
Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 novembre 2016, un groupe de jeunes gens, encadrés par certains ‘‘ba Mbombog’’, ont définitivement déboulonné la croix de l’église catholique qui trônait sur la grotte sacrée du peuple Bassa, ainsi que la statue de Marie qui s’y trouvait. Un acte héroïque qui libère ce peuple et lui permet de se réconcilier avec ses ancêtres. En date du 29 novembre 2016, une sommation par exploit d’huissier a été servie à Mgr Jean Bosco Ntep, territorialement compétent pour signifier que, les ba Mbombog n’accepteront plus que leur lieu saint soit ni profané ni souillé par qui que ce soit. Et comme il représente l’église catholique romaine, une autre tentative d’y placer leurs objets, sera considérée comme une récidive ; c’est – à – dire énième provocation que les ba Mbombog réprimanderont avec la dernière énergie.
Ils sont au nombre de cinq, Njamka Clément, Liiga David, Mbom Phiippe, Njon Paul, Mbélé Fidèle auxquels nous ajoutons le chauffeur accompagnateur Nsegbe Daniel. Leurs noms sont devenus des symboles de courage comme l’est encore en moment le footballeur Rigobert Song Bahanag. Ils honorent non seulement le peuple camerounais, mais aussi et surtout, tous les opprimés du monde noir que les églises importées ont assujettis à des croyances qui ne cessent de les perdre car semant la mort et la désolation. Certains ne s’en rendent pas compte. Cheik Anta Diop l’avait compris très tôt quand il affirmait que : « l’impérialisme, comme chasseur de la préhistoire, tue d’abord spirituellement l’être avant de chercher à l’éliminer physiquement ». Telle est le mode opératoire de l’église catholique.
La voie du Salut s’ouvre enfin
Le dernier festival Mbog Liaa qui s’est tenu en juillet 2016 à Douala, n’avait pas réussi à trancher le problème des vestiges de l’église catholique sur la grotte sacrée Ngog Lituba. Ce lieu hautement significatif pour la tradition Bassa, doit être considéré comme le Vatican pour les catholiques ou la Mecque pour les musulmans. Certains ba Mbombog ont même eu la sordide idée de vouloir faire adopter que le Say Mbog (bénédictions par les ba Mbombog) soit fait avant toutes les réunions et autres manifestations et laisser les églises procéder à la bénédiction finale, symbole de couronnement pour montrer leur prééminence sur les indigènes que nous sommes. Heureusement que cela a été botté en touche. Car en effet, les filles et fils tous aussi sortis de Ngog Lituba et qui sont des adeptes de l’Islam, du Bouddhisme, etc…ne pouvaient plus s’y rendre pour se ressourcer car ne pouvant le faire avec la croix majestueusement perchée sur la grotte et la statue de Marie minutieusement plantée en bas. Embarrassés qu’ils étaient parce qu’ils souhaitent toujours un consensus avant toute prise de décision, les ba Mbombog n’arrivaient toujours pas à trancher. Cela durait depuis environ 60 ans.
Maintenant c’est fini ! Tout est tombé ! Et la croix et la statue de Marie. Ne vous fiez plus aux larmes de crocodile versées par certains adeptes de l’église catholique, fussent – ils prêtres ou évêques. Les 27 et 28 janvier 2017, les ba Mbombog vont y procéder aux cérémonies de purification, symbole de la possession effective de notre grotte. Tous les enfants qui ont des liens généalogiques avec Ngog Lituba, pourront alors y aller se recueillir, se ressourcer, bref parler avec leurs ancêtres. Il est important pour eux de savoir que Ngog Lituba n’est pas simplement un lieu de tourisme. Il est surtout un lieu sacré et saint. S’y rendre nécessite une préparation spirituelle adéquate pour rentrer avec toutes les bénédictions. Les ba Mbombog y organiseront régulièrement des cérémonies de retraites spirituelles et aviseront à temps réels pour permettre à tous les enfants de se mettre en condition.
« Tu connaîtras la Vérité et la Vérité t’affranchira »
Comme si elle avait un compte à régler avec le peuple Bassa et les nationalistes camerounais, l’église catholique charge Mgr Thomas Mongo d’éliminer Um Nyobè d’une part et d’autre part Albert Ndongmo pour faire de même pour Ernest Ouandié. Nous y reviendrons à temps opportun.
Le 29 août 1957, Pierre Messmer et Mgr Thomas Mongo s’entendent pour que ce dernier demande un rendez –vous à « son frère Um pour la détente politique du Cameroun ». Un piège. Um Nyobè accepte. La rencontre a lieu le 1er octobre sous maquis. Il est décidé de tenir secret et le lieu et le contenu de la rencontre. Le 03 octobre, soit deux jours seulement plus tard, Thomas Mongo dévoile tout en plein marché de BotMakak. Les hélicoptères commencent alors à sillonner toute la zone, le maquis de Mpodol est repéré et détruit. Mpodol et son petit groupe errent dans la forêt pendant un an. Il est surtout harcelé par Mayi ma Matip, agent de Mgr Thomas Mongo et de l’administration coloniale infiltré dans les rangs des nationalistes, ne cesse de dire à Um de rallier l’administration française. Mpodol refuse.
Après sa mort officielle le 13 septembre 1958, Mgr Mongo émet l’idée de prendre possession de Ngog Lituba afin de neutraliser mystiquement le peuple Bassa. Avec le soutien des administrations coloniale et néocoloniale, il réussit à fixer cette croix qui a été déboulonnée le 11 novembre dernier. Mais aussi et surtout, croyant avoir pris possession des pouvoirs mystiques de la grotte des Bassa, Mgr Bonneau va y entrer pour découvrir les vrais secrets. Quand il en sort, il ne prononcera plus jamais un mot de sa bouche. Qu’a-t-il vu à l’intérieur ? Personne ne peut le dire.
Mgr Jean Bosco Ntep donne deux informations d’une portée gravissime. Premièrement que Mgr Thomas Mongo était inspiré par l’Esprit Saint. On est en droit de tirer la conclusion suivante : c’est donc cet Esprit Saint qui l’a amené à participer à l’assassinat de Um Nyobè. Deuxième incongruité dans les propos de l’évêque du diocèse d’Edéa, ce dernier affirme que les commanditaires de cet acte ne viennent ni de la Sanaga Maritime, encore moins du canton qui abrite la grotte sacrée. On peut bien lui retourner lesdits propos en lui posant la question de savoir, lui qui est originaire de Bondjock dans le Nyong et Kéllé, que fait – il en Sanaga Maritime où il n’est pas originaire ?
Les ba Mbombog quant à eux, ils y entrent et en sortent sans risque. Et il en sera ainsi tous les temps.
Mbombog Mbengan Nkaînjé