaire chargé de viser et d’autoriser les dépenses avant l’établissement des chèques, pour des montants supérieurs à 500 000 Fcfa. Ledit Comité est composé de messieurs Kome Max et de Yong Jacques, administrateurs respectivement», lit-on dans le communiqué final qui sanctionne les travaux. Une autre farce pour couvrir la gabegie dont est sujet l’instance depuis sa création. Alors que les présidents de clubs soutiennent que cette résolution vise à contrôler et réduire la marge de manœuvre de Semengue, on y voit plutôt une autre invention pour encourager le gaspillage et la mauvaise gestion des fonds. N’est-ce pas donc une espèce de deal entre les frondeurs d’hier et leur supposé ennemi ? Pendant ce temps, les clubs des championnats professionnels qui ont l’obligation de se conformer aux dispositions de l’article 4 du règlement des compétitions tel qu’adopté par son Conseil d’administration depuis 2013 sur la transformation des clubs professionnels en société commerciale, jouent au chat et à la souris.
Ne voulant pas se conformer à cette exigence qui obligeraient les dirigeants des clubs à se soumettre aux normes de gestion financière et administrative modernes ; notamment, la transparence dans la gestion, la certification des comptes,…dans un univers où ils on été habitués à l’opacité et à ne pas rendre compte comme c’est le cas avec les subventions perçues lors de la première saison professionnelle 2012. Ils sont allés au clash, on continue de distraire les amateurs du football camerounais avec un professionnalisme décrété. Shame !
Daniel NDING