Mon frère, ce qui vient de se passer à l’aéroport de Bangui ne va pas arranger l’image de la France en République Centrafricaine. Ça me wanda mais je vais d’abord te relater les faits.
Nous sommes le lundi 21 février 2022. Il est 17h20. Le vol ASKY qui ramène le président Faustin-Archange Touadéra se pose sur le tarmac de l’aéroport Bangui Mpoko. Il arrive de Bruxelles, via la ville camerounaise de Douala. Les véhicules du cortège présidentiel sont positionnés. Les éléments de la sécurité présidentielle installent le président à bord de son véhicule de commandement. Soudain, un soldat centrafricain remarque la présence suspecte d’un véhicule blindé V8 de la même marque que celui du chef de l’Etat centrafricain. De surcroît, le véhicule est positionné juste derrière celui du président de la République. L’alerte est immédiatement donnée. Le véhicule suspect est immédiatement encerclé.
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Dans un premier temps, ses deux occupants refusent d’obtempérer quand il leur est demandé de descendre de la voiture. Ils finissent par s’exécuter face à l’insistance et aux armes des soldats centrafricains. La fouille du véhicule met au jour un arsenal militaire impressionnant. Notamment une caméra infrarouge, avec une loupe de précision connectée par Bluetooth, qui filmait le président centrafricain depuis sa descente d’avion, des fumigènes, des armes. Deux snipers, postés du côté de la base militaire française de Mpoko, sont également neutralisés. Les quatre éléments interceptés sont en possession de documents de la Minusca, avec des noms d’emprunt russes, des talkies walkies, ainsi que de tenues militaires avec le drapeau français.
Les premiers éléments de l’enquête établissent que les quatre individus interpellés sont des légionnaires français. Avaient-ils pour mission d’assassiner le président Touadéra ? Certains Centrafricains en semblent convaincus. Et ils l’affirment avec d’autant plus de conviction sur les réseaux sociaux que leur président a déjà échappé à plusieurs tentatives d’assassinat depuis son accession au pouvoir, et qu’un vent de coups d’Etat venu d’Afrique de l’Ouest souffle actuellement sur le continent. On dirait que le père-là a la peau de caïman.
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Quant aux autorités françaises, voici leur part de vérité : «L’équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d’état-major de la Minusca, composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi à l’aéroport de Bangui. Ces quatre officiers de sécurité escortaient le chef d’état-major de la Minusca pour prendre le vol Air France, avec leur matériel professionnel. L’ambassade de France regrette vivement cet incident. Elle condamne son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants, et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu». En clair, la France nous dit que le chef d’état-major de la Minusca allait prendre son vol au moment même où celui du président centrafricain se posait, et que ce chef d’état-major ainsi que son staff se trouvaient à l’aéroport, en ignorant que l’avion du chef de l’Etat centrafricain était sur le point de se poser, au point de positionner sa voiture juste derrière celle du président de la République. Dont acte.
Dans son communiqué, la France reconnaît que les individus interpellés sont des légionnaires français. Cependant, elle ne nous explique pas pourquoi ces légionnaires français avaient des noms d’emprunt russes. Soit la France nous prend pour des cons finis, soit c’est la France elle-même qui est conne finie. Parce que ce que les gars viennent de sortir comme mobile-là, je parie que eux-mêmes n’y croient pas. Les faits sont sacrés, et le commentaire libre. Par naïveté, ou par négligence, trop de chefs d’Etat ou de gouvernement ont déjà été assassinés, sans que les commanditaires de ces crimes soient punis : Patrice Lumumba, Sylvanus Olympio, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, Bernardo Vieira, Idriss Déby Itno, Laurent-Désiré Kabila… La coupe est pleine. Et, comme on dit au Cameroun, « on a le sens » maintenant.
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Ce qui me wanda dans cette affaire, encore une fois, c’est que la France a tellement de chats à fouetter : le chômage, les problèmes des retraités, le pass vaccinal et la défiance qu’il suscite au sein d’une frange de la population, le dossier ukrainien… Est-ce que je serais taxé d’alimenter le sentiment anti-français si je leur conseille de regarder dans leur assiette, plutôt que dans celle des Centrafricains, ou des Maliens ? La Centrafrique et l’Afrique ne demandent qu’une seule chose. Laissez-nous fouetter nos chats en paix. Attention, façon de parler. Il n’y a pas écrit Kurt Zouma sur nos fronts. On s’est compris ou pas ? Ya foye !
Valgadine TONGA