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AccueilInscriptions électorales : L’impossible mission d’Elecam en 2019

Inscriptions électorales : L’impossible mission d’Elecam en 2019

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Le Directeur de l’organe en charge des élections au Cameroun s’est fixé un objectif de 10 millions d’inscrits cette année. Mais il a contre lui les mauvaises pratiques et les textes.

Depuis le 02 janvier 2019, les listes électorales sont rouvertes, comme le recommande l’article 74 alinéa 2 du Code électoral, qui précise que « la révision annuelle des listes électorales commence le 1er janvier et s’achève le 31 août de chaque année. » le premier janvier étant un jour non ouvrable, le début de l’opération est toujours reporté de manière automatique au lendemain. A cet effet, Les agences d’Election’s Cameroon ont ouvert leurs portes à cette date, pour entre autres opérations, procéder à ces inscriptions. Les derniers chiffres publiés par cet organe avant l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 étaient de 6.593.900 inscrits, et il se fixe en cette année 2019, l’objectif de 10 millions d’inscrits sur le fichier. Objectif précisé sur les antennes de la radio nationale par le directeur général de l’organe Erik Essousse qui faisait le tour de quelques antennes à Yaoundé le 2 janvier à l’occasion du lancement des opérations. Ce dernier avait notamment demandé à ses collaborateurs de faire bon usage du nouveau matériel reçu.
Objectif irréaliste ?

Ce sont les chiffres rendus public dans la nuit du jeudi, 4 octobre 2018 par le Directeur général des élections lors d'un point de presse, dont l'objet a consisté à faire le l'état des préparatifs de cette échéance électorale
Erik Essousse, DG d’Elecam.

Dans le cadre de l’amélioration du travail de cet organe, la loi de Finances adoptée par l’assemblée nationale et promulguée par le Président de la République le 16 décembre 2018 prévoit un montant de 75.000.000 frs pour l’acquisition des kits d’enrôlement et la maintenance. Soit 25.000.000 frs pour l’acquisition des tablettes biométriques et 50.000.000 frs pour les kits d’enrôlement biométriques, en plus d’un équipement d’énergie pour un montant de 25.000.000 frs. De quoi palier en principe les insuffisances opérationnelles relevées les années précédentes.
L’objectif de 10 millions d’inscrits que s’est fixé Elecam pour cette année est un véritable challenge, et si le vœu de tous est que ce chiffre soit atteint, l’on se demande bien comment on va y arriver, au regard des performances antérieures et des blocages des textes. Sur les trois années antérieures, Elecam n’a pas en effet franchi le cap de plus de 600 000 inscrits par an. En 2016, l’organe avait officiellement inscrit 510 362 électeurs, 403 069 électeurs en 2017 et le 22 juin 2018 il annonçait avoir inscrit 324 463 électeurs depuis le 02 janvier de cette année. Ce chiffre n’a pas finalement atteint 400 000 à la clôture des inscriptions le 31 août. Le fichier national pointe donc à ce jour un chiffre qui se situe en deçà de 6.700 000, et prévoir de remonter à 10 millions à la clôture des inscriptions cette année, c’est dire qu’il va inscrire au moins 3 400 000 nouveaux électeurs en 2019. Et comment ?
Balbutiement et obsolescence des textes
La question est d’autant plus pertinente qu’au lancement de cette opération cette année, il est déjà noté une insuffisance dans l’application des textes, qui constituent d’ailleurs un premier blocage. Dans la région du Littoral, d’après le communiqué signé par Emmanuel Koa Dika, Directeur régional d’Election’s Cameroon, les Camerounais ayant 20 ans révolus devront se rapprocher de l’antenne Elecam le plus proche de leurs lieux de résidence munis de leur carte nationale, afin de se faire inscrire. Ce communiqué oublie de préciser que les personnes âgées de 20 ans ne sont pas les seules concernées. L’article 46 alinéa 2 du code électorale prévoit en effet que « peuvent également être inscrits sur la liste électorale, les citoyens qui, ne remplissant pas les conditions d’âge ou de résidence requises lors de la révision des listes, les rempliront avant la clôture définitive des inscriptions ou le cas échéant le jour du scrutin. »
D’après cette disposition, les jeunes âgés de 19 ans et deux mois à ce jour peuvent valablement s’inscrire, étant entendu qu’au 31 août date de clôture des inscriptions, ils auront les 20 ans pour voter. Et si la date exacte des élections municipales et législatives prévues cette année était connue, et se situait avant le 31 août, les jeunes qui auront atteint 20 ans à cette date devront aussi s’inscrire sans problème. Il va sans dire que les Camerounais qui se retrouvent dans cette tranche d’âge constituent un important vivier électoral, et omettre de les intégrer dans la stratégie de mobilisation du nombre, et se fixer en même temps des objectifs ambitieux, semble incohérent. Déjà, la restriction imposée aux jeunes de moins de 20 ans par le code électoral a été contestée de tout temps, et échappe à toute logique. Un jeune ne peut être pénalement responsable à 18 ans, mais être interdit de participer au choix des élus, encore moins être candidat lui-même à une élection. Il est peut être utile de rappeler ici que Garga Haman Adji, un ancien ministre et personnalité importante du pays, a l’habitude de narguer la jeunesse en disant qu’il était déjà sous-préfet à 17 ans.
Promesse politique ?
Dans les pays voisins ou qui ont eu un niveau de développement semblable à celui du Cameroun à un moment donné comme le Brésil, les jeunes sont automatiquement inscrits sur les listes électorales dès 17 ans, et ceux qui le veulent peuvent déjà s’inscrire à 16 ans. Lever le verrou de la limitation d’âge serait un atout pour Elecam, ce qui pourra lui permettre de donner au Camerounais ses 10 millions d’électeurs. Et il suffit pour cela de convoquer l’Assemblée nationale pour relire le code électorale. Ajouté à cela une implication plus sérieuse du personnel dans la sensibilisation, personnel dont il faudra par ailleurs revoir le nombre à la hausse. Autrement on est en droit de se demander où est-ce qu’on ira chercher plus de 3 000 000 d’électeurs pour les inscrire, à moins de considérer que le discours du Directeur général n’est qu’un langage politique, qui n’engage généralement que ceux qui y croient.
Roland TSAPI

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